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Moyen Orient et Monde - Chronique / Sur un air de campagne

Macron, l’illusion d’optique

Emmanuel Macron lors d’un meeting électoral à Saint-Priest-Taurion. Pascal Lachenaud/AFP

« Je veux être président, je vous ai compris et je vous aime », s'époumonait Emmanuel Macron le 18 février dernier à Toulon. De Gaulle et Jésus dans une même phrase. Macron c'est ça. L'ambivalence. Des phrases qui sonnent bien, mais ambiguës. Jésus est mort crucifié et les rapatriés d'Algérie n'ont jamais pardonné à Charles de Gaulle son « Je vous ai compris ». Comme images positives, on a déjà vu mieux.

Macron s'en moque. Macron paraphrase, oxymore... Il veut plaire à toutes et tous. Il butine. Il clientélise. Macron est un homme de gauche pas vraiment à droite, doublé d'un homme de droite pas tout à fait à gauche. Un ovni dans le paysage politique français. Depuis sa démission du gouvernement Hollande, il a pris son bâton de pèlerin et sillonne la France avec une certaine bienveillance et un verbe incantatoire. Il galvanise les foules de Lyon à Lille, en passant par Paris. « Lève-toi et marche », peuple de France... Et son mouvement a été baptisé En Marche ! , acronyme qui, soit dit en passant, correspond à ses initiales. Mieux ou pire, En Marche ! pourrait se traduire en anglais par Eh Go ! . Ego, qu'il a de surdimensionné. Macron sème. Emmanuel s'aime. Et même s'il est taxé de « gourou » par le candidat de droite, ou de « champignon hallucinogène » par le candidat de la gauche radicale. Et même s'il est attaqué par ses adversaires sur son absence de programme concret. Et même si depuis quelques jours il enchaîne les impairs et les polémiques, Macron est toujours donné dans le trio de tête de la course à l'élection présidentielle.

Mais, la semaine passée, l'air est devenu difficilement respirable, voire vicié. Alors, Macron a, une fois encore, brillé dans son rôle de grand illusionniste. Il a fait sortir de son chapeau le centriste François Bayrou pour sceller une alliance-clé. François Bayrou, en fin lettré, a alors endossé les habits de Hamlet, une main sur le cœur, l'autre tenant le crâne de Jean Lecanuet, et, tout en se demandant s'il fallait être ou ne pas être, le Béarnais s'est rallié au panache de Macron. L'effet Bayrou se fait sentir... dans l'instant. Les sondages publiés hier soir montrent que le soutien du maire de Pau fait bondir Macron juste derrière Marine Le Pen.

Cette alliance n'est qu'un effet d'optique. Réussi, certes. Mais ce n'est qu'une illusion. Le MoDem n'est plus. Aucun militant et pas plus d'élus à l'horizon.
Macron avait besoin d'allumer un contre-feu. De marquer les esprits quelques jours avant de présenter son programme qui, pour l'heure, se résume à un regard et un style.
Expert en amphibologie, Macron sait qu'il va devoir maintenant aborder le fond en espérant ne pas le toucher. Jouer la forme à fond. Que ses adversaires vont le sommer d'être précis. Qu'il va devoir zigzaguer comme si de rien n'était.
Emmanuel Macron va tenter une dernière fois de faire illusion, mais il ne doit pas ignorer la célèbre formule du cardinal de Retz qui dit : « On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment. »

*Frédéric Picard est rédacteur en chef du Figaro.fr

 

 

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« Je veux être président, je vous ai compris et je vous aime », s'époumonait Emmanuel Macron le 18 février dernier à Toulon. De Gaulle et Jésus dans une même phrase. Macron c'est ça. L'ambivalence. Des phrases qui sonnent bien, mais ambiguës. Jésus est mort crucifié et les rapatriés d'Algérie n'ont jamais pardonné à Charles de Gaulle son « Je vous ai compris ». Comme images...

commentaires (7)

Sur le style "Frédéric Picard", mouais. Par contre, j'en ai appris davantage en regardant les "Lapins crétins" que dans la dernière impression de Fifi, ce summum de la poésie lyrique... J'ai bien failli, je crois, en avaler à nouveau mon animal familier favori (une couleuvre de 15m de long), et elle commence à avoir sacrément du mal à passer.

Carfagnini Etienne

16 h 51, le 27 février 2017

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Commentaires (7)

  • Sur le style "Frédéric Picard", mouais. Par contre, j'en ai appris davantage en regardant les "Lapins crétins" que dans la dernière impression de Fifi, ce summum de la poésie lyrique... J'ai bien failli, je crois, en avaler à nouveau mon animal familier favori (une couleuvre de 15m de long), et elle commence à avoir sacrément du mal à passer.

    Carfagnini Etienne

    16 h 51, le 27 février 2017

  • S'il venait à être élu , qu'à Dieu ne plaise , qu'est ce que ça changerait de la politique paralysante de son prédécesseur hollandouille ? A part annoncer 5 ans de mandats bancal qu'auront nous d'autres ? La France comme l'amérique de trum-pète en ce moment va passer son temps à rien faire qu'à aboyer dans tous les sens .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 30, le 27 février 2017

  • Dernier "produit socialiste médiatisé" de la dernière nomenklatura au pouvoir en Europe ,hélas, Macron n'a pas la carrure de l'emploi et personne ne veut et n'a les moyens en France, de financer encore du socialisme aussi improductif ...qu'ultra couteux ...Macron après avoir était depuis 2013, conseiller de Normal 1er ,puis son ministre des finances..! , puis ministre démissionnaire ...! son bilan avec Normal 1er est catastrophique...avec 5,6 millions de chômeurs et 2600 milliards de dettes d'état (pour ne prendre que 2 exemples connus), alors vendre du rêve de gauche ,même avec la force de désinformation des médias d'état et de la presse de gauche , sera extrêmement difficile...!

    M.V.

    11 h 11, le 27 février 2017

  • j'aime bien , mais seulement parce que le discours de mr Macron ET les reactions des francais font que je me plains plus du tout de ceux des libanais . ""Khayy"", il est certain que nous ne sommes pas du tout si loin des pays dits civilises.

    Gaby SIOUFI

    10 h 56, le 27 février 2017

  • Pas d'accord sur le fond - Macron est le seul rempart à Marine Le Pen - mais admirative du style et de la culture politique de Frédéric Picard. À défaut d'eau bénite, trempez votre plume dans les sondages édifiants à quelques semaines des élections.

    Marionet

    08 h 59, le 27 février 2017

  • Macron moulin a vent ou moulin a parole c'est du tout au meme

    Tabet Ibrahim

    08 h 05, le 27 février 2017

  • Illusion d'optique? Oui,bien sûr! Mais ça marche! Les sondages en font foi. La démocratie ne serait-elle qu'un spectacle de music-hall? Une campagne électorale, un numéro de prestidigitation?

    Yves Prevost

    07 h 04, le 27 février 2017

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