Une fois de plus, le monde a les yeux fixés sur le terrain syrien où sont en train de se préciser les nouveaux rapports de force internationaux et régionaux. D'un côté (au nord du pays plus précisément), ce sont les États-Unis qui veulent reprendre l'initiative et définir le rôle de chacun des acteurs, de la Turquie au régime syrien, en passant par la Russie et l'Iran ; et, de l'autre, il y a les combats autour de la capitale, ainsi que la tension au sud du pays, qui montrent clairement la volonté d'Israël d'intervenir dans le cours des événements.
Au Nord, l'offensive contre le dernier bastion vital de l'État islamique (EI) en Syrie, Raqqa, est annoncée pour très bientôt avec une participation directe et essentielle des forces kurdes alliées des États-Unis. Washington a ainsi écarté la Turquie de l'offensive (avec, semble-t-il, l'accord des Russes), mais il cherche aussi à empêcher l'armée syrienne d'intervenir, dans un message clair adressé à Moscou. Le plus étonnant dans ce qui se passe au nord de la Syrie, c'est que l'EI, qui a menacé le monde pendant deux ans, semble désormais condamné à la déroute, comme s'il n'était en fait qu'un « géant de papier » et qu'il suffisait d'une décision claire américaine pour mettre un terme à son rôle, au risque de le transformer en une série de cellules terroristes capables de déstabiliser les différentes sociétés par des attaques ponctuelles. En principe, l'EI pourrait donc faire bientôt partie du passé terrible de cette région, mais la Syrie ne sera pas pour autant au bout du tunnel, puisqu'il restera à définir la part des différents protagonistes dans le gâteau ou ce qu'il en restera.
Par contre, dans les autres régions de la Syrie, la situation est plus complexe. Des sources proches du Hezbollah reviennent ainsi sur le bombardement israélien de la région de Palmyre. En principe, l'aviation israélienne a déclaré avoir bombardé un convoi d'armes destiné au Hezb. Mais les sources proches de ce parti estiment qu'il s'agit d'un faux prétexte. Selon elles, il n'y a aucune raison pour qu'un convoi d'armes destiné au parti chiite s'aventure dans la région de Palmyre. De plus, les médias israéliens n'ont publié aucun document ou aucune photo confirmant l'existence d'un tel convoi. Selon la lecture de ces sources proches du Hezbollah, le bombardement israélien aurait été décidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu après sa rencontre avec le président américain Donald Trump dans le but d'adresser un message à l'axe dit de la résistance (Iran, Syrie, Hezbollah) sur sa capacité à élargir le champ de la confrontation, en frappant loin des lignes de démarcation traditionnelles. La riposte syrienne ne s'est pas fait attendre : un missile antiaérien S200 a été lancé contre les avions israéliens pour la première fois dans l'histoire du conflit entre les deux pays. Selon certaines sources, l'armée syrienne aurait réagi spontanément sans avertir les Russes, alors que, pour d'autres, les Russes auraient donné leur aval, ne serait-ce que par le biais des officiers qui aident leurs homologues syriens dans le maniement des armes de fabrication russe. Toujours est-il que, selon les sources proches du Hezbollah, il s'agissait de déclarer aux Israéliens qu'il existe des lignes rouges qu'ils ne peuvent pas franchir.
Ces derniers auraient alors opté pour le choix de mener une attaque ponctuelle dans le sud de la Syrie. Mais, là aussi, la riposte de la Syrie et de son allié, le Hezbollah, a été rapide et claire : il n'y a rien qui s'appelle « une opération militaire limitée » ou de petite envergure. Toute agression israélienne déclenchera une riposte globale, dans un espace géographique élargi. C'est vrai pour une éventuelle action dans le sud de la Syrie, mais aussi au Liban-Sud, dans le périmètre des fermes de Chebaa ou ailleurs. Le régime syrien et le Hezbollah ont sciemment voulu adresser ce message, sachant que, selon les médias israéliens eux-mêmes, l'État hébreu n'est pas prêt à une guerre de grande envergure. Par cette riposte rapide, ils estiment avoir découragé les Israéliens de lancer une attaque, même limitée, contre des cibles syriennes ou libanaises. Selon les sources précitées, le souci des Israéliens est désormais d'empêcher l'Iran et ses alliés de se rapprocher de leurs lignes dans le Golan.
Le projet maximal israélien serait donc désormais de créer cette fameuse « zone tampon » contrôlée par une milice alliée, à la frontière du Golan annexé. Selon ces mêmes sources, les Israéliens comprennent parfaitement les messages militaires, et, pour l'instant, une offensive d'envergure ou même limitée n'est pas envisagée. Mais cela n'empêche pas le Hezbollah et ses alliés de rester vigilants, sachant que, dans un contexte aussi changeant, de nouveaux facteurs peuvent intervenir et modifier les données.
Enfin, les sources précitées ne se déclarent pas inquiètes des affrontements autour de la capitale syrienne, notamment à Jobar et Kaboun. Selon elles, ces attaques sont destinées à mettre la pression sur le régime syrien dans sa capitale, mais ne constituent pas une menace stratégique, les deux fiefs de l'opposition étant finalement encerclés. Pour les milieux proches du Hezbollah, la situation en Syrie n'est donc plus une source d'inquiétude... mais la guerre est loin d'être finie.
En fait, sorry, Interdit aux plus de NEUF ans....
16 h 40, le 25 mars 2017