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À La Une - Syrie

Près de Raqqa, un dispensaire sauve les vies des combattants

Parfois, il faut plus de quatre heures à des combattants blessés pour atteindre l'hôpital de campagne et durant cet intervalle ils perdent beaucoup de sang.

Un combattant kurde des YPG est transporté par ses camarades depuis un dispensaire dans le village de Raqqa Samra, le 21 juin 2017. Photo AFP / DELIL SOULEIMAN

Un véhicule blindé freine devant un hôpital de campagne près de Raqqa. Des combattants antijihadistes syriens extraient un compagnon d'armes qui peine à respirer après avoir été touché à la poitrine par tireur embusqué du groupe Etat islamique (EI).

Ils le transportent dans une couverture vers une petite salle de cet hôpital improvisé. Une large tache de sang macule l'uniforme de ce combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabe appuyée par une coalition internationale antijihadistes menée par les États-Unis.

Le dispensaire a été installée dans le village de Raqqa Samra, à 3 km de Raqqa, capitale de facto de l'EI en Syrie que tentent de conquérir les FDS.
"Un sniper de Daech (acronyme arabe de l'EI) était positionné sur le toit d'une école, les combats étaient intenses", explique un des camarades du jeune homme blessé. "Il a perdu beaucoup de sang avant qu'on ait pu l'évacuer de la ligne de front et le soigner", ajoute-t-il. Lui-même a été blessé légèrement lors des combats et son épaule est couverte d'un bandage blanc.

Les FDS ont pénétré au début du mois dans la place forte de l'EI. Elles se sont depuis emparé de quatre quartiers mais elles font face à une très forte résistance. Le flot de blessés ne se tarit pas vers cette clinique située à l'arrière du front oriental.

Un membre du personnel soignant nettoie la blessure à la poitrine du jeune combattant, le met sous perfusion afin de le transférer vers l'hôpital de Kobane, une ville à deux heures de route, vers le nord-ouest.
Il a été blessé al-Senaa, dans l'est de Raqqa, où les FDS subissent des contre-attaques régulières de l'EI.
"Nous avons suivi le même entraînement et partagé des moments formidables. J'espère qu'il vivra et que nous continuerons à combattre côte à côte", assure son copain.

 

(Lire aussi : À Raqqa, l'EI tire les leçons de la bataille de Mossoul)

 

'Faire ce qu'on peut'
Le dispensaire a été établi dans une ancienne échoppe. Il est équipé d'un réfrigérateur-congélateur et des étagères en métal ont été fixées au mur pour entreposer médicaments et matériel médical.

L'équipe est dirigée par Akef Kobané, un homme de 48 ans. Sa mission consiste à maintenir en vie les blessés pour qu'ils puissent arriver en vie dans les hôpitaux où ils sont transférés.
"Nous faisons le nécessaire pour faire cesser l'hémorragie, les mettre sous perfusion, avant de les transférer dans une des villes du Rojava", dit-il, allusion aux régions du nord et nord-est de la Syrie sous administration kurde.

Vêtu d'un pantalon en treillis et d'une blouse médicale bleu-clair, Akef Kobané n'est pas médecin, car il n'a jamais terminé ses études ni obtenu son diplôme.

En 2015, il a rejoint les Unités de protection du peuple kurde (YPG), une milice qui constitue la colonne vertébrale des FDS, et a commencé à travailler dans le corps médical lors de la bataille pour chasser l'EI de Kobané, à la frontière avec la Turquie.
Il sourit pendant son travail et prodigue des encouragements aux blessés qui arrivent du front. "Le chirurgien fait ce qu'il peut avec les instruments en sa possession", dit-il posément.

 

(Lire aussi : La bataille de Raqqa, nouveau défi humanitaire en Syrie)


'Enfants, femmes et vieillards'
Pour Akef Kobane, le facteur le plus important est le temps. Parfois, il faut plus de quatre heures à des combattants blessés pour atteindre son hôpital de campagne et durant cet intervalle ils perdent beaucoup de sang.
"D'autres fois, ils arrivent rapidement et même s'ils sont blessés à trois endroits différents --la poitrine, la main et le pied-- nous pouvons encore les sauver. Tout dépend de la rapidité à laquelle ils arrivent chez nous", explique-t-il.

Son visage s'assombrit chaque fois qu'il voit un véhicule militaire transportant un blessé s'approcher de la clinique.
Le personnel médical déchire le pantalon militaire d'un nouvel arrivant et découvre une blessure causée par un éclat d'obus.
"Un drone nous a suivis de l'entrée jusqu'à notre position dans le ville. Quand nous sommes descendus de voiture, il nous a ciblés. Mes amis et moi avons été blessés", explique Jawad Abdel Alim.

Dans cet hôpital de campagne, sont soignés aussi les civils qui ont été blessés par l'EI en fuyant Raqqa.
"Nous avons reçu jusqu'à présent des dizaines de personnes blessées en cherchant à échapper à Daech. Parmi eux figurent des enfants, des femmes et des personnes âgées blessés par des mines. C'est une situation très difficile", assure Akef.

Le travail est épuisant, la matériel limité pour soigner des blessures graves mais l'équipe garde un moral de fer.
"Je suis volontaire pour aider les FDS et les civils blessés car nous agissons pour l'humanité, pour sauver des gens", dit un membre du personnel soignant qui préfère taire son nom.

 

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