Washington et Londres ont décidé mardi d'interdire ordinateurs portables et tablettes en cabine, sur les vols en provenance de plusieurs pays arabes et de Turquie. Voici ce que l'on sait de ces nouvelles mesures :
QU'EST-CE QUI EST INTERDIT ?
Selon la décision américaine, tous les appareils électroniques plus gros qu'un téléphone portable seront interdits en cabine et devront être mis en soute. Cela concerne les ordinateurs portables, tablettes, consoles de jeux, liseuses, lecteurs de DVD, appareils photos...
Pour les vols directs des compagnies concernées à destination du Royaume-Uni, Londres a décidé d'interdire en cabine "tout téléphone, ordinateur portable ou tablette plus grand qu'un téléphone portable de taille normale (longueur 16 cm, largeur 9,3 cm et épaisseur 1,5 cm)".
QUELS PAYS SONT CONCERNÉS ?
Washington cible huit pays, tous alliés ou partenaires : la Jordanie, l'Egypte, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Maroc.
Londres, pour sa part, vise six pays : le Liban, la Turquie, la Jordanie, l'Egypte, la Tunisie et l'Arabie saoudite. Les mesures sont valables sur tous les vols directs à destination du Royaume-Uni en provenance de ces pays.
QUELLES COMPAGNIES ET QUELS AÉROPORTS ?
Pour les Etats-unis : Une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes (Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways) seront affectés au départ de dix aéroports internationaux : Amman, Le Caire, Istanbul, Jeddah, Riyad, Koweït, Doha, Dubaï, Abou Dhabi et Casablanca.
Pour le Royaume-Uni : les interdictions concernent les vols de 14 compagnies aériennes ( British Airways, EasyJet, Jet2.com, Monarch, Thomas Cook, Thomson, Turkish Airlines, Pegasus Airways, Atlas-Global Airlines, Middle East Airlines, Egyptair, Royal Jordanian, Tunis Air et Saudia).
Une certaine confusion demeurait néanmoins sur les conditions d'application de cette mesure. "Je me rends demain aux Etats-Unis sur un vol de KLM. Mais je ne sais pas si je dois prendre mon ordinateur portable avec moi ou non", témoignait ainsi à l'AFP Mira Mouhanna, une Libanaise de 33 ans basée à Dubaï.
A PARTIR DE QUAND ?
A partir de samedi matin pour les vols vers les États-Unis. La grande compagnie du Golfe, Emirates, a précisé, quant à elle, que les restrictions "entreraient en vigueur le 25 mars et resteront valables jusqu'au 14 octobre". Avant même l'entrée en vigueur de l'interdiction, Dubai Airports a néanmoins annoncé "adhérer à toutes les directives réglementaires" émises par les Etats-Unis.
Ces mesures ont été immédiatement notifiées aux compagnies aériennes, qui ont jusqu'à samedi au plus tard pour les mettre en application, a de son côté indiqué jeudi un porte-parole du gouvernement britannique.
L'aéroport de Beyrouth a annoncé, dans un communiqué publié mercredi que les mesures britanniques seront appliquées à l'AIB à partir de minuit dans la nuit de vendredi à samedi 25 mars, et ce jusqu'à nouvel ordre.
LES PAYS POUVANT SUIVRE
- La France réfléchit : un porte-parole de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a déclaré à l'AFP que pour l'instant "rien n'a été décidé ni arbitré pour ce qui est de la France. Il y a une analyse du risque qui est en cours par les services compétents en matière de sûreté aérienne, et également des discussions interministérielles en cours qui détermineront si mesures il y a ou pas".
- Le Canada, membre de la puissante alliance des services de renseignement "Five Eyes" avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, examine la possibilité d'imiter les Etats-Unis et le Royaume-Uni, selon le ministre des Transports, Marc Garneau.
(Lire aussi : Incidents terroristes : la liste à rallonge des interdictions en vol)
LES PAYS QUI ONT DIT NON
- L'Allemagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont pour l'heure écarté l'idée d'appliquer des mesures identiques.
POURQUOI ?
Les Etats-Unis ont invoqué un risque d'attentats.
"L'examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation", a expliqué un responsable à Washington.
Pour l'expert Mustafa Alani, cette décision "est liée aux renseignements recueillis par l'armée américaine" lors d'un raid mené par des commandos le 29 janvier contre el-Qaëda dans la Péninsule arabique (Aqpa) à Yakla, au Yémen. "Selon des informations disponibles, un groupe d'Aqpa a développé une nouvelle technologie qui permet de placer une bombe dans un ordinateur ou une tablette", explique-t-il.
M. Alani rappelle que des renseignements fournis à Washington par les services secrets saoudiens avaient permis en octobre 2010 d'intercepter au Royaume-Uni et à Dubaï des bombes dissimulées dans des imprimantes, qu'Aqpa avait envoyées aux Etats-Unis par un avion cargo.
A Londres, le ministre des Transports Chris Gayling a parlé, dans une déclaration écrite au Parlement, de "menace terroriste en constante évolution". Le porte-parole du gouvernement s'est contenté d'invoquer "la sécurité des voyageurs", sans plus de détails.
UNE MESURE PROTECTIONNISTE ?
L'administration américaine, accusée de protectionnisme depuis l'élection de Donald Trump, est soupçonnée de cibler les trois grandes compagnies du Golfe pour des raisons commerciales.
"Ce n'est pas une mesure sécuritaire. C'est une décision hostile contre des compagnies qui réussissent et qui concurrencent les Américaines", a affirmé sur Twitter l'analyste émirati Abdulkhaleq Abdullah.
Des compagnies américaines ont mené ces dernières années une campagne contre Emirates, Etihad et Qatar Ariways, les accusant de violer l'accord "ciel ouvert" en recevant des subventions publiques.
Pour le directeur du Kuwait Financial Centre (Markaz), Raghu Mandagolathur, il s'agit d'une "mesure protectionniste" de nature à "inciter les voyageurs d'affaires à choisir des itinéraires alternatifs via les hubs européens".
L'expert américain Kyle Bailey est du même avis. "Les compagnies américaines vont simplement en profiter parce que toutes les compagnies comptent sur les voyageurs d'affaires", a-t-il ajouté à l'AFP.
En Tunisie, la mesure britannique est considérée comme un mauvais coup pour le tourisme qui se remet doucement des attentats de 2015. "Tant que l'Angleterre maintient ces restrictions vis-à-vis de la Tunisie, et les consolide avec des décisions pareilles, bien sûr cela a un impact négatif sur le tourisme", s'inquiète le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), Mohamed Ali Toumi.
Rq : article actualisé le 22 mars à 18h20
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QU'EST-CE QUI EST INTERDIT ?
Selon la décision américaine, tous les appareils électroniques plus gros qu'un téléphone portable seront interdits en cabine et devront être...
En bref ce monde qui prétend être libre plonge dans la folie comme si le terroriste ne pouvait faire une escale à Chypre pour attaquer .
20 h 17, le 22 mars 2017