Il y a dans l'air quelque chose de lourd, de trouble, de violent, un soupçon de désespoir mélangé à des effluves de possible(s). Jamais personne n'aurait imaginé que cette campagne présidentielle nous ferait subir un tel trou d'air intellectuel, une si forte déshérence, une perte de tant d'oxygène.
Dans ce Dallas sur Sarthe, depuis quelques semaines, le ton a changé. François, le père, déploie avec audace, panache pour certains, toute sa hargne contre les médias accusés de « lynchage ». Fronçant le sourcil tout en diminuant d'une octave, l'homme qui se présente comme un candidat « maltraité par le système médiatique » vilipende la presse qui l' « assassine politiquement ». La stratégie antisystème remplit son office. Comme les journalistes sont presque aussi détestés par l'opinion publique que la classe politique, l'habile monsieur François exploite le filon... Les foules éructent. Les salles s'embrasent. Condorcet, d'où il est, doit bien rire, lui qui déjà en 1792 écrivait : « Tout homme, qui fera profession de chercher la vérité et de la dire, sera toujours odieux à celui qui exercera l'autorité. »
Fillon, en bon disciple de Machiavel, sait que l'attaque est la meilleure défense. Fillon, en bon chrétien, espère que son acte de contrition, en présentant ses excuses aux Français, pourra l'absoudre. Mais, l'essentiel est-il là ? Fillon, parangon ou non de vertu, est-ce fondamental pour l'avenir de la France? Non. Naturellement, son « Un homme politique se doit d'être irréprochable » se referme sur lui comme les crocs d'un loup. Fillon est responsable de cet état de fait. Il a trop accolé morale et politique. Pour autant, la moralisation de la vie politique est-elle la garantie d'obtenir un leader efficace et apte à engager les réformes nécessaires pour notre pays ? Non. Existe-t-il, alors, un leader tout à la fois moralement insoupçonnable et politiquement et économiquement efficace ? Pas plus. Et ce parce que l'humain est imparfait.
D'ailleurs nous, le peuple... sommes-nous irréprochables? Non, nous ne sommes pas plus vertueux. On ne regarde que nos intérêts. On refuse à autrui ce que l'on s'accorde à soi-même.
La vertu ne peut donc, et ne doit pas tenir lieu de compétence et surtout pas de programme. Qu'on en finisse avec cette mauvaise série B qui n'avait pas de plan. Il serait plus sain de laisser la justice faire son travail et que les candidats parlent enfin de l'avenir des Français. Plus personne ne discute des programmes, encore moins des idées. Il serait temps.
Dans cette France hypnotisée, engluée, tiraillée, on pense à Lichtenberg qui, à quelques encablures de la Révolution française, disait : « La France est en fermentation ; donnera-t-elle du vinaigre ou du vin, on l'ignore encore. »
*Frédéric Picard est rédacteur en chef du « Figaro.fr. ».
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commentaires (4)
J'écoutais hier Marine Le Pen sur LCI, elle disait une fois au pouvoir je vais demander aux bi nationaux de choisir une bonne fois pour toute leur nationalité entre le 2 . C'est son choix et sa décision si elle est élue. Mais me retournant devant mes compatriotes libanais je leur pose cette question , quel serait leur choix? Bien entendu ceux qui ne voient pas en Marine un menace choisiront de rester français malgré tout. Mais alors pour ceux qui n'aiment pas cette personne et sa politique accepteraient elles de renier la nationalité française pour rester libanaise ? Même si comme on le voit et pour 5 ans le président Phare Aoun viendrait à diriger notre pays avec l'alliance déclarée clairement qu'il était pour la résistance du hezb et par conséquent pour la Syrie légitime du héros BASHAR ? En d'autres termes , préféreront ils Bashar à Marine ou l'inverse ?
FRIK-A-FRAK
15 h 26, le 13 février 2017