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Scan TV - Société

Quand la télévision remue le couteau dans nos plaies

Nombreuses ont été les voix qui ont dénoncé cette année, tout comme les années précédentes, les thèmes retenus dans la plupart des scénarios des feuilletons que diffusent nos chaînes locales, certaines appelant même à la censure. On peut dire ce qu'on veut, il y a des constantes qui ne manquent pas d'interpeller les téléspectateurs, quel que soit le degré de flexibilité ou de rigidité de leur rigueur morale : l'adultère ; les familles de mafia trônant sur un réseau de trafic de drogue, de prostitution ou d'armes, et qui réussissent à contourner l'État en se vantant de leurs vices et de leur goût du sang ; la théorie du complot ; le terrorisme... Que ce soit au sein d'une société avant-gardiste, ouverte, européanisée ou, au contraire, plus renfermée, conservatrice et puritaine, ces sujets devenus récurrents et dont l'épilogue n'est plus un secret pour personne ont à chaque fois l'effet souhaité, chiffres à l'appui.

Les histoires de mafia, d'amitié, d'amour impossible, de jalousie et de trahison ont submergé le petit écran cette année aussi. Durant un mois, les épisodes se sont succédé à un rythme effréné avec des thèmes levant le voile sur tout ce que certains croient virtuel, mais qui, en réalité, nous ronge et nous fait mal. Des trafiquants de drogue et d'armes qui font la loi dans un chez-eux partagé entre clans rivaux. Des personnes armées évoluant dans un système parallèle faisant fi des lois et des règlements, mais qui peuvent à tout moment nous entraîner sur leur terrain de jeu morbide. Des couples qui se séparent pour un oui ou pour un non sans qu'il n'y ait de justification raisonnable. Des enfants laissés pour compte face à des parents trop occupés à poursuivre une carrière à fond la caisse et substituant leur présence par un débit d'argent courant. Des adolescentes harcelées sexuellement par un membre proche de la famille : un malheur qu'il faudra taire pour protéger la victime du qu'en-dira-t-on. Des mamans interdites de transmettre la nationalité à leur enfant qui s'avère dans certains cas ne pas en avoir d'autre, car né d'un père palestinien. Des centaines de milliers de jeunes Palestiniens nés au Liban, évoluant dans la société, et privés de leurs simples droits et refoulés dans une catégorie de troisième zone. Une femme désirant profondément un bébé, en manque d'un partenaire, et dont l'horloge biologique se fait de plus en plus menaçante. Une presse écrite en pleine agonie qui résiste tant bien que mal face à une mondialisation et une avancée technologique sauvages. Des étudiants pourchassant leur rêve dans une société impitoyable qui augmente la pression et qui ne promet que l'échec et la frustration à l'ombre du clientélisme. Des femmes endeuillées avec des enfants sur les bras et qui doivent à tout prix enterrer leur féminité ou finir dans le lit de leur beau-frère, traditions obligent. Des jeunes filles violées, car elles s'aventurent seules dans la maison d'un célibataire, ou juste parce que les bourreaux, issus de familles puissantes, étaient drogués à ce moment-là et qu'ils en ont eu simplement envie...

Beaucoup de polémiques ont été soulevées ce dernier mois par des scénaristes jeunes et moins jeunes, mais la championne toutes catégories en matière de sujets sociétaux tabous divers et variés est Carine Rizkallah dans La Akher Nafass. Un couteau a été planté dans nos plaies de Libanais, et surtout de Libanaises aux droits amputés, et a été bien remué dans l'espoir de faire bouger les choses, ou juste pour dénoncer un malaise bien réel. Les scénaristes n'ont pas imaginé ces scénarios en observant la planète Mars ou un autre continent, et n'ont pas pour ambition de transformer les téléspectateurs en infidèles chroniques, en terroristes ou encore en assassins ou en traîtres. Ils se sont bien inspirés du quotidien, de faits divers et d'histoires vraies, belles ou moins belles, que nous nous transmettons. Si sur le petit écran tout finit bien souvent pour faire plaisir à nos esprits naïfs qui croient encore à la justice et à l'amour désintéressé, de notre côté du miroir, la vérité est tout autre et la fin est souvent dramatique. Nous manquons de justice, d'égalité, de lois, de droits, d'air respirable et d'eau potable. La société est en désagrégation et la corruption a pris le dessus dans un État qui abrite en son sein plusieurs seigneuries militarisées. La télévision n'a fait donc que remuer le couteau qui était là bien avant le début de la saison. C'était un petit rappel de notre condition lamentable, même si la douleur est devenue routinière pour certains et fataliste pour d'autres.

 

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Nombreuses ont été les voix qui ont dénoncé cette année, tout comme les années précédentes, les thèmes retenus dans la plupart des scénarios des feuilletons que diffusent nos chaînes locales, certaines appelant même à la censure. On peut dire ce qu'on veut, il y a des constantes qui ne manquent pas d'interpeller les téléspectateurs, quel que soit le degré de flexibilité ou de...

commentaires (1)

malheureusement ce n'est pas seulement dans les series que cette image de pays et de peuple completement corrompu est vehiculee mais meme au sein d'une des institutions phare du Liban, la MTV et plus particulierement adel karam. Une serie tele reste une fiction et libre a chaque tele de faire des series de mauvais gout. Mais la MTV a offert a adel un talk show parceque connu, volubile et plutot sympa. mais il a beaucoup d'influence et agit malheureusement en caid du quartier et ca c'est tres dommage. chassez le naturel, il revient au galop.

George Khoury

07 h 24, le 25 juin 2017

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Commentaires (1)

  • malheureusement ce n'est pas seulement dans les series que cette image de pays et de peuple completement corrompu est vehiculee mais meme au sein d'une des institutions phare du Liban, la MTV et plus particulierement adel karam. Une serie tele reste une fiction et libre a chaque tele de faire des series de mauvais gout. Mais la MTV a offert a adel un talk show parceque connu, volubile et plutot sympa. mais il a beaucoup d'influence et agit malheureusement en caid du quartier et ca c'est tres dommage. chassez le naturel, il revient au galop.

    George Khoury

    07 h 24, le 25 juin 2017

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