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Culture - Exposition

Quand la destruction du passé est sujet et objet de sculpture...

Les nouvelles œuvres de Bassam Kyrillos dénoncent l'état de délabrement chaotique de Beyrouth.

« The Museum ». Aluminium et platine (50 x 98 x 38 cm)

Enfant de la mer né à Byblos, Bassam Kyrillos, à 46 ans, promène son regard, son savoir-faire et son faire savoir dans les rues et sous le ciel de Beyrouth. Là où les stigmates de la guerre sont encore parfaitement visibles, ont des plaies béantes et jamais cautérisées. Mais en même temps, l'artiste a une perception désabusée de la terre, puisqu'il la représente comme cette orange bleue d'Éluard, mais sinistrement perforée et trouée comme un gruyère... C'est dire aussi que le mal-être n'est pas l'exclusivité du pays du Cèdre.
La même métaphore d'expression enveloppe toutes les sculptures en aluminium recouvertes d'une couche argentée ou d'une violente peinture bleutée et ocre qu'il présente à la galerie Mark Hachem, sous l'intitulé Le chaos. Une sculpture moderne aux alliages insoupçonnés, aux alliances audacieuses, parfois même criardes, et aux matériaux qui oscillent entre opacité et translucidité.

 

Bribes d'architecture...
Des pans d'immeubles effondrés, des tours éventrées, de vieilles demeures branlantes mais encore debout, des façades grêlées et des dômes d'église avec coupoles et croix défiant haine et acharnement à la destruction, le musée de la guerre à Sodeco d'une invincible fierté, des éclats de pierre accrochés au mur (ensemble disparate intitulé Le Petit poussé, et non Poucet...) sont autant de vibrants témoignages d'un passé douloureux et explosif.
À travers ces bribes de l'architecture d'une ville qui a subi en toute impunité guerre civile et intenses échanges d'artillerie lourde, une visite guidée et impromptue d'un passé particulier qui domine encore le présent et marque indélébilement les lieux et les êtres...

 

...et corps fossilisés
Mais il y a aussi un aspect humain avec des corps et des bustes féminins recouverts d'écailles comme échappant à une vie différente. Des corps (avec des pieds palmés) fossilisés, jaillis d'un monde marin comme d'une Atlantide engloutie ; un obélisque mystérieux de plus de deux mètres ; un totem chargé de signes et de dessins à décrypter et à déchiffrer ; un arbre de vie qui se dresse avec des béances comme pour mieux faire chanter le vent... Presque une invitation pour une lecture des temps modernes et des temps enfuis qui se superposent dans un chaos de labyrinthe, sans jamais livrer tout le mystère, le sens, la portée d'une vie.
Esthétiquement, ce sont des œuvres qui tiennent leur part de beauté de toutes les destructions que l'homme inflige à la nature, à ce qu'il érige pourtant avec tant d'(im)patience et de labeur. Un monde en ruine qui a ses singuliers attraits de silence, de solitude, de chaos, de désordre, de stridence et de nostalgie. Tel un chantier qui a perdu son maître d'œuvre...


Galerie Mark Hachem
Jusqu'au 6 mai, Mina el-Hosn, imm. Capital Garden, rez-de-chaussée. Du lundi au samedi, de 10h à 20h. Tél. 70-949029.

 

Pour mémoire

Bassam Kyrillos et ses sculptures inaugurent Artspace

Enfant de la mer né à Byblos, Bassam Kyrillos, à 46 ans, promène son regard, son savoir-faire et son faire savoir dans les rues et sous le ciel de Beyrouth. Là où les stigmates de la guerre sont encore parfaitement visibles, ont des plaies béantes et jamais cautérisées. Mais en même temps, l'artiste a une perception désabusée de la terre, puisqu'il la représente comme cette orange...

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