Donald Trump (à droite) et Vladimir Poutine, lors de leur entretien, hier, en marge du G20 à Hambourg. Carlos Barria/Reuters
Elle devait durer 35 minutes, elle aura duré 2 heures 15 minutes. Très attendue, la rencontre officielle entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine en marge du sommet du G20 à Hambourg, en Allemagne, est sans aucun doute un moment charnière des relations entre les deux pays. Preuve en est la prolongation de cette entrevue qui a porté sur plusieurs dossiers, notamment l'Ukraine, la Syrie, la lutte antiterroriste et l'ingérence russe supposée dans l'élection américaine.
Très vite, les deux hommes ont rivalisé d'amabilités. « C'est un honneur d'être avec vous », a ainsi déclaré Donald Trump au début de la rencontre en saluant son homologue d'une franche poignée de main. Le président américain a exprimé l'espoir que leur discussion apporte « beaucoup d'éléments très positifs pour la Russie, les États-Unis et tous ceux qui sont concernés ». « Je suis ravi de vous rencontrer et j'espère que (...) cette rencontre se soldera par un résultat positif », a renchéri M. Poutine. « Nous avons parlé au téléphone, mais les conversations téléphoniques ne sont jamais suffisantes », a aussi souligné le maître du Kremlin.
Ce premier tête-à-tête aura donc été prometteur. Pour Rex Tillerson, une « alchimie positive » a uni les deux hommes. Tant et si bien qu'ils ne voulaient plus se quitter et qu'il a fallu l'intervention de Melania Trump, épouse du président américain, pour y mettre fin. Rien à voir avec la distance qui séparait l'ancien président américain Barack Obama et M. Poutine. Il était pourtant crucial pour Donald Trump d'« éviter de souscrire à l'image selon laquelle il était le candidat du Kremlin », d'où le choix du G20 comme premier lieu de rencontre officielle, selon Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po (Paris) et directeur du site de géopolitique EurAsia Prospective. C'est probablement pour cette raison, également, que le président américain a dénoncé, la veille à Varsovie, le « comportement déstabilisateur » de la Russie.
Aussi le chef de la Maison-Blanche était-il très attendu sur la question des ingérences russes dans l'élection américaine, alors que des pressions de plus en plus fortes se font ressentir au sein de son administration. Il y a eu un « échange très long et très vigoureux » entre les deux chefs d'État, a déclaré à la presse Rex Tillerson, estimant que les interférences russes constituaient « un obstacle significatif » dans les relations entre les deux pays. Donald Trump « a insisté à plusieurs reprises auprès du président Poutine au sujet de l'ingérence russe », a dit le chef de la diplomatie américaine, ajoutant que le président russe avait « démenti une telle implication, comme il l'avait fait dans le passé ». La délégation russe a eu toutefois une autre interprétation de l'entretien entre les deux dirigeants. Pour Moscou, en effet, Donald Trump, a « accepté » les dénégations russes sur ce sujet très sensible.
(Lire aussi : Washington prêt à travailler avec Moscou sur des zones d'exclusion aérienne en Syrie)
Avancées syriennes
Peu après la rencontre, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, qui accompagnait le président Trump, a annoncé que les États-Unis, la Russie et la Jordanie ont conclu une trêve dans les régions de Deraa, Quneïtra et Soueida, dans le Sud-Ouest syrien, dès dimanche midi heure locale, la première dans la région en 6 ans de guerre. « C'est la preuve que les États-Unis et la Russie sont capables de travailler ensemble en Syrie », a déclaré Rex Tillerson. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a précisé que dans un premier temps, « la sécurité autour de cette zone sera assurée par des forces et moyens de la police militaire russe en coordination avec les Jordaniens et les Américains ».
Plus significatifs encore, les propos qu'a tenus Rex Tillerson sur le président syrien Bachar el-Assad. Selon lui, l'administration Trump ne voit « aucun rôle » pour le président Assad en Syrie à long terme, bien que les modalités de ce départ soient encore « à déterminer ».
Assombries par plusieurs questions, comme le couac diplomatique impliquant les fonctionnaires russes renvoyés des USA en décembre 2016 par Barack Obama pour espionnage et les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine, les relations russo-américaines pourraient bel et bien connaître une – légère – embellie grâce au dossier syrien. Rien d'étonnant : les États-Unis sont présents en Syrie officiellement pour conseiller et pour armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre le groupe État islamique.
Mais les relations se sont tendues entre le régime de Damas et les forces soutenues sur place par Washington, qui a abattu le 18 juin un avion syrien en expliquant que l'appareil menaçait des FDS. Et les 60 missiles Tomahawk tirés par l'armée américaine sur la base aérienne d'al-Chayraate, deux jours après l'attaque chimique de Khan Cheikhoun qui a fait 88 morts, ont suscité de vives réactions de la part de Moscou.
Toute positive qu'elle soit, la rencontre Trump-Poutine ne déterminera pas nécessairement les relations entre les deux pays, en tout cas pas dans l'immédiat. Pour Cyrille Bret, « l'état de tension est structurellement élevé, donc c'est la reprise de discussion qui prime, et c'est déjà beaucoup ».
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15 h 01, le 26 août 2020