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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Washington décèle des préparatifs d’une nouvelle attaque chimique en Syrie

Les États-Unis s'en prennent à Assad, Moscou s'en offusque.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, lundi à Washington. Kevin Lamarque/Reuters

La tension entre les Américains et les Russes est montée d'un cran sur la question syrienne au cours des dernières quarante-huit heures. Le régime de Bachar el-Assad préparerait une nouvelle attaque chimique, ont annoncé lundi soir les États-Unis, qui se sont dit prêts à riposter comme ils l'avaient fait après une attaque similaire début avril, de concert avec Paris cette fois, selon l'Élysée.

« Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d'une autre attaque chimique par le régime syrien d'Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris des enfants innocents », a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, dans un communiqué. Ces activités « sont similaires aux préparatifs du régime avant son attaque à l'arme chimique du 4 avril », a noté le représentant de l'exécutif américain.
Cette attaque avait provoqué une riposte militaire des États-Unis, qui avaient tiré 59 missiles contre une base aérienne en Syrie, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas suite à l'attaque présumée de Khan Cheikhoun. Si le président syrien lançait une autre attaque à l'arme chimique, « lui et son armée paieraient le prix fort », a prévenu Sean Spicer. Il a cependant tenu à rappeler dans son communiqué que l'objectif des États-Unis en Syrie est uniquement de lutter contre le groupe État islamique, et pas de lancer une guerre contre le régime de M. Assad.

 

(Lire aussi : Les FDS s'emparent du quart de Raqqa)

 

Trump « imprévisible »
L'avertissement des États-Unis au régime de Damas a été motivé par une activité suspecte sur la base aérienne syrienne d'où était partie l'attaque en avril, selon le Pentagone. « Nous avons vu de l'activité sur la base de Chaayrate (...) indiquant des préparatifs pour une utilisation possible d'armes chimiques », a déclaré hier à des journalistes le capitaine de vaisseau Jeff Davis, porte-parole du Pentagone. Le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, a déclaré n'avoir « aucun doute » sur le fait que Damas a conservé des armes chimiques, malgré les déclarations du régime syrien affirmant le contraire.

« Toute nouvelle attaque lancée à l'encontre de la population syrienne sera attribuée à Assad, mais également à la Russie et à l'Iran qui l'ont aidé à tuer son propre peuple », a pour sa part prévenu lundi soir dans un tweet Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU.
Les avertissements américains au régime syrien laissent cependant dubitatifs les commentateurs. « Donald Trump est totalement imprévisible, il est difficile d'anticiper si ces déclarations resteront seulement de l'ordre de l'avertissement pour l'instant », explique Corentin Sellin, spécialiste de la politique américaine, interrogé par L'Orient-Le Jour. « Le but de ces déclarations est de détourner les soupçons qui pèsent sur lui et ses liens avec la Russie d'une part, et de faire de l'anti-Obama sur sa politique extérieure d'autre part », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Les déclarations de Macron sur la Syrie le « décrédibilisent aux yeux d’une grande partie de ceux qui croyaient à son rôle »)

 

Des accusations « illégitimes »
De son côté, Moscou a vivement réagi hier matin. « Nous considérons comme inadmissibles de telles menaces contre le gouvernement syrien », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Il a estimé que l'attaque de Khan Cheikhoun « ne peut pas être attribuée aux forces armées syriennes », faute d'« enquête impartiale ». « S'il n'y a pas d'enquête, blâmer Assad est impossible, illégitime et injuste », a-t-il répété, ajoutant ne pas connaître les « raisons » ou preuves pouvant motiver les accusations de Washington.

« Les déclarations américaines ont pris tout le monde par surprise, y compris des officiels américains », note Xavier Follebouckt, chercheur à l'Université catholique de Louvain et spécialiste de la Russie, contacté par L'Orient-Le Jour. « Auparavant, les Russes étaient les acteurs de ce facteur d'instabilité dans les conflits (Ukraine, Syrie), ce qui leur conférait un avantage sur le terrain. Aujourd'hui, ils attendent les signes des Américains pour agir », constate-t-il.

