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À La Une - Liban

Le sit-in des camionneurs sur les routes libanaises dégénère

Le ministre de l'Intérieur menace de recourir à la force.

Les propriétaires de camions ont coupé mercredi matin de nombreuses routes à travers le Liban. Photo Ani.

Les camionneurs ont coupé mercredi matin de nombreuses routes à travers le Liban pour manifester contre la fermeture des carrières dans lesquelles ils travaillent. Les embouteillages monstres provoqués par les sits-in des camionneurs ont déclenché la colère des automobilistes.

Le 20 avril, le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait pris la décision de stopper pendant un mois l'exploitation des carrières et le transport des matériaux issus de cette exploitation sur l'ensemble du territoire libanais, sans préciser les motifs de cette décision. Dans un communiqué, il avait expliqué avoir pris cette décision en concertation avec le ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, le Premier ministre Saad Hariri et le président Michel Aoun, ajoutant que le dossier sera abordée en Conseil des ministres durant ce mois.

S'insurgeant contre cette décision, les conducteurs de poids-lourds ont organisé des sits-in, mercredi pour la deuxième journée consécutive, notamment sur le boulevard d'Ouzaï, au sud de Beyrouth, l'autoroute de Safra (Kesrouan) en direction de la capitale, la voie rapide de Zahrani, au sud de Saïda, dans les deux sens, et la route de Damas au niveau de Dahr el-Beidar. Vers midi, les protestataires ont décidé de rouvrir la voie rapide de Zahrani pour une durée de deux heures afin de réduire les embouteillages.

Une dispute a dégénéré sur la voie Ouzaï-Costa Brava au moment où les camionneurs bloquaient cet axe. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent un homme briser les vitres d'une voiture avec un bâton.

 

 

On y voit également plusieurs hommes en venir aux mains alors que le trafic est interrompu.

 

A 11h, Nouhad Machnouk a demandé aux propriétaires de camions de rouvrir toutes les routes bloquées mercredi matin. Il leur a accordé un délai d'une heure, les menaçant de recourir à la force.

En fin d'après-midi, le Conseil central de sécurité au ministère de l'Intérieur s'est réuni sous la direction de M. Machnouk. A l'issue de cette réunion, le ministre a ordonné aux forces de sécurité et à l'armée de "prendre toutes les mesures sécuritaires, à partir de jeudi matin, pour empêcher les coupures des axes routiers et permettre aux automobilistes de se déplacer librement et en toute sécurité (...)".

Le Conseil a dans ce contexte demandé aux forces armées de "prendre les mesures nécessaires conformément à la loi, et de manière ferme afin que de tels mouvements de contestation ne se reproduisent plus à l'avenir".

 

 

 

 

Les camionneurs suspendent leur travail
Deux heures plus tard, le président du syndicat des propriétaires de camions, Chafic Kassis, a pris la parole, annonçant que les camionneurs allaient suspendre leur travail à partir de demain.

"Nous allons arrêter de travailler à partir de demain matin parce que ces décisions injustes ne nous conviennent pas", a déclaré M. Kassis lors d'une conférence de presse. "Nous sommes prêts à coopérer avec le ministre de l'Intérieur et régler les choses de manière pacifique parce qu'il est inacceptable que nous continuions à bloquer les routes. Nous le faisons malgré nous", a-t-il ajouté. Selon M. Kassis, "chaque camion fait vivre cinq familles". "Ces familles ont choisi de vivre au Liban plutôt que de partir, et nous devons les aider", a-t-il lancé.

Interrogé par les journalistes au sujet des menaces de M. Machnouk de recourir à la force si les routes restaient bloquées, il a affirmé que ce dernier a raison. Il a toutefois précisé que les camionneurs se garent sur le rebord de la route et ne bloquent pas totalement les axes routiers.
"Nous appelons le président de la République, le Premier ministre, le président de la Chambre et le ministre de l'Intérieur à intervenir pour régler notre problème", a conclu M. Kassis.

 

"Nous rejetons toute atteinte aux citoyens"
Bassam Tleis, président de la fédération des syndicats des transporteurs terrestres, a de son côté dénoncé dans un communiqué les sits-in des camionneurs et les violences qui ont eu lieu ce matin. "Nous rejetons catégoriquement toute atteinte aux citoyens, que ce soit à travers le blocage des routes ou à travers l'agression des automobilistes", a-t-il affirmé. Et de poursuivre : "Nous ne sommes pas concernés par les propriétaires des carrières et par leurs intérêts", estimant qu'il était inacceptable que les camionneurs soient des outils aux mains de ces propriétaires. M. Tleis a dans ce contexte appelé les camionneurs et leur syndicat à débloquer immédiatement toutes les routes et à former une commission pour mener les contacts avec les responsables concernés et parvenir à leur objectif.

Lors de sa réunion hebdomadaire avec des députés, le chef du Législatif, Nabih Berry, a également critiqué le mouvement de contestation des camionneurs et rappelé dans le même temps que les carrières ont "défiguré de nombreuses régions et nuit à l'environnement".

 

 

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La fermeture des carrières doit en effet durer au moins un an à cause de notre nature tristement défigurée.

Antoine Sabbagha

14 h 19, le 26 avril 2017

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Commentaires (1)

  • La fermeture des carrières doit en effet durer au moins un an à cause de notre nature tristement défigurée.

    Antoine Sabbagha

    14 h 19, le 26 avril 2017

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