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Liban - Libertés publiques

L’État veut-il réellement sauver la presse écrite ?

C'est bien connu, universellement. Il n'y a pas de démocratie, une démocratie véritable, sans presse libre et indépendante. Et dans le cas précis du Liban, nul ne saurait contester que l'une des particularités du pays du Cèdre, ce qui le distingue de nombre de pays dans la région, est l'existence d'une presse libre et indépendante. D'aucuns diront qu'il s'agit là de lieux communs, d'une lapalissade. Certes. Sauf que certains hauts responsables officiels ne paraissent pas percevoir une telle réalité à sa juste valeur. Ou, tout au moins, ils feignent de le faire et s'emploient à occulter ou banaliser la grave crise dans laquelle se débat la presse écrite.

Les Libanais ont pu suivre ces derniers mois la flopée d'informations portant sur les difficultés chroniques auxquelles est confrontée la quasi-totalité des organes de presse au Liban. De très nombreux confrères n'ont pas encaissé leurs salaires depuis plus d'un an, et les journaux qui résistent le font au prix d'une politique d'austérité et de coupes budgétaires qui risquent de menacer leur existence et leur pérennité. Conscient de la gravité de la situation, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, se basant sur des propositions faites par son prédécesseur Ramzi Jreige, a transmis récemment au Conseil des ministres une série de projets de loi visant à soutenir la presse écrite. Ces projets dont M. Riachi s'est fait le porte-étendard depuis qu'il a pris en charge ses fonctions ministérielles portent essentiellement sur diverses mesures concrètes : exemptions fiscales ; exemptions douanières sur l'importation de papier ; tarifs réduits pour les factures de téléphone et d'internet ; facilités au niveau des cotisations à la CNSS ; et, surtout, un soutien équivalent à 500 livres libanaises par numéro vendu.

 

(Lire aussi : Le président de la commission parlementaire de l'Information promet que la liberté de la presse sera toujours protégée)

 

En dépit de la menace réelle et concrète qui pèse sur la presse écrite, ces projets de loi n'ont pas été – contre toute attente – inscrits à l'ordre du jour de la séance du Conseil des ministres qui se tient aujourd'hui, ce qui a provoqué l'ire de plusieurs responsables de journaux qui s'interrogent sur les raisons pour lesquelles ces projets ont été exclus de l'ordre du jour et qui se demandent si l'État veut réellement sauver la presse écrite dans le pays. Cette omission et un tel atermoiement sont d'autant plus déplorables que c'est le sort de centaines de familles qui est en jeu. Pourtant, les mesures proposées par Melhem Riachi n'entraînent que des charges budgétaires de moins de 7 millions de dollars par an. Ce montant modeste, en comparaison avec les centaines de millions de dollars de gaspillage et de dilapidation de fonds publics, serait-il jugé excessif pour sauver la presse et éviter que les journalistes se retrouvent sans ressources ?

 

(Pour mémoire : Une nouvelle loi verra bientôt le jour, affirme Riachi)

 

Une comparaison s'impose sur ce plan. En France, une aide de 130 millions d'euros a été accordée en 2015 par l'État français à 326 titres de la presse écrite, nationale et régionale. Ce soutien comprend une aide par exemplaire. À titre d'exemple, Le Monde a reçu une aide de 5,4 millions d'euros, Libération 6,49 millions d'euros, Le Figaro 6,45 millions, La Croix 4,4 millions et L'Humanité 3,5 millions. L'État français verse aussi, à titre d'exemple, une aide aux publications à faibles ressources publicitaires ainsi qu'une aide sociale au bénéfice des anciens salariés du titre de presse. Les journalistes libanais n'en demandent pas tant. Mais messieurs les responsables officiels, un soutien de 6 ou de 7 millions de dollars par an serait-il un prix trop élevé pour sauver la vocation et l'une des principales spécificités du Liban, la presse indépendante, pierre angulaire d'une démocratie véritable au pays du Cèdre ?

 

Pour mémoire

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C'est bien connu, universellement. Il n'y a pas de démocratie, une démocratie véritable, sans presse libre et indépendante. Et dans le cas précis du Liban, nul ne saurait contester que l'une des particularités du pays du Cèdre, ce qui le distingue de nombre de pays dans la région, est l'existence d'une presse libre et indépendante. D'aucuns diront qu'il s'agit là de lieux communs, d'une...

commentaires (5)

IL N,Y A QUE DEUX A TROIS JOURNAUX LIBRES ET DIGNES DE CE NOM...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 27, le 04 mai 2017

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Commentaires (5)

  • IL N,Y A QUE DEUX A TROIS JOURNAUX LIBRES ET DIGNES DE CE NOM...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 27, le 04 mai 2017

  • Sans presse écrite, il n'y a pas d'Etat. Sans liberté de la presse, il n'y a pas d'Etat. Sans journalistes libres, il n'y a pas d'Etat. Mais, le Liban est-il encore un Etat digne de ce nom ? C'est ça la question !

    Un Libanais

    15 h 52, le 04 mai 2017

  • Pourquoi ne pas créer un fond mutuel indépendant, et ouvert à tous les donateurs et/participants , identifiables ..., cela serait un outil financier , qui pourrait permettre de financer par exemple, les difficultés financières liées au passage au numérique ...

    M.V.

    11 h 40, le 04 mai 2017

  • esperons bien que le gouvernement saura faire ce qu'il faut . MAIS a condition que sa generosite se limite a aider les journeaux qui sont financierement independants ,ne sont donc pas DEJA "" subventionnes "" par des parties libanaises et/ou etrangeres. j'ose croire que ces derniers sont majoritaires ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 36, le 04 mai 2017

  • les politiques ne touchent pas de commission ??

    Talaat Dominique

    09 h 25, le 04 mai 2017

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