 

L'EI, ennemi numéro un
M. Mattis avait cependant précisé que les États-Unis ne se laisseront pas entraîner contre leur gré dans la guerre civile en Syrie, alors qu'un chasseur syrien a été récemment abattu par un avion américain. « Nous refusons simplement de nous laisser entraîner dans les combats de la guerre civile syrienne, nous essayons d'y mettre fin au travers d'efforts diplomatiques », a déclaré Jim Mattis tard lundi soir dans l'avion le menant en Europe pour différentes rencontres. Les forces américaines dans la région n'ouvriront le feu « que si elles ont affaire à l'ennemi, à l'État islamique », a ajouté M. Mattis devant les journalistes l'accompagnant. « Si quelqu'un s'en prend à nous, nous bombarde, nous tire dessus, alors nous ferons ce que nous avons à faire, en application du principe d'autodéfense », a-t-il estimé.

Ces propos, tenus peu avant ceux de Sean Spicer, contrastent avec le communiqué de l'administration américaine. « Jim Mattis sait que si des soldats russes sont touchés dans une attaque, il peut s'ensuivre une réaction en chaîne effrayante et grave sur le terrain », souligne M. Sellin. « Il doit faire face à un président inexpérimenté sans ligne claire sur sa politique étrangère », observe-t-il. M. Mattis est arrivé hier matin à Munich en Allemagne, où il doit prononcer un discours aujourd'hui sur les relations transatlantiques, avant de se rendre à Bruxelles pour une rencontre de l'OTAN.

 

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commentaires (7)

IL NE RESTE AU CHIMIQUE QU,A L,ANNONCER ! DE LA BLAGUE...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 24, le 28 juin 2017

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Commentaires (7)

  • IL NE RESTE AU CHIMIQUE QU,A L,ANNONCER ! DE LA BLAGUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 24, le 28 juin 2017

  • On sent (encore) une certaine peur vis-à-vis de l’opinion publique, malgré toutes les armes dont ils disposent pour la manipuler à leur avantage. Ce n’est peut-être donc pas à ceux qui vont bientôt bombarder la Syrie qu’il faut s’en prendre, mais à ceux qui, par passivité, acceptation tacite au nom de valeurs hors contexte mais brandies comme des étendards, permettent ou même bénissent ces bombardements. Il est évident que les citoyens ne peuvent rien faire par eux-mêmes. Mais plus il y aura de réfractaires refusant la soupe qu’on leur sert, plus les maîtres des bombardements auront du mal à tuer des innocents dans le monde. Encore faut-il que l’on considère ces innocents comme des êtres humains, et non comme quelque chose d’abstrait n’existant que dans le script du film géopolitique que l’on nous demande de regarder.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 52, le 28 juin 2017

  • En effet, au lieu de chercher à faire sortir leur pays du chaos dans lequel il est plongé depuis si longtemps, ils veulent donner à leurs agresseurs tous les moyens de continuer leur agression et, pour apaiser la conscience de ces charognards, ils leur fourniraient toutes les justifications nécessaires pour intensifier leurs attaques. Scénario hollywoodien classique où l’on voit le méchant préparer patiemment et cyniquement son méfait qui sera contré juste à temps (ou puni) par le bon Donald Trump. Y’en a marre des scénarios hollywoodiens. La Syrie n’est pas un décor de cinéma ou peuvent évoluer des Trump, Macron, Netanyahou, Ben Salman et autres personnages choisis pour leur qualité d’acteurs. Les morts dans ces scénarios débiles sont bien réels, aucun d’entre eux ne se relève à la fin des séquences. Malheureusement, le film a beau être vieillot, beaucoup de personnes (la majorité) en redemandent encore, pour voir si la fin, qu’ils connaissent pourtant par cœur, sera différente cette fois. Ainsi, les évènements se répètent encore et toujours, s’enchainent de manière immuablement identiques avec presque toujours les mêmes acteurs récitant les mêmes textes.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 49, le 28 juin 2017

