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À La Une - Proche-Orient

L'Egypte livre du fuel à Gaza, éloigne dans l'immédiat une crise majeure

Ce geste égyptien pourrait signer un changement d'alliances, alors que les spéculations vont bon train sur la teneur d'une rencontre la semaine dernière au Caire entre des chefs du Hamas, des responsables égyptiens et Mohammed Dahlane, grand rival du président Mahmoud Abbas.

Des Palestiniens accueillant des camions livrant du fuel, le 21 juin 2017 au niveau du passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte. Photo REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

L'Egypte a livré mercredi du carburant pour relancer la centrale électrique de la bande de Gaza, éloignant pour un temps le risque d'une crise humanitaire majeure et d'une possible escalade dans l'enclave palestinienne ravagée par les guerres et la pauvreté.

Depuis qu'Israël a réduit il y a trois jours ses livraisons d'électricité à Gaza, l'ONU et les organisations humanitaires ne cessaient de mettre en garde contre un "effondrement total" de la bande de Gaza soumise depuis dix ans à un sévère blocus israélien.

L'unique centrale électrique du territoire palestinien est à l'arrêt depuis deux mois et les habitants n'avaient droit qu'à deux heures d'électricité par jour contre deux tranches de huit heures jusqu'en avril.

Habituellement, c'est le Qatar, riche émirat gazier et grand parrain du Hamas, qui couvre les frais de carburant. Mais aujourd'hui, ce pays, pris dans une crise diplomatique inédite avec ses voisins du Golfe et l'Egypte, est pressé de prendre ses distances avec le mouvement islamiste palestinien Hamas considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne.

C'est donc l'Egypte d'Abdel Fattah al-Sissi qui est intervenue, même si les relations entre le Hamas, qui gouverne sans partage Gaza depuis dix ans, et le grand voisin égyptien se sont refroidies ces dernières années.
Mercredi, 22 camions devaient transiter par le terminal de Rafah, la seule ouverture de Gaza sur le monde qui ne soit pas tenue par Israël.

 

(Pour mémoire : Crise de l'électricité : l'ONU met en garde contre un "effondrement" total à Gaza)

 

Livraisons jusqu'à l'Aïd
Le million de litres de carburant industriel qu'ils transportent sera directement acheminé vers la centrale électrique et "elle recommencera à fonctionner dans les heures à venir", a indiqué l'Autorité de l'énergie à Gaza.
Une telle quantité permet de l'alimenter "à plein régime pendant deux jours, à bas régime pendant trois jours", a déclaré pour sa part à l'AFP le directeur général de la compagnie d'électricité Gazaouie, Samir Metir.

Ce geste égyptien pourrait signer un changement d'alliances, alors que les spéculations vont bon train sur la teneur d'une rencontre la semaine dernière au Caire entre des chefs du Hamas, des responsables égyptiens et Mohammed Dahlane, grand rival du président Mahmoud Abbas, désormais en exil et hors du Fateh de M. Abbas.

"Ce soutien égyptien à Gaza s'inscrit dans le cadre de ce qui a été conclu lors des rencontres du Caire", a affirmé lors d'une conférence de presse à Rafah le général Tawfiq Abou Naïm, chef de la sécurité à Gaza.
Ces livraisons égyptiennes interviennent surtout à quelques jours des célébrations de la fête musulmane de l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan. Et devraient d'ailleurs se poursuivre jusqu'à cette échéance, a indiqué à l'AFP Waël Abou Omar, responsable palestinien au point de passage de Rafah.
Dans le même temps, Israël va poursuivre la diminution de ses livraisons d'électricité. En trois jours, elles ont déjà été réduites d'une trentaine de mégawatts.
De ce fait, explique M. Metir, "aucun programme n'a encore été établi pour la fourniture de l'électricité".

 

(Lire aussi : Les nuages s'amoncellent à nouveau sur la bande de Gaza)

 

Préoccupation majeure
L'alimentation en électricité est une préoccupation primordiale dans l'enclave en bordure du désert, a fortiori en plein ramadan et durant l'été.

Les hôpitaux notamment tirent régulièrement la sonnette d'alarme, affirmant devoir lutter pour assurer la bonne marche des couveuses et autres équipements vitaux en l'absence d'énergie.
L'alimentation en électricité de Gaza et de ses deux millions d'habitants est régulièrement un sujet d'inquiétude.

Le territoire est en pénurie chronique faute d'infrastructures: si toutes ses sources d'approvisionnement étaient alimentées normalement, elles ne couvriraient même pas la moitié de ses besoins estimés entre 450 et 500 mégawatts.

Vient ensuite la question la plus épineuse dans l'enclave tenue depuis 10 ans sans partage par le Hamas islamiste, rival de l'Autorité palestinienne de M. Abbas: qui doit payer? Jusqu'ici, l'Autorité réglait la facture mensuelle: 11,3 millions d'euros versés à Israël. Mais, selon Israël, ce mois-ci, l'Autorité l'a informé qu'elle ne paierait plus.

La question de l'addition se pose également régulièrement pour le carburant qui alimente la centrale électrique de Gaza. C'est parce qu'elle n'a pas été résolue il y a deux mois que cette dernière avait été mise à l'arrêt.

 

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