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Présidentielle française: accusations de complot et "trahisons", le ton monte

Jusqu'à présent discret dans la campagne, le président socialiste François Hollande est sorti de sa réserve pour dénoncer le manque de "dignité" et de "responsabilité" du candidat conservateur François Fillon. AFP / Thomas SAMSON

"Cabinet noir", complot, "trahisons"... A un mois du premier tour de la présidentielle, la campagne électorale française devient virulente, avec les accusations du candidat de la droite, François Fillon, empêtré dans les affaires et les protestations du socialiste Benoit Hamon contre les défections en faveur du centriste Emmanuel Macron.

Jusqu'à présent discret dans la campagne, le président socialiste François Hollande est sorti de sa réserve pour dénoncer le manque de "dignité" et de "responsabilité" du candidat conservateur François Fillon dans un entretien à la radio vendredi. "Je ne veux pas rentrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité, une responsabilité à respecter. Je pense que M. Fillon est au-delà maintenant, ou en-deçà", a déclaré le chef de l'Etat.

Jeudi soir, un communiqué de l'Elysée avait condamné les "allégations mensongères" de l'ancien Premier ministre après ses déclarations sur l'existence d'un "cabinet noir" dirigé par le chef de l'Etat qui serait à l'origine de fuites dans la presse sur ses ennuis judiciaires.

 

(Lire aussi : Dans une France en proie aux affaires, le président Hollande prône l'exemplarité)

 

M. Fillon a été mis en examen la semaine dernière notamment pour détournement de fonds publics en raison de soupçons d'emplois fictifs accordés à son épouse et ses enfants. L'enquête a été élargie à des soupçons de trafic d'influence, d'escroquerie aggravée et de faux. Parti favori dans la campagne, le candidat de la droite a chuté dans les sondages, devancé par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron.

Invité à une émission télévisée jeudi soir, M. Fillon a justifié ses accusations de "cabinet noir" en faisant référence à un livre écrit par deux journalistes et consacré aux "secrets inavouables" du quinquennat de M. Hollande. "Solennellement, je demande qu'il y ait une enquête d'ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c'est un scandale d'Etat", a-t-il dit. "Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je pense que dans l'histoire récente de la Ve République, un chef d'Etat n'est jamais allé aussi loin dans l'illégalité, la prise de pouvoir sur des services sur lesquels il ne devrait pas avoir autorité", a-t-il ajouté.

 

L'un des auteurs de "Bienvenue Place Beauvau", Didier Hassoux, avait néanmoins démenti dès jeudi soir sur Franceinfo les propos de François Fillon. Est-il exact qu'il ait écrit avec ses coauteurs que "François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéresse" à l'Elysée ? "Pas du tout. On n'a jamais écrit ça", a répondu M. Hassoux. "Je vais vous lire le haut de la page 24 (...) ou le bas de la page 23: +Le retour aux affaires des chiraquiens nourrit bien évidemment le soupçon sarkozyste de l'existence d''un cabinet noir. Il n'est pas possible d'en apporter la preuve formelle comme il n'est pas possible de prouver le contraire+", a-t-il ajouté.

"La seule personne qui croit qu'il y a un cabinet noir à l'Elysée c'est François Fillon. Il y croit tellement que le 24 juin 2014 (...) il est allé voir Jean-Pierre Jouyet, qui est le numéro 2 de l'Elysée, pour lui demander d'activer ce cabinet noir. Ce cabinet noir n'existe pas, a poursuivi M. Hassoux.
"Nicolas Sarkozy avait (...) mis en place une police politique (...) alors que François Hollande, a simplement instrumentalisé la police à des fins politiques mais comme tous les présidents de la Ve République, c'est une maladie française", a-t-il poursuivi.

Pour le journaliste, il y a une instrumentalisation de son livre par M. Fillon, un homme "aux abois", qui "essaye de faire un coup".

 

(Lire aussi : Présidentielle en France : les affaires judiciaires de la campagne)

 

'Tentative désespérée'
Les déclarations ont également été vivement critiquées à gauche. Pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ses propos relèvent d'une "espèce de tentative désespérée pour sortir d'une situation dans laquelle il s'est enferré". Jusque-là, les attaques contre le système, les "coups tordus" et les "faits cachés" étaient surtout des arguments de l'extrême droite.

Unanime contre M. Fillon, la gauche est fracturée par les ralliements de plus en plus nombreux au jeune candidat centriste Emmanuel Macron dans l'espoir de faire barrage à l'extrême droite qui caracole en tête des intentions de vote au premier tour. Parmi eux, M. Le Drian a expliqué qu'il refusait de voir l'élection se réduire "à un choix entre l'extrême droite et une droite dure".  Pour lui, M. Macron "a la volonté, le leadership, il a créé un mouvement qui réunit plus de 200.000 personnes, il assure son autorité, il trace des perspectives".
"Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de trahisons", a déploré vendredi le candidat socialiste. Vainqueur de la primaire de la gauche mais impuissant à rassembler son camp autour de lui, Benoit Hamon s'est indigné de cette trahison "d'une histoire, de valeurs que nous représentons, de la place qui doit être celle de la gauche".

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, vaincu par M. Hamon à la primaire socialiste, a pour sa part refusé de lui accorder son parrainage et a publiquement critiqué son programme. Un "comportement" contrevenant "gravement au principe de loyauté", selon la Haute Autorité de la primaire, organisatrice de la consultation.

En tête des intentions de vote au premier tour, Marine Le Pen s'est pour sa part rendue à Moscou où elle a été reçue par le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier a tenu à assurer que "la Russie n'interfèrera pas dans l'élection" selon des propos retranscrits par les agences de presse russes.

 

 

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commentaires (2)

F. Hollande, 5 ans après un prestation aussi chaotique que désastreuse, dans un costume de Président bien trop grand pour lui , joue encore à indigné..! alors , qu'il a élevé le mensonge en système de gouvernance ! en usant avec talent de la novlangue socialiste faite pour cela ...!

M.V.

17 h 05, le 24 mars 2017

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Commentaires (2)

  • F. Hollande, 5 ans après un prestation aussi chaotique que désastreuse, dans un costume de Président bien trop grand pour lui , joue encore à indigné..! alors , qu'il a élevé le mensonge en système de gouvernance ! en usant avec talent de la novlangue socialiste faite pour cela ...!

    M.V.

    17 h 05, le 24 mars 2017

  • Ça vole bas ...dans cette campagne de présidentielle. Acharnement (de part et d'autre) coups bas et manquements à certaine réserve...secrets inavouables? Le Président (ouPresidente) n'en sortira pas grandi sur la scène internationale

    Chammas frederico

    15 h 40, le 24 mars 2017

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