  • Lors de la visite de Poutine à Versailles, les déclarations de Macron, son insistance surtout, à propos de « représailles » en cas d’attaque chimique, présageaient qu’un autre round se préparait sous ce prétexte. macron avait beau pérorer, dressé sur ses ergots, qu’il irait « punir » tout responsable d’attaque chimique, mais nous n’avons rien vu venir. Qu’a-t-il fait de plus contre l’ei qui, depuis ses déclarations, a bel et bien utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques contre des civils ? Absolument rien. La réalité c’est que Macron, en bon lieutenant comme le fut Hollande, préparait l’opinion à d’éventuelles frappes contre la Syrie, qui était la seule visée dans ses propos. La Russie a demandé aux usa de dire sur quelles bases ils se sont fondés pour soupçonner la préparation d’une attaque chimique par la résistance. La réponse n’arrivera évidemment jamais. Combien d’heures, de jours ou de semaines faut-il, aux yeux des Américains, pour préparer et lancer une attaque chimique ? L’armée syrienne va-t-elle ramasser les ingrédients chimiques ici et là, les assembler, et les faire mijoter durant des jours quelque part dans un hangar obscur, pour ensuite en envoyer des bombonnes pleines dans un endroit où attendent les caméras des Casques Blancs ? Selon le scénario auquel voudrait nous faire croire les Américains, les Syriens seraient complètement idiots ou masochistes.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 47, le 28 juin 2017

  • Quand daech annonce une future attaque terroriste quelque part dans le monde, on est sûr qu’elle aura lieu, quelles que soient les mesures de sécurité qui auraient été prises. De même, quand les sponsors du terrorisme annoncent un évènement dont les conséquences peuvent enclencher une action majeure, il y a de fortes chances pour que cet évènement ait lieu. L’évènement en lui-même n’est pas important.Ce qui importe c’est la réaction qui en découle, réaction que tout le monde attend et déjà préparée bien à l’avance, qui est la seule raison d’être de l’évènement ou de l’acte terroriste. En d’autres termes, ce ne sont pas les évènements qui engendrent les réactions, mais les réactions déjà prévues qui créent les évènements qui les justifient. Il semble que les usa et toute la clique anglo-sioniste et aussi la France, sont prêts à remettre le couvert avec les armes chimiques en Syrie. S’il leur faut ce prétexte pour mener une opération, ils en useront quelle que soit la vraisemblance de leur discours. Il leur suffit de savoir qu’une majorité d’imbéciles, avec l’aide des médias habituels, gobera leurs déclarations pendant quelques heures, le temps d’enclencher l’opération. Ce qui se passera ensuite sera d’une telle intensité que l’évènement initial en sera vite oublié.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 44, le 28 juin 2017

  • Pourquoi on fait des guerres ? Pourquoi l’intox de l’info est une des données principales dans les stratégies de guerres. Citons les trois vecteurs stratégiques qu’on trouve en science politique c'est d'avoir: 1- Un objectif bien défini qui récompense à long terme le gagnant, l’objectif est un moteur qui restera un secret « défense » caché sous des slogans émotionnels. 2- La capacité de mobiliser la population et crédibiliser la cause vis-à-vis de l’opinion publique pour qu’elle accepte les sacrifices. Donc la propagande et l’intox contre l’ennemi désigné et les ennemis non déclarés sont les éléments principaux de ce vecteur. 3- La capacité et la volonté budgétaire des belligérants pour disposer des moyens les plus adaptés, c.-à-d. : • humaine, • technologique, • juridique

    DAMMOUS Hanna

    09 h 41, le 28 juin 2017

  • Et le petit jeu stupide et enfantin continue entre ces "présidents" des USA, RUSSIE, SYRIE etc. "c'est lui qui a commencé, pas moi !" Combien de temps va-t-on encore les laisser faire? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 48, le 28 juin 2017

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