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À La Une - Syrie

A Raqqa, la force antijihadiste préfère le combat de nuit face à l'EI

Depuis leur entrée dans la cité le 6 juin, les FDS se sont emparés de trois quartiers, dont celui d'al-Senaa jeudi.

Des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) inspectent un tunnel creusé par les jihadistes du groupe Etat islamique, le 14 juin 2017 à l'intérieur d'une maison à Raqqa. Photo REUTERS/Rodi Said

Face aux drones, tireurs embusqués et obus de mortier du groupe Etat islamique (EI) à Raqqa, le commandant Kawa et ses hommes engagés dans la bataille dans ce fief jihadiste ont choisi un allié de poids: la nuit.

Du balcon d'un appartement à Mechleb, quartier du sud-est de Raqqa, ce commandant arabe s'enquiert avec son talkie-walkie de la situation sur le terrain auprès d'un combattant des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance arabo-kurde appuyée par Washington qui tente de chasser l'EI de son principal fief en Syrie.
"L'EI attaque nos positions avec des obus de mortier, je reviendrai vers toi quand le bombardement cessera", répond son interlocuteur.

La conversation se déroule en journée lorsque les FDS font face à une pluie d'obus et de tirs de snipers de l'EI postés sur les toits, sans compter les drones qui larguent des bombes sur leurs têtes. "C'est pour cela que nous avançons la nuit (...) nous préférons combattre dans l'obscurité (...) car nous avons des jumelles thermiques et des armes équipées de lunettes de tirs nocturnes ", explique à l'AFP le commandant Kawa, 20 ans, la barbe rasée.

 

(Lire aussi : L'armée russe affirme avoir probablement tué le chef de l'EI)

 

Retrait rapide
Dans le salon d'un appartement, des combattants FDS se reposent, d'autres sirotent leur thé dans une pièce voisine après une nuit de combats aux portes de la vieille ville de Raqqa. "La nuit dernière, il y a eu des combats mais pas pour longtemps, les jihadistes se sont retirés rapidement face à nos attaques", assure encore le commandant.

Depuis leur entrée dans la cité le 6 juin, les FDS se sont emparés de trois quartiers, dont celui d'al-Senaa jeudi. La prise de ce secteur va permettre aux FDS de lancer l'assaut sur le centre-ville, densément peuplé et où se trouvent d'importantes positions de l'EI. Dans le quartier de Mechleb, les combattants des FDS se cachent parfois dans des magasins et des maisons par crainte des drones de l'EI.

Près d'un mur couvert d'expressions islamiques, le combattant kurde Tolhildan Botan montre un petit drone que les FDS disent avoir abattu: "c'est ce genre de drone qui vise des rassemblements de combattants ou des véhicules militaires. Parfois ils visent même des civils", dit-il.

Son compagnon d'armes Baran Hassaké, 18 ans, assure également que la nuit leur est favorable. "Nous avançons et gagnons du terrain plus rapidement et eux peinent à faire face à nos attaques", dit le jeune homme, la tête enveloppée d'un châle rouge brodé de fleurs vertes.

Le sol est jonché de douilles d'obus de mortier et parfois, on peut voir des cadavres de jihadistes sous les décombres des immeubles détruits dans la bataille, lancée en novembre dernier par les FDS avec le soutien de la coalition internationale dirigée par Washington.

La coalition elle-même intensifie ses frappes aériennes dans la nuit, selon les commandants sur le terrain et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'intensité de ces frappes a été jugée "excessive" par l'ONU, rappelant que les civils étaient pris au piège dans la ville.

Les FDS, considérées comme le fer de lance de la lutte contre l'EI en Syrie après avoir chassé l'organisation ultraradicale de plusieurs de ses fiefs dans le pays, se targuent d'avoir acquis une expérience inestimable dans les combats contre les jihadistes. "Nous connaissons désormais leur tactique", assure Baran.

 

(Lire aussi : L'ONU juge "excessives" les frappes aériennes à Raqqa)

 

Près de la muraille
En capturant al-Senaa, situé aux portes de la vieille ville, les FDS se préparent désormais à l'assaut du centre-ville, où se déroulera la bataille la plus rude. A Mechleb, d'un balcon surplombant al-Senaa, le combattant Mesaab al-Hussein contemple la muraille historique de la vieille ville qui s'étend sur cinq km et remonte à l'époque abbasside. Alors que la dynastie des Abbassides avait choisi Bagdad comme capitale, le célèbre calife Haroun al-Rachid avait décidé de transformer Raqqa en sa résidence d'été, une sorte de "deuxième capitale".

"Les FDS sont arrivées tout près d'une partie de la muraille connue sous le nom de la porte de Bagdad", assure le combattant al-Hussein. Pointant du doigt le drapeau noir de l'EI au loin, il ajoute: "nous allons libérer la ville en entier".

 

Repère

Les FDS, une force arabo-kurde syrienne anti-EI soutenue par Washington

 

 

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