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Liban - Rencontre

Berge Sétrakian : Nous voulons que les jeunes soient fiers de l’Arménie

La communauté doit à présent s'impliquer dans les différentes causes internationales, estime le président de l'Union générale arménienne de bienfaisance.

Berge Sétrakian (au milieu). Photo tirée du site agbu.org

Berge Sétrakian est né et a grandi au Liban, où il a fait ses études à l'Université Saint-Joseph, avant de s'installer à New York où il exerce depuis 40 ans le métier d'avocat. Membre de l'Union générale arménienne de bienfaisance (Ugab) depuis 1977, il en est le président depuis 2002. L'Orient-Le Jour l'a rencontré lors d'un récent séjour à Beyrouth, à l'occasion d'un séminaire de l'Ugab à l'AUB le 9 décembre, Journée internationale des génocides, sur le thème du génocide et des leçons à en tirer pour la prévention et la protection.

Le séminaire du 9 décembre fait partie des nombreuses activités organisées par l'Ugab aux quatre coins du globe. Cet événement a réuni des experts du Liban et d'Allemagne, ainsi que des travailleurs dans le domaine des droits de l'homme. Il en ressort une affirmation de la présence arménienne dans le monde et un appel à plus d'engagement de la part de la société civile.

« Après 100 ans de manifestations et de revendications, nous sommes arrivés au pic. Que faire maintenant ? Il faut poursuivre la revendication de la reconnaissance du génocide et des droits du peuple arménien. En même temps, nous disons au monde que, durant 100 ans, nous avons beaucoup souffert, mais maintenant nous nous tenons debout, nous avons une communauté répartie dans le monde et une nouvelle génération sans complexes. La communauté arménienne doit à présent s'impliquer dans les différentes causes de la communauté internationale », souligne Berge Sétrakian.

« Tant que les crimes sont impunis, ils se perpétuent. Si le génocide arménien avait été reconnu par la communauté internationale, il n'y aurait pas eu par la suite tous ces génocides au XXe siècle. On ne peut pas rester passifs. Il est temps que la majorité silencieuse bouge et c'est le devoir de toutes les communautés », estime M. Sétrakian. « La Turquie pensait qu'après 100 ans, même les Arméniens auraient oublié. Or après 100 ans, nous avons gagné car nous avons survécu et nous continuons à revendiquer nos droits », ajoute-t-il.

 

(Pour mémoire : Un seul message : se souvenir et demander réparation, pour que le crime ne se répète pas)

 

 

Une association internationale
L'Ugab est l'une des plus larges associations arméniennes au monde et assure une présence efficace dans 31 pays et 80 villes. Fondée au début du siècle dernier par Boghos Noubar Pacha, diplomate égyptien, l'Ugab est entièrement financée par les donations de mécènes et d'hommes d'affaires arméniens « qui ont aimé leur peuple et se sont engagés pour la nation arménienne ». Elle dispose d'un budget annuel de 45 millions de dollars par an.

« Boghos Pacha avait une vision qui allait au-delà de la bienfaisance. Pour lui, il était important de maintenir l'identité arménienne et encourager les Arméniens à rester sur leurs terres », déclare M. Sétrakian. En 1907, l'association fait sa première donation en envoyant des équipements agricoles en Anatolie. Ce n'est qu'après le génocide arménien, en 1915-1916, que l'Ugab s'engage dans l'humanitaire. Sous Staline, l'association bâtit des hôpitaux en Arménie soviétique. « Notre politique a toujours été de maintenir la terre et l'État. Dans les années 40, Staline avait décrété que tout groupe ethnique qui n'avait pas au moins un million d'habitants n'aurait pas droit au statut d'État. L'Ugab a financé le rapatriement de centaines de milliers d'Arméniens du monde occidental vers l'Arménie soviétique. Il s'agit d'une action politique par excellence », souligne Berge Sétrakian.

Au Liban, l'Ugab est très active dans le domaine de l'éducation, avec quatre écoles établies sur le territoire libanais. Elle dirige également, entre autres, l'association pour la jeunesse Antranik, ainsi que l'équipe de basket qui lui est affiliée. L'Ugab offre chaque année 600 bourses universitaires dans le monde. Elle a même lancé, sur son site internet (www.agbu.org), une université virtuelle qui enseigne la langue et l'histoire arméniennes et qui compte aujourd'hui 7 000 étudiants, dont 30 % sont des non-Arméniens.

 

(Pour mémoire : Au catholicossat d’Antélias, la fière affirmation de la jeunesse arménienne)

 

L'Ugab s'est donné aujourd'hui pour mission d'aider les réfugiés arméniens de Syrie à s'intégrer dans les pays hôtes. Elle soutient également les artistes arméniens et appuie l'accès du clergé arménien aux meilleures institutions éducatives.
« Il y a 40 ans, la priorité de nos bourses était aux étudiants en génie, en médecine et en art dentaire, parce qu'il y avait le complexe du génocide. On pensait qu'il fallait éduquer les Arméniens pour qu'ils aient des professions qu'ils pourront utiliser là où ils iront », dit M. Sétrakian. « Aujourd'hui, nous aidons les membres du clergé à avoir accès à une meilleure éducation, ainsi que les artistes. Le second violon de l'Orchestre philharmonique de Vienne est une Arménienne à qui nous avons donné une bourse. Si elle a la chance de devenir premier violon, on continuera encore. Nous voulons que les jeunes soient fiers de l'Arménie. Il nous faut construire des héros », conclut-il.

 

 

 

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