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Liban - En clair

Le débat sur Dieu*

« J'entends bruire un seul grand débat (...) c'est un débat sur Dieu », écrivait Jean Guitton, dans son Testament philosophique. Dans Un siècle, une vie, il s'interrogeait : « Qu'est-ce donc de nos jours que la métaphysique ? C'est, à mon sens, l'occupation incessante, inavouée, de tous les êtres raisonnables. C'est l'effort pour atteindre la réalité ultime, de quelque nom qu'on la nomme : être, néant, Dieu... »

Dans un Liban carrefour entre l'Orient et l'Occident, dans cette caisse de résonance intellectuelle et spirituelle qu'est notre pays, ni les élites ni les croyants ne peuvent se dérober au dialogue entre le christianisme et l'islam, comme au débat entre la foi et le relativisme séculier. C'est ce dont doivent se convaincre les universités, les séminaires, les instituts religieux et les centres de recherche, loin de la pensée lisse, loin du « prêt à penser », dans l'âpreté d'un débat philosophique, anthropologique et théologique sans concessions.
Car le débat sur Dieu est rien moins qu'un débat sur la vérité. Et l'on sait, à la suite de tous les philosophes, que c'est l'amour du vrai qui confère à l'homme sa plus haute dignité. Or il se fait que le débat sur la vérité – c'est encore Guitton qui parle –, « le terrorisme au nom de l'islam le repose avec force de nos jours ». Car, ajoute-t-il, on ne peut plus dire que « la seule vérité est l'accord avec soi : c'est la sincérité. Si tel est le cas, comment condamner le terroriste ? ». Mais où donc la vérité doit-elle être recherchée ?
Pas dans l'Occident d'aujourd'hui certes. L'Europe de « la mort de Dieu » telle qu'elle se reflète dans les médias et une partie de la littérature n'est plus, pour un croyant, un modèle de civilisation. Il faut relire Le drame de l'humanisme athée d'Henri de Lubac pour s'en convaincre. Après les illusions positivistes du XIXe siècle, après Comte, Feuerbach, Nietzsche et Marx, après les ravages des deux grandes idéologies athées, le nazisme et le communisme, et avec les interrogations lancinantes que soulève aujourd'hui le néolibéralisme économique, contre lequel s'élève avec tellement de vigueur et de justesse le pape François, le drame de « l'humanisme athée », ou encore « antithéiste » se pose avec encore plus d'acuité.
Un humanisme hostile à toute transcendance est-il concevable? Aussi bien historiquement que philosophiquement, la réponse à cette angoissante question est négative. La « mort de Dieu » a conduit à ce que le philosophe Nicolas Berdiaev a nommé justement « l'autodestruction de l'humanisme ». Nous sommes en train de vérifier expérimentalement que « là où il n'y a pas de Dieu, il n'y a point d'homme non plus ». Le cri Si Dieu est mort, alors tout est permis de Dostoïevski, dans Les frères Karamazov, retentit aujourd'hui, après les fours crématoires, le goulag et les « champs de la mort » du Cambodge, plus fort que jamais.
Qu'est devenu, en effet, l'homme de l'humanisme athée ? s'interroge en substance un commentateur d'Henri de Lubac. Un être qui n'a plus de valeur autre que celle que lui confèrent ses seuls repères sociaux et économiques, voire sa seule « volonté » avec tous les conditionnements que l'on sait; un être que rien n'empêche désormais d'utiliser comme un objet, comme outil, en vue de préparer quelque société future, ou d'assurer dans le présent même la domination d'un groupe privilégié ; un être enfin que rien n'interdit de rejeter comme inutilisable.
Nous avons exproprié Dieu de sa puissance, de sa vérité et de son amour, et nous utilisons son « ex-créature », que nous accommodons désormais à nos propres fins.
« Qui est l'homme des droits de l'homme ? » s'interrogeait Jean-Paul II, conscient que dans un monde où l'utilitarisme est roi, où tous les désirs et commodités deviennent des « droits », l'homme s'autodétruit.

* Cette rubrique, bimensuelle, à caractère socio-religieux se propose d'engager une réflexion en profondeur sur des sujets de société divers, concernant le Liban ou le monde, en général.

« J'entends bruire un seul grand débat (...) c'est un débat sur Dieu », écrivait Jean Guitton, dans son Testament philosophique. Dans Un siècle, une vie, il s'interrogeait : « Qu'est-ce donc de nos jours que la métaphysique ? C'est, à mon sens, l'occupation incessante, inavouée, de tous les êtres raisonnables. C'est l'effort pour atteindre la réalité ultime, de quelque nom qu'on...

commentaires (11)

Non, Mr., votre rubrique le débat sur Dieu, élaborée rapidement de la sorte avec quelques citations telles que là où il n'y a pas de Dieu, i l n'y a point d'homme, est déjà biaisée et superficielle... Qu'on le veuille ou non, depuis plus d'un siècle que des penseurs libres, des génies scientifiques ont osé remettre en question les stupides réalités mythologiques des soit-disant religions monothéistes révélées, la condition et le bien-être humain ont fait un saut colossal... Au contraire, depuis que nous comprenons mieux les vérités de notre origine, de notre évolution parmi les espèces vivantes, notre place dans l'univers, notre condition humaine commune et notre empathie mutuelle innée, un nouvel humanisme et moralité ont été découverts, loin de ces notions obsolètes de pécher originel, qui culpabilisait le monde des la naissance, faisant vivre les gens dans une réalité virtuelle et hypocrite du châtiment éternel ou d'un au-delà meilleur... En tous cas, je suis d'accord avec votre introduction, que le seul grand débat, c'est l'effort d'atteindre la réalité ultime: seule, la rigueur scientifique, l'absence de vérités absolues non vérifiables, de préjugés et de superstitions nous aideront dans ce sens.

