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Liban - La situation

Faute d’une grille des salaires et d’une loi électorale... un budget

Le premier ministre Saad Hariri, : "Certains ne veulent pas de la grille des salaires et sont lésés par notre entente au sommet de l'Etat". ANI

Pour la première fois depuis douze ans, le Liban aura en 2017 un budget. Le Premier ministre Saad Hariri a annoncé en effet, hier soir, au terme d'une ultime réunion du Conseil des ministres consacrée à la question, que l'examen du projet « s'est conclu positivement ». « Une dernière copie sera distribuée aux ministres, nous la reverrons tous ensemble et l'approuverons le plus tôt possible », a-t-il ajouté, annonçant par ailleurs qu'il a un voyage à faire la semaine prochaine, mais qu'il coordonnera les choses avec le chef de l'État, pour fixer la date du prochain Conseil des ministres.

M. Hariri est attendu mardi soir au Caire, où il doit présider, jeudi, avec son homologue égyptien, Charif Ismaïl, une réunion de la commission mixte libano-égyptienne, la première à se tenir depuis 2007. Diverses questions, surtout économiques, figurent à l'ordre du jour de cette réunion. En marge de sa visite, M. Hariri sera reçu, mercredi, par le chef de l'État égyptien, Abdