Une lettre envoyée par d'anciens présidents et chef de gouvernements libanais a semé mardi la confusion au niveau de la délégation officielle qui représente le Liban au sommet annuel de la Ligue arabe qui s'ouvre mercredi à Amman en Jordanie, rapporte mardi le quotidien libanais al-Joumhouria.
Contrairement aux deux derniers sommets arabes, le Liban, représenté par son chef d'Etat, Michel Aoun, et son Premier ministre, Saad Hariri, sera présent en force au sommet de Amman, dont le roi Abdallah II de Jordanie ouvrira les travaux au King Hussein Convention Center.
Selon des "sources bien informées" citées par al-Joumhouria, les ex-présidents Michel Sleiman et Amine Gemayel et les ex-Premiers ministres Tammam Salam, Nagib Mikati et Fouad Siniora ont envoyé une lettre à la direction du sommet. Dans leur missive, les signataires réaffirment leur "attachement à l'accord de Taëf (de 1989 qui mit fin à la guerre du Liban), aux décisions internationales, notamment la résolution 1701 de l'Onu (qui mit fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah), à l'élimination des armes illégales (en référence à l'arsenal du Hezbollah) et à la Déclaration de Baabda (...)", adoptée en 2012 et qui prévoit la neutralité du Liban à l'égard des conflits régionaux, notamment en Syrie voisine.
Al-Joumhouria explique que cette lettre a "parasité" et "outrepassé" la position officielle du Liban représenté par MM. Aoun et Hariri. Rappelons que lors de deux déplacements distincts au Caire, le président Aoun et le Premier ministre Hariri ont récemment affiché des positions divergentes à l'égard des armes du Hezbollah. Le chef de l'Etat avait légitimé les armes du parti chiite, alors que le chef du gouvernement avait affiché son opposition à leur maintien.
(Lire aussi : Les limites de la protection du Hezbollah au Liban)
Le journal affirme que des copies de la missive ont été remises à MM. Aoun et Hariri, ainsi que le président de la Chambre, Nabih Berry. Le président, toujours selon al-Joumhouria, se serait dit "sérieusement gêné" par la lettre.
"Le train est en marche au Liban. Ceux qui souhaitent monter à bord sont les bienvenus, et tant pis pour les autres", a de son côté réagi le chef du gouvernement, alors que l'un des signataires n'est autre que Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire du courant du Futur, la formation haririenne.
Le chef du législatif a, lui, exprimé sa "surprise" et a confié à al-Joumhouria que cette initiative était "inédite et inacceptable".
Même son de cloche de la part du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, affilié à la formation Amal, dirigée par le président Berry. "Nous condamnons la forme et le contenu de cette lettre (...). Elle veut faire croire aux Libanais que la position du Liban n'est pas unifiée, alors que cela n'est pas le cas. Seul le président de la République représente officiellement le Liban", a-t-il dit, dans des propos cités par des médias locaux.
Le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, a, lui, tenté de minimiser l'impact de la missive : "Pourquoi s'attarder sur cette lettre sachant que ses signataires n'ont pas d'autorité officielle?" s'est-il interrogé.
Lire l'intégralité de l'article (en arabe) d'al-Joumhouria ici
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commentaires (7)
- Attachement à l'accord de Taëf - à la résolution 1701 de l'Onu - à l'élimination des armes illégales - à la Déclaration de Baabda qui prévoit la neutralité du Liban à l'égard des conflits régionaux, notamment en Syrie voisine. Ces points ne représentent-ils pas la position officielle du Liban? Ne sont-ils pas en parfait accord avec le discours d'investiture du président Aoun? Si oui, cette lettre ne présente aucun problème. Sinon, Il y a une tromperie quelque part.
Yves Prevost
21 h 38, le 28 mars 2017