Saliba Nouhad

15 h 21, le 04 avril 2017

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Commentaires (11)

  • Non, Mr., votre rubrique le débat sur Dieu, élaborée rapidement de la sorte avec quelques citations telles que là où il n'y a pas de Dieu, i l n'y a point d'homme, est déjà biaisée et superficielle... Qu'on le veuille ou non, depuis plus d'un siècle que des penseurs libres, des génies scientifiques ont osé remettre en question les stupides réalités mythologiques des soit-disant religions monothéistes révélées, la condition et le bien-être humain ont fait un saut colossal... Au contraire, depuis que nous comprenons mieux les vérités de notre origine, de notre évolution parmi les espèces vivantes, notre place dans l'univers, notre condition humaine commune et notre empathie mutuelle innée, un nouvel humanisme et moralité ont été découverts, loin de ces notions obsolètes de pécher originel, qui culpabilisait le monde des la naissance, faisant vivre les gens dans une réalité virtuelle et hypocrite du châtiment éternel ou d'un au-delà meilleur... En tous cas, je suis d'accord avec votre introduction, que le seul grand débat, c'est l'effort d'atteindre la réalité ultime: seule, la rigueur scientifique, l'absence de vérités absolues non vérifiables, de préjugés et de superstitions nous aideront dans ce sens.

    Saliba Nouhad

    15 h 21, le 04 avril 2017

  • Profond et philosophique. Des moments de réflexion intense, mais svp pouvez vous nous dire si Scarlett HADDAD va continuer à écrire dans votre journal , depuis qu'il a été " rénové " ? Merci .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 46, le 04 avril 2017

  • "« Qui est l'homme des droits de l'homme ? » s'interrogeait Jean-Paul II." ! En tout cas sûrement pas LUI, surtout pour ce qui concerne les droits de l'homme en Afrique ou en Amérique Latine et, en sus, ceux de La Femme dans Le Monde.... E La Nave Va !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 12, le 04 avril 2017

  • "Qu'est devenu, en effet, l'homme de l'humanisme athée ? Un être qui n'a plus de valeur autre que celle que lui confèrent ses seuls repères sociaux, voire sa seule « volonté » avec tous les conditionnements que l'on sait." ! Oui, bon, passons. Mais pourquoi insister tant sur sa "seule volonté!", et non e.g. sur.... Sa Seule MORALE ? Léééh ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 57, le 04 avril 2017

  • "Le néolibéralisme économique, contre lequel s'élève avec tellement de vigueur le pape François." ! Oui, bon, à part "s'élever!", que fait-il donc de concret le François afin de le contrer à ce ; yâââï ; "néolibéralisme économique" ! Donc : Coup Nul !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 48, le 04 avril 2017

  • SUPERBE ! MAIS OU L,A-T-ON FAIT PASSER A DIEU ? DE L,AMOUR A LA HAINE... DE LA JUSTICE A L,INIQUITE... DE DIEU A SATAN !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 48, le 04 avril 2017

  • "Le néolibéralisme économique, contre lequel s'élève avec tellement de vigueur le pape François." ! Oui, bon, à part "s'élever!", il ne fait RIEN de concret ce François afin de le contrer à ce ; yâââï ; "néolibéralisme économique" ! Et donc, "résultat?" : NUL !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 33, le 04 avril 2017

  • "Après les ravages des deux grandes idéologies athées, le nazisme et...." ! Le Nazisme prônait donc l'athéisme ? Que nenni ! Pour les nazis, le christianisme devait être nazifié en « Christianisme Positif », les bases de cette pensée étant le rejet surtout des origines JUIVES de ce christianisme via l'Ancien Testament. Un point c'est tout. Le Nazisme ne prônait donc nullement l'athéisme.... Et il ne faut donc point comparer Communisme et Nazisme.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 23, le 04 avril 2017

  • La reconnaissance du divin dans l'autre est en effet essentielle mais il faut aussi constater combien l'Un ne supporte pas le Multiple au cœur du MO et du monothéisme....d'où la nécessité de séparer la foi de la politique et plus encore d'en débattre....

    Beauchard Jacques

    09 h 57, le 04 avril 2017

  • Excellent cible ,vrai merci c'est a mediter...nous sommes fiers de vous Mr Fady...c'est le vrai Liban...que Dieu vous garde...

    Soeur Yvette

    09 h 30, le 04 avril 2017

  • Tout simplement wow magnifique !!! J pense pour ma part que c'est une autre cause de la montée en puissance des extrêmes (droite)

    Bery tus

    06 h 58, le 04 avril 2017

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