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Liban

Badguèr, ou la renaissance du peuple arménien

Avec l'aide de la communauté arménienne, Arpie Mangassarian fait vibrer, dans une jolie bâtisse de Bourj Hammoud, les souvenirs de ce peuple martyrisé.

Les chants arméniens résonnent dans la salle à manger. Photo Clotilde Bigot

C'est une maison rose, nichée à l'angle d'une rue à Bourj Hammoud, rue Der Melkonian, qui célèbre la « renaissance du peuple arménien ». Voilà comment Arpie Mangassarian, directrice de l'établissement, décrit son association, Badguèr. Depuis 2012, cette bâtisse propose de faire revivre la culture arménienne, au travers d'expositions, d'ateliers, mais aussi via son restaurant. « Notre famille a grandi dans l'amour et dans la musique. C'est cette joie que je veux transmettre aux nouvelles générations », affirme Arpie.

Depuis le 22 avril, la maison abrite une série d'événements sous le thème : « Tu vivras mon enfant. » Il s'agit de deux mois « au cours desquels la maison va grouiller de vie », explique la directrice, des étoiles dans les yeux. Deux mois entiers de fête, de commémoration, non pas dans la tristesse mais dans la joie, pour rendre hommage à son peuple. Pourquoi deux mois entiers, et non pas une seule journée, le 24 avril ? Arpie répond : « Une commémoration uniquement le 24 du mois est une forme d'hypocrisie. Elle représente une vague d'émotion qui traverse la communauté ce jour-là, mais que fait-on le 25 ? Pour nous, c'est tout avril qui est marqué par le génocide. Nous comptons consacrer deux mois entiers pour marquer la renaissance de notre peuple, la vie. »
À cette fin, durant la journée, l'association organise deux ateliers jusqu'à fin juin. Le premier, l'apprentissage du kilim, tapisserie arménienne, sera enseigné par une spécialiste qui fait le voyage depuis l'Arménie, sur des petites planches à tisser, conçues pour l'événement. Chaque participant repartira avec son tissage, afin de le garder en souvenir. L'autre activité proposée par la maison comprendra des cours de danse folklorique. Arpie espère la présence d'une soixantaine de personnes et un grand spectacle à la fin des deux mois de célébration. « Dans mon imaginaire, tout le monde dansera dans la rue, juste devant la maison, et de grands applaudissements salueront la performance », se plaît-elle à rêver. Les différents cours sont à réserver à l'avance directement avec la maison, par téléphone ou par e-mail (info@badguèr.org).

Le soir sont organisés de grands repas arméniens autour d'un buffet, mais aussi des concerts. Un quartette de musiciens a donné samedi dernier le concert de lancement. De la musique classique arménienne, du violoncelle, du violon, du piano et de la flûte traversière pour le démarrage des festivités. Le tout, dans une salle au premier étage, tout en longueur. À côté, une grande pièce abrite une exposition originale, celle de statues métalliques, créées par un jeune artiste, Gregor Ishkhanian, bercé dans la ferronnerie. Gregor Ishkhanian redécouvre les formes du visage humain, de la gravité et de l'équilibre, mais dans un matériau dur, travaillé de manière subtile qui donne un aspect de légèreté. Une métaphore de cette maison, qui offre de la joie et de la légèreté à l'histoire dure et tragique du peuple arménien.
Les événements, qui sont principalement organisés pour la communauté arménienne du Liban, sont cependant ouverts à tous. « Tout le monde est le bienvenu », exulte la directrice.

 

(Lire aussi : Marie, un siècle, ou presque, d'histoire arménienne...)

 

Une communauté solidaire
La famille Mangassarian est à l'image de la communauté arménienne du Liban, très soudée. « Transmettre le patrimoine matériel et immatériel aux jeunes », tel est le but de Badguèr, qui œuvre dans ce sens depuis maintenant cinq ans. Dans l'atelier, à l'entrée, l'on peut voir et acheter des broderies faites main, des petites pièces indémodables, mais aussi des bijoux inspirés de la broderie arménienne, afin de mêler mode et tradition. Des petits objets qui peuvent se vendre facilement et incitent les plus jeunes à perpétuer leur culture, tout en l'adaptant aux normes de la mode actuelle.

Une grande salle avec plusieurs tables est toujours prête pour accueillir les convives autour du buffet, et de la musique, encore. Un chanteur, un guitariste et un pianiste sont présents. Entre deux bouchées, ils entonnent des musiques arméniennes, mais aussi arabes, françaises et anglaises, pour le plus grand plaisir des convives. Le patrimoine arménien se transmet au travers de sa communauté, mais se disperse dans le monde.
À travers la maison Badguèr, il se perpétue : faire vibrer la vie, pour oublier le souvenir de la mort, guérir le traumatisme d'un peuple au moyen de l'art, des coutumes et de la culture.

 

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C'est une maison rose, nichée à l'angle d'une rue à Bourj Hammoud, rue Der Melkonian, qui célèbre la « renaissance du peuple arménien ». Voilà comment Arpie Mangassarian, directrice de l'établissement, décrit son association, Badguèr. Depuis 2012, cette bâtisse propose de faire revivre la culture arménienne, au travers d'expositions, d'ateliers, mais aussi via son restaurant....

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