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À La Une - Conflit

Dans le sud des Philippines, les islamistes retranchés pour une bataille au long cours

Deux semaines après la mise à sac de la ville de Marawi par des islamistes brandissant le drapeau de l'EI, les autorités ont changé de discours.

Bombardement aérien à Marawi, aux Philippines, le 6 juin 2017. AFP / NOEL CELIS

Ils se cachent dans des tunnels à l'épreuve des bombes, dissimulent des armes antichar dans les mosquées, se servent de boucliers humains et maîtrisent parfaitement le terrain: les jihadistes retranchés dans le sud des Philippines sont pour l'armée un adversaire redoutable.

Deux semaines après la mise à sac de la ville de Marawi par des islamistes brandissant le drapeau noir du groupe Etat islamique (EI), les autorités ont changé de discours. Loin d'un règlement rapide, elles redoutent que la bataille s'éternise.

"L'avantage (de l'ennemi), c'est leur maîtrise du terrain. Ils savent où mènent les allées les plus petites et sont libres de circuler", a dit cette semaine à la presse le major Rowan Rimas, officier des Marines. "Ils savent d'où viennent les forces gouvernementales et où elles s'abritent. Ils ont des tireurs embusqués et leurs positions sont bien défendues".

Le ministre de la Défense Delfin Lorenzana avait reconnu au début du conflit le 23 mai que les forces de sécurité avaient été prises par surprise. En tendant de capturer un des chefs islamistes, elles ne s'attendaient pas à voir surgir des dizaines de jihadistes dans les rues. Les combattants ont alors semé le chaos dans cette localité de 200.000 habitants, la plus grande ville musulmane des Philippines catholiques, prenant un prêtre en otage, ouvrant les portes de deux prisons et détruisant de nombreux édifices.

Depuis, le ministre comme les chefs de l'armée ont raconté que leurs forces avaient sans le prévoir déjoué un coup spectaculaire programmé par les jihadistes: prendre Marawi pour démontrer que l'EI avait gagné un territoire aux Philippines. Initialement, ils estimaient à une centaine le nombre de combattants avant de réviser ce chiffre à 500, dont des étrangers venus de Tchétchénie, d'Arabie saoudite ou du Yémen.

 

 

Failles
Les islamistes disposent en outre d'un arsenal imposant, y compris des lance-roquettes et des munitions semble-t-il inépuisables pour leurs puissants fusils d'assaut.

D'après les autorités, deux frères dénommés Maute sont les principaux meneurs des combats qui ont permis aux jihadistes de résister à une campagne intensive de bombardements aériens et de tirs de roquettes.

Ils contrôlent environ 10% de Marawi. Les tunnels et les caves leur permettent de résister à des bombes de 227 kilogrammes, expliquait lundi à l'AFP le porte-parole de l'armée, le colonel Joar Herrera. "Même les mosquées ont des tunnels", a-t-il ajouté, précisant que les islamistes s'en servaient cacher leurs armes. Le porte-parole souligne que le règlement de l'armée lui interdit de frapper les mosquées et les écoles islamiques, des failles exploitées par les combattants.

Les habitants de Marawi avaient creusé des bunkers et des tunnels sous les maisons après un soulèvement musulman en 1970, durant lequel des quartiers entiers avaient été incendiés, raconte à l'AFP Norodin Alonto Lucman, homme politique local respecté.

Le groupe Maute marche de concert avec Isnilon Hapilon, cible du raid initial des forces de sécurité et considéré par l'armée comme "l'émir" de l'EI, le chef aux Philippines du groupe jihadiste proche-oriental. L'armée pense qu'il est toujours à Marawi.

 

(Lire aussi : Philippines : Duterte promet des récompenses pour la capture de dirigeants islamistes)

 

Cache de liquide
Les autorités sont d'autant plus inquiètes quant aux agissements des islamistes qu'elles ont découvert lundi 52,2 millions de pesos (un million de dollars) en liquide dans une de leurs maisons.

Ils se servent en outre comme boucliers humains d'environ 2.000 civils pris au piège, parmi lesquels le prêtre et plus d'une dizaine de civils capturés au début de la crise.

Quelques heures après le début des combats, le président Rodrigo Duterte avait imposé la loi martiale à toute la région de Mindanao, où vivent 20 millions d'habitants, dans une tentative pour écraser rapidement la menace représentée par l'EI. Il avait fixé un délai - désormais écoulé- pour débarrasser la ville de ses jihadistes. A son expiration, il a usé de sa rhétorique agressive coutumière à l'endroit des soldats. "Je vous ordonne d'écraser votre ennemi", a-t-il lancé. "Quand je dis écraser, vous devez tout détruire, y compris des vies".

Mais une victoire militaire rapide semble de plus en plus irréaliste.

Le ministre Lorenzana, qui avait lui aussi fixé un délai de 10 jours écoulé ce weekend, a souligné que par le passé, les affrontements avec les islamistes débouchaient sur leur débandade. Cette fois-ci, ils se montrent plus déterminés. "Normalement, dans ce type de conflit, les combattants déguerpissent et se cachent dans les montagnes. De manière surprenante, ils se sont retranchés là et attendent de combattre, peut-être jusqu'au dernier".

 

 

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