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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le combat de coqs de Trump contre les médias, une stratégie gagnante ?

Le conflit entre le président américain et certains médias fait oublier des dossiers cruciaux.

Donald Trump apparaissant sur une multitude d’écrans dans la pièce réservée aux médias, lors du dernier débat de la campagne présidentielle, le 20 octobre 2016. Jim Urquhart/Reuters

Personne n'a oublié la relation tendue entre Richard Nixon et les journalistes. L'âpre opposition s'était soldée par la démission du président américain, secoué par le scandale du Watergate. Une bataille perdue, donc, pour le locataire de la Maison-Blanche à l'époque. Plus de quarante ans plus tard, il semble que l'histoire se répète, avec un Donald Trump tranchant aux manettes. Mais le rapport de force semble pour l'instant en sa faveur.

Sa haine envers les médias vient de loin. Les hostilités avaient été lancées dès l'annonce de la candidature de Trump à la primaire républicaine. Et, dès sa prise des fonctions, les invectives de Trump ont commencé à fuser, à grands coups de tweets incisifs et d'attaques personnelles. L'habituel dîner annuel des correspondants de presse avait ensuite été annulé par le nouvel arrivant. Depuis, les frasques du président s'enchaînent et n'étonnent plus personne.

Après avoir insulté violemment deux journalistes de la chaîne américaine MSNBC la semaine précédente, c'est encore la chaîne CNN, véritable bête noire de la Maison-Blanche, qui a fait les frais des provocations du président sur Twitter dimanche dernier. D'ailleurs, le représentant de la plus grande puissance mondiale se qualifie lui-même de roi de la provocation, et confirme son image de président impulsif, voire juvénile. Pour le moins sensible aux critiques et aux attaques, il ressent clairement une hantise maladive de la sphère médiatique. Ses attaques répétées révèlent une tension palpable à la Maison-Blanche. Pour Nicolas Kaciaf, spécialiste en sociologie des médias et des comportements politiques, cette conduite atteste surtout « d'une pratique émotive et inédite de la politique ». Ce rapport de conflictualité, Trump « l'entretient instinctivement », avance le spécialiste, interrogé par L'Orient-Le Jour. Ses vieux démons le poussent sans cesse à l'altercation.

 

(Lire aussi : Washington prêt à travailler avec Moscou sur des zones d'exclusion aérienne en Syrie)

 

Divertissement
Donald Trump connaît très bien les médias et semble avoir fait d'eux son cheval de bataille, mais, plus encore, une arme de dissuasion. La relation entre les médias et le milliardaire semble être devenue un feuilleton suivi avec excitation par une bonne part de la population américaine. Les discussions sur les enjeux géopolitiques prévues au G20 ont même été absorbées par le show Trump.

Il semble que cette stratégie de diversion soit efficace : il parvient à faire oublier les débats épineux au profit de ces fougueuses invectives, explique Karine Prémont, directrice adjointe à l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand et spécialiste des médias américains. L'instinct historique de domination de ses adversaires, agrémenté d'une culture de la communication instantanée, parvient à embarquer l'espace médiatique sur son futile « combat de coqs », ajoute la chercheuse. Les frasques du président obscurcissent ainsi, entre autres, les négociations figées sur la réforme de santé. La politique est devenue divertissement. L'attente d'un coup de sang se fait pressentir alors que l'impasse sur le dossier coréen commence à émerger de nouveau.

À l'image de la période électorale, l'establishment politico-médiatique qu'il veut écraser est encore une fois désarçonné par sa stratégie de communication atypique. Et, malgré les vives critiques, son socle électoral reste indéfectible et apprécie même le spectacle. La stratégie des médias sociaux est virale, alors que l'hostilité envers les médias traditionnels amuse et rassemble une clientèle fidèle. Un pare-chocs solide face aux tentatives de destitutions répétitives. Pour l'instant...

 

 

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