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Liban - Contraception

Un demi-siècle plus tard, la pilule révolutionne encore les sociétés

La décision prise par l'autorité américaine pour le médicament (FDA) en 1960 d'autoriser la pilule a révolutionné la vie de millions de femmes dans le monde, qui ont réussi au fil des ans à « s'approprier leur fécondité ». Cinquante ans plus tard, les avantages de la pilule sont tout autant loués.

La pilule contraceptive, considérée comme la percée scientifique majeure du siècle dernier, a séparé l’acte de plaisir de l’acte de procréer, permettant aux femmes de s’approprier leur corps. Photo dailymail.co.uk

9 mai 1960. Une date qui a révolutionné la société, marquant un tournant dans la vie de plusieurs millions de femmes au monde. En ce jour, la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis a donné le feu vert pour l'utilisation de la pilule contraceptive. Enovid, une pilule prescrite pour traiter les troubles menstruels, se voit attribuer ainsi une nouvelle utilité : la contraception.
Cinquante ans plus tard, « la pilule », considérée comme la plus grande percée scientifique du siècle dernier, reste tout autant appréciée par les femmes, dont une grande majorité a acquis au cours de ces cinq dernières décennies une maîtrise totale de son corps.
« La pilule est la meilleure invention au monde, insiste ainsi Roula, une jeune femme de 32 ans. Sur le plan personnel, elle nous a donné la possibilité de programmer notre vie, de poursuivre notre carrière et de décider du moment où nous voulons avoir un enfant. Sur le plan sexuel, elle nous a délivrées de la peur de tomber enceinte à tout moment. Il va sans dire que la pilule a changé la vie de millions de femmes dans le monde. »
« La pilule contraceptive est l'une des plus grandes révolutions de la science et du XXe siècle, parce qu'elle a séparé l'acte de plaisir de l'acte de procréer, permettant aux femmes de s'approprier leur corps et leur fécondité », insiste Marie-Thérèse Khair Badawi, professeur à l'Université Saint-Joseph et psychanalyste. « La pilule a permis aux femmes d'avoir des relations sexuelles, par plaisir », poursuit-elle. Et d'expliquer : « Le propre de la sexualité humaine c'est qu'elle peut se pratiquer tout le temps. Quand on veut la cantonner uniquement à la fécondation, on met l'être humain au même niveau que l'animal qui ne se reproduit que pour s'accoupler. Or dans la sexualité humaine, le désir existe à tout moment et le fait de ramener la sexualité à l'ordre du plaisir et de la séparer de la fécondation est profondément humain. Sur le plan éthique, je pense que le fait de donner cette dimension à l'acte sexuel est une grande valeur. En fait, il n'en devient que plus un acte d'amour à l'inverse de tout ce qu'on a pu penser au niveau de la morale étriquée. On a redonné à l'acte sexuel sa qualité humaine. »

Un acte libérateur
Plus de 63 millions de femmes dans le monde ont recours à la pilule, selon des chiffres publiés en 2008. Il n'en demeure pas moins que malgré la légalisation de ce moyen de contraception et la facilité de se le procurer, les études font état de plus de 80 millions de grossesses accidentelles par an, dont plus de 20 millions se terminent par un avortement. Au Liban, seules près de 13 % des femmes en âge de procréer ont recours à la pilule contre 24 % en Europe et plus de 25 % aux États-Unis.
« Très peu de femmes peuvent assumer l'appropriation de leur corps, du fait de la culpabilité qui y est liée, explique Marie-Thérèse Khair Badawi. Dans ce cas, les femmes pensent qu'elles n'ont pas le droit au plaisir ou à vivre leur sexualité et préfèrent par conséquent des actes beaucoup plus primitifs, comme l'avortement. Dans les mentalités traditionnelles, on accepte beaucoup plus un avortement, qui reste un acte grave, que la contraception, parce que l'avortement est un acte qui punit, alors que la pilule contraceptive libère. C'est un acte de très grande libération et très peu de personnes - hommes, femmes et couples - arrivent à le poser en tant que tel. »

Des idées préconçues
Au sentiment de culpabilité, s'ajoutent de nombreux mythes qui entourent toujours la pilule et qui limitent par conséquent le nombre des femmes qui y ont recours au Liban, selon de nombreux spécialistes. « Les femmes pensent à tort que la pilule inhibe le plaisir sexuel, favorise le cancer ou encore réduit la fertilité, explique le Dr Antoine Abou Moussa, gynécologue. D'un point de vue scientifique, nous savons qu'il s'agit d'idées préconçues. En fait, les effets de la pilule sont réversibles et ses bénéfices sont désormais démontrés. On sait que la prise de la pilule, même prolongée, n'empêche pas la survenue d'une grossesse après l'arrêt de la contraception. Il a de même été démontré que la pilule peut prévenir certains types de cancers comme celui des ovaires ou du col de l'utérus. »
« Au cours des cinquante dernières années, la femme a changé et la pilule - et les moyens de contraception - a évolué aussi de façon à mieux répondre à ses exigences », fait remarquer pour sa part le Dr Abdallah Adra, président de la Société libanaise d'obstétrique et de gynécologie. Les doses d'hormones contenues dans la pilule ont été ainsi considérablement diminuées, « sans aucune influence sur l'efficacité de la contraception et de façon à limiter l'incidence des effets secondaires de la pilule, les plus communs étant les maux de tête, les nausées, l'acné, la prise de poids et la douleur aux seins ». De plus, de nouveaux moyens de contraception ont vu le jour, comme le stérilet, le patch qui est remplacé toutes les semaines et récemment l'anneau contraceptif. Celui-ci est placé dans le vagin et doit être changé tous les mois.
Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes femmes au Liban réclament la pilule. Mais celle-ci ne doit pas être prise sans avis médical, sa prescription dépendant de plusieurs facteurs, comme l'âge de la femme, son mode de vie (tabagisme...), son poids... Donc, avant de se précipiter dans les pharmacies ou de suivre les conseils de la voisine, il faudrait penser à consulter son gynécologue.
9 mai 1960. Une date qui a révolutionné la société, marquant un tournant dans la vie de plusieurs millions de femmes au monde. En ce jour, la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis a donné le feu vert pour l'utilisation de la pilule contraceptive. Enovid, une pilule prescrite pour traiter les troubles menstruels, se voit attribuer ainsi une nouvelle utilité : la...

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