On dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Parfois, elle sort aussi du clapet édenté des débris déliquescents. L'exemple nous en a été donné par le tenancier à vie du Parlement qui, dans un sursaut de sincérité, nous a renseignés sur les sources de financement de la grille des salaires. Un véritable morceau de petite prose, à savourer lentement comme une liqueur fine et précieuse.
« Je me suis entendu avec le Premier ministre, la nouvelle échelle des salaires sera financée par les taxes et les banques », a raconté Bac-6 aux journalistes qui glandaient avec les gardes du corps et le reste de la domesticité à l'extérieur de son repaire.
Oyez, oyez, braves gens ! Istiz Nabeuh et ses 128 ouailles ont repéré les oies à plumer, à savoir les idiots utiles de la population, à qui l'on a recours à chaque fois que l'État veut se refaire une santé, et le secteur bancaire, le seul qui fonctionne encore dans ce pays en déconfiture. Tout ça pour continuer à gaver la pléthore de privilégiés de l'Administration, véritable mauvaise graisse de l'économie, dont beaucoup ne savent même pas ce qu'est un service public payé avec l'impôt du contribuable. Pour certains, le dernier qui les a vus travailler est au moins centenaire.
Pourtant, ministres, députés et jusqu'aux roitelets exotiques à la tête des partis avaient juré le doigt dans le nez et la main sur le portefeuille que la grille des salaires n'influerait pas sur le budget des ménages. Bernique ! Au lieu de vidanger les trois quarts de la fonction publique et privatiser les officines poubelles, la seule dérobade qu'ils ont trouvée est l'éradication de la corruption. Cause toujours ! La corruption a déjà gangrené l'Asie, l'Afrique, le monde arabe, l'Amérique latine et même l'Europe, et nos neuneus locaux promettent de la supprimer dans le seul pays où elle est portée au pinacle de l'intelligence pratique et du savoir-faire. Bonne chance ! Qu'ils nous sonnent quand ce sera fait...
En attendant, ce sont ceux qui se lèvent tôt et travaillent qu'on envoie cracher au bassinet pour engraisser les tire-au-flanc. Il reste qu'en dépit de leurs bavardages désordonnés, les chefs et leurs sous-fifres ont fini par l'adopter, leur grille des salaires ! Comme d'habitude, dans le consensus et le partage : aux fonctionnaires véreux les salaires, aux Libanais d'en bas les barreaux de la grille dans les molaires.
gabynasr@lorientlejour.com
Le dévaliseur , roi des parlementaires aurait pu à lui tout seul combler le trou de la grille des salaires . Sa fortune aurait pu faire qu'on lui aurait même rendu de la monnaie , sans compter que pour lui le compteur ne s'arrête pas de tourner . Le problème qu'on a au Liban c'est que le provisoire dure très très longtemps , et les libanais sont très très patients . Je trouve que vous attendre tous les vendredis , vous attendre pour rire un bon coup , c'est très très long , Gaby .
11 h 49, le 21 juillet 2017