Deux lectures différentes sont données pour l'opération militaire menée par le Hezbollah contre les jihadistes de Fateh el-Cham dans le jurd de Ersal. Dans les milieux proches du parti de Hassan Nasrallah, on assure que l'offensive menée à Ersal était prévue depuis plus d'un an, et que le Hezb a profité de la guerre lancée en Irak contre le terrorisme pour « nettoyer », à son tour, le jurd de Ersal. Dans les mêmes milieux, on assure que l'opération militaire bénéficiait d'une couverture internationale et régionale, même si aucun État ne l'a soutenue publiquement et qu'elle ne répond qu'à un agenda local.
Les adversaires du Hezbollah contestent bien entendu cette lecture. Pour eux, ce sont des considérations éminemment régionales, liées principalement au rôle et à l'influence de l'Iran dans la région, qui ont motivé l'initiative su parti chiite.
Écarté par la Russie du front du Golan et empêché de contribuer au contrôle des secteurs où une désescalade a été prévue dans le nord et le sud de la Syrie, l'Iran aurait voulu faire une nouvelle entrée sur la scène syrienne, par la porte de Ersal, pour montrer qu'il reste un acteur incontournable dans toute négociation.
La guerre du Hezbollah dans le Qalamoun serait ainsi une réaction directe à l'accord russo-américain au sujet des quatre zones sécurisées prévues par cet accord. Il y a eu déjà un cessez-le-feu dans les régions de Deraa, de Quneitra et de Soueida. Les trois autres zones identifiées comme des régions de désescalade sont Idleb, la province centrale de Homs et l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, dans la banlieue est de Damas.
L'Iran cherche ainsi à faire du Qalamoun une cinquième zone sécurisée, placée sous le contrôle du Hezbollah qui y maintiendra son artillerie lourde.
Dans ces mêmes milieux, on s'interroge cependant sur le point de savoir pourquoi le Hezbollah s'est contenté de limiter son action au secteur contrôlé seulement par Fateh el-Cham, laissant à l'armée le soin de décider s'il faut ou non lancer une offensive contre les postes de l'organisation État islamique dans le jurd du Qaa et de Ras Baalbeck.
D'aucuns apportent l'explication suivante : le Hezbollah est intervenu à Ersal parce que le territoire fait l'objet d'un litige entre le Liban et la Syrie alors que l'EI se trouve en territoire libanais au Qaa et à Ras Baalbeck, ce qui fait que toute offensive dans la région devrait être du ressort de l'armée. Celle-ci étudie d'ailleurs toujours l'opportunité d'une opération militaire dans le jurd des deux localités chrétiennes, alors que, selon certaines informations, des négociations étaient lancées pour éloigner les combattants de l'EI des frontières libanaises. Sauf que ces derniers refusent apparemment de battre en retraite, pour éviter des confrontations armées avec d'autres organisations armées en Syrie, et promettent de maintenir une présence « calme » dans le jurd du Qaa et de Ras Baalbeck.
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commentaires (4)
Et je poursuis dans ma théorie des faits ; Debkafile fait écho ensuite du "profond mécontentement" d'Israël de voir la Russie mais aussi les États-Unis afficher "une indifférence totale" face aux exigences sécuritaires mainte fois formulées par Israël au sujet des zones de désescalade dans le sud de la Syrie : " le sud de la Syrie semble être au centre des coopérations militaires russo-américaines en Syrie" qu'elle que soit la position de Tel-Aviv. " La Russie a mis en place début juillet une première zone de désescalade à Deraa sans se donner la peine d'en expulser les forces du Hezbollah. La principale inquiétude d'Israël consiste désormais à voir une deuxième zone de désescalade se mettre en place dans le sud ouest syrien ou encore au Golan, là aussi sans que les Russes demandent au Hezbollah de s'en retirer." Mr Philippe A-A , si vous faites confiance aux russes dans leur "bisbille" contre israel , c'est tant mieux pour eux .
FRIK-A-FRAK
13 h 11, le 28 juillet 2017