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Économie - Diplomatie économique

Beyrouth et Le Caire veulent donner un coup de fouet à leurs échanges commerciaux

Pour la première fois depuis 7 ans, la commission libano-égyptienne s'est réunie ces derniers jours au Caire, accouchant de 16 protocoles d'accord.

Le ministre de l’Économie libanais, Raëd Khoury, et la ministre égyptienne de la Coopération internationale, Sahar Nasr, signant hier 16 protocoles d’accord bilatéraux, en présence de leurs chefs de gouvernement respectifs, Saad Hariri et Sharif Ismail. Photo ANI

Après plusieurs jours de réunions au Caire, la commission libano-égyptienne a signé 16 protocoles d'accord avec pour but de stimuler les échanges commerciaux entre les deux pays dans divers secteurs, tels que le commerce, l'industrie, la culture et les médias. C'était la première fois que cette commission, aussi appelée « commission mixte » et qui permet aux responsables libanais et égyptiens de superviser les modalités de leur coopération, se réunissait depuis 7 ans. Les deux pays souhaitent ainsi relancer leurs économies en difficulté depuis les printemps arabes.

Ces protocoles d'accord ont été signés par le Premier ministre Saad Hariri et son homologue égyptien, Sharif Ismail, en présence de nombreux ministres. « Nous avons ouvert la porte aux investissements des hommes d'affaires libanais en Égypte, ainsi que pour les Égyptiens au Liban », a déclaré lors d'une conférence de presse Saad Hariri, qui avait déploré mardi « le déséquilibre de la balance commerciale » entre les deux pays. Le Liban a enregistré un déficit commercial bilatéral de 716 millions de dollars en 2016, d'après les chiffres des douanes.

De son côté, la ministre égyptienne de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a souligné au cours d'une conférence de presse que plusieurs « opportunités d'investissement » avaient été proposées aux Libanais, dans l'industrie alimentaire, le textile ou encore le bois. Selon la Banque centrale égyptienne, les investissements en provenance du pays du Cèdre ont atteint 69,9 millions de dollars en 2016, en hausse de 53,2 % en un an.

 

(Lire aussi : « Pourquoi le Liban doit-il résister seul face à Israël ? » s’interroge Hariri)

 

Échange d'expertise
L'échange d'expertise est l'un des principaux objectifs des protocoles d'accord concernant le commerce bilatéral. Par exemple, les importateurs et exportateurs pourront s'informer des réglementations auprès du point de commerce international égyptien, qui dépend du ministère du Commerce et de l'Industrie, et du centre d'information commerciale rattaché au ministère de l'Économie libanais, a indiqué à L'Orient-Le Jour Alia Abbas, directrice générale du ministère de l'Économie.

Les deux pays vont également coopérer pour renforcer la protection du consommateur, notamment en ce qui concerne la sécurité sanitaire des aliments, en plus de collaborer à l'examen et l'octroi de brevets. Un autre protocole d'accord encourage les échanges entre les micro-entreprises et les PME des deux pays. Selon Alia Abbas, « des ateliers de travail conjoints seront organisés afin que les entreprises tirent parti de l'expérience de chacun ». Les autres protocoles d'accord signés portaient sur des secteurs divers et variés, comme la sécurité, les services vétérinaires, la jeunesse, le sport, la culture, l'environnement, le tourisme et les antiquités. Télé Liban et Radio Liban pourront aussi être diffusés en Égypte via l'opérateur Nilesat, d'après Sahar Nasr.

 

(Lire aussi : Hariri : Pas de rallonge du mandat de la Chambre, mais une prorogation technique de quelques mois)

 

Soutien aux exportations
Mais les discussions entre l'Égypte et le Liban ont dépassé la signature de ces protocoles d'accord. Les participants se sont attaqués à des sujets sensibles, comme les exportations pharmaceutiques, agricoles et industrielles libanaises. Une victoire pour le pays du Cèdre, selon le ministère de l'Économie. « Les ministres de la Santé égyptien et libanais se sont mis d'accord pour que l'Égypte accorde un traitement préférentiel aux exportations pharmaceutiques libanaises », affirme Alia Abbas. Un protocole d'accord a été discuté, mais pas encore signé. « Le Liban dispose de 11 usines de médicaments qui ne peuvent pas exporter vers l'Égypte, alors que nous importons au moins 50 types de médicament égyptien », ajoute Carol Abi Karam, présidente du syndicat des industries pharmaceutiques.

Côté agriculture, l'accord commercial signé en 1998 entre l'Égypte et le Liban a été maintenu, malgré le fait que les deux pays soient signataires de l'accord de libre-échange arabe (Gafta). Il impose un calendrier agricole, ce qui signifie concrètement que l'Égypte ne peut pas exporter certains produits comme la pomme de terre vers le Liban à certaines périodes de l'année afin de ne pas concurrencer la production locale, et vice versa. Le ministre de l'Économie, Raëd Khoury, avait déclaré la semaine dernière son intention de maintenir ce calendrier agricole afin que l'Égypte « n'inonde pas le marché (libanais) en certaines saisons », une position fortement soutenue par les agriculteurs. Alia Abbas a également confirmé que l'Égypte s'est engagée à continuer à acheter des pommes libanaises – filiale importante de l'agriculture locale mais en difficulté – pour une quantité non spécifiée.

Concernant l'industrie, un protocole d'accord a été signé mercredi afin d'encourager les exportations libanaises de marbre, de granit et de moulages de ciment. « L'Égypte s'est engagée à importer le granit décoratif du Liban et à arrêter de l'acheminer de Turquie », se réjouit Alia Abbas. « Et toute personne qui veut importer des roches ornementales égyptiennes au Liban doit toujours déposer une demande préalable », ajoute-t-elle. Décidée le 17 février, cette décision, qui s'applique à tous les pays, a pour but de soutenir la production locale.

Autre initiative qui devrait encourager les exportations : le soutien de l'Égypte à la demande d'adhésion libanaise datant de 2004 à la déclaration d'Agadir, qui a instauré en 2001 une zone de libre-échange entre le Maroc, l'Égypte, la Tunisie et la Jordanie. Enfin, la reconnaissance mutuelle des certificats de conformité devrait aussi faciliter les échanges. « Par exemple, si un produit est déclaré conforme aux standards libanais, il n'aura pas besoin d'être inspecté à nouveau en Égypte », explique Alia Abbas. D'après elle, 10 produits libanais et 10 produits égyptiens « au grand potentiel d'exportation » seront choisis avant juillet par les industriels des deux pays et discutés lors d'une réunion de suivi qui aura lieu en septembre.

 

 

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