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Nos Lecteurs ont la Parole - par Perla KHATTAR

Une femme teintée de noir

Une femme teintée de noir... L'écho de cette métaphore n'est pas le même dans la tête de chaque lecteur. Pour les uns, une femme teintée de noir ne serait qu'une femme de race africaine, pour d'autres, ce serait une esclave, et pour moi, ce ne serait que le point de convergence entre le mouvement féministe et la traite des « nègres ». Quel cheminement fut emprunté par les femmes oppressées pour parvenir à la réalisation de leurs droits ? Quels points communs pouvons-nous dégager entre femmes et esclaves ?

Les femmes, un combat individuel.
Les droits de la femme sont des droits théoriques et parfois réels, dont la défense a un objectif visant à parvenir à une société plus égalitaire, et cela d'après l'encyclopédie numérique Wikipédia. Ses droits peuvent être réduits par les lois et les coutumes de chaque société. Dans la plupart des pays, l'égalité entre homme et femme n'existe pas, ce qui a causé nombre de révolutions qui ont marqué l'histoire. Les femmes n'avaient accès ni à l'éducation ni à la publication, ce qui entraîna certaines femmes à avoir recours à des substituts masculins, comme George Sand. La Révolution française de 1789 a promu les droits des femmes oppressées : droits civiques (droits de vote, éligibilité), l'égalité devant la loi, le droit de travailler, droit à l'éducation, droit aux mariages choisis et droit à la citoyenneté...
Cette révolution a amélioré le statut de la femme en Europe et sa reconnaissance en tant que personnalité civile. De nos jours, les doléances des femmes ont changé : droit au mariage entre lesbiennes ; droit à l'interruption volontaire de la grossesse ; droit à la contraception ; le droit au divorce; droit à prêtrise. Ces demandes ont mené au féminisme. C'est un courant de pensée politique, philosophique et sociale ayant un but précis : atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre femmes et hommes. Le féminisme lutte pour abolir les inégalités dont sont victimes les femmes.
Antoinette Fouque, née en 1936, était une militante pour l'émancipation des femmes. Elle a dénoncé le machisme ambiant dans les milieux intellectuels, et c'est ce constat qui était à l'origine de son engagement et qui a abouti à la création du Mouvement de libération des femmes.

Les esclaves, une bataille de titans.
Aristote a dit : « L'esclave est un outil animé. » L'esclavage est la condition d'un individu privé de sa liberté, devenu propriété exploitable et négociable, comme un bien matériel, un capital, une richesse. Dans l'Antiquité, les razzias pratiquées par les pirates étaient un moyen d'approvisionnement en marchandise humaine. Cette piraterie barbare continuera à sévir jusqu'au XIXe siècle. Les lansados portugais, actifs sur le sol africain, alimentaient les navires négriers. En 1794, il y a eu abolition de l'esclavage. En 1802, la traite des Noirs reprend, et l'esclavage aussi. Il faudrait noter que les traites négrières transatlantiques et orientales sont le plus emblématique des pratiques esclavagistes du fait de leur durée et impact historique. Quatre méthodes se posent pour rendre sa liberté à un esclave. En premier lieu, l'affranchissement qui n'est qu'un processus juridique qui permet au propriétaire d'un esclave de lui rendre sa liberté en signant un simple papier. Deuxièmement, le code de Hammourabi pour la Mésopotamie des sections juridiques limite l'esclavage. Enchaînons avec la révolte romaine des esclaves qui ont suivi le gladiateur Spartacus et où les gens malades furent libérés. Finalement, le marronnage, ou en d'autre termes la fuite de l'esclave (le fuyard ) de la demeure du propriétaire.
Beaucoup de gens pensent qu'il n'y a pas de place pour l'esclavage au XXIe, mais au contraire, l'esclavage s'est seulement camouflé. Le proxénétisme, le travail forcé, le travail des enfants et les enfants soldats sont les formes nouvelles et atténuées de l'esclavage qui agit sur l'empreinte psychologique de l'homme. L'esclavage n'est plus rependu comme avant, mais il a toujours une place dans nos sociétés modernes.

Esclaves et femmes divergent du même faisceau
Soulignons, d'emblée, que femmes et esclaves sont tous deux des peuples oppressés qui cherchent la liberté à travers la révolution silencieuse! Dans Dialogue avec un sauvage, Lahontan évoque le cas d'une fille dont le père lui concocte un mariage forcé. « Suis-je ton esclave? Ne dois-je pas jouir de ma liberté ? » lance alors la jeune fille. Nous pouvons citer une grande similitude entre esclaves et femmes. Les maîtres de maison décident à qui leur fille devrait se marier, et les maîtres de maison choisissent à qui leur nègre devrait être vendu !
Le philosophe Spinoza conçoit dans ses textes que la femme est « naturellement » inférieure aux hommes. Les hommes n'aiment le plus souvent les femmes que d'un désir sensuel. Ainsi, pour notre philosophe de la phénoménologie, une femme est appréciée pour son utilité sexuelle, la beauté de son corps. N'est-il pas vrai que les maîtres apprécient les esclaves pour l'utilité de leur corps ? Leur capacité physique ? N'est-ce pas ici une nouvelle similitude ? En concordance avec Spinoza, l'auteur français Jean-Jacques Rousseau dit que « la femme est faite spécialement pour le plaisir de l'homme, et le mérite de l'homme est dans sa puissance. » Par analogie, le naturel est que la femme soit belle et l'homme puissant. Pour Rousseau, soutenir l'idée que femmes et hommes sont deux sexes égaux et que leurs devoirs sont les mêmes est une marque de pure ignorance. La liste des similitudes entre femmes et esclaves est assez longue : deux peuples oppressés, assoiffés de liberté !
L'égalité entre l'homme et la femme est une absurdité ; régler ce problème est une impossibilité. Le XIXe siècle marque la mise en place du suffrage universel qui redoute cependant la voix de la femme. L'abolition de l'esclavage puis son rétablissement marquent un siècle très sombre et plein de faux espoirs. Cette abolition et le féminisme sont les deux grandes révoltes de ces deux peuples qui cherchent la liberté, qui cherchent la lumière dans un ciel sans étoiles.

Perla KHATTAR
(18 ans)

Une femme teintée de noir... L'écho de cette métaphore n'est pas le même dans la tête de chaque lecteur. Pour les uns, une femme teintée de noir ne serait qu'une femme de race africaine, pour d'autres, ce serait une esclave, et pour moi, ce ne serait que le point de convergence entre le mouvement féministe et la traite des « nègres ». Quel cheminement fut emprunté par les femmes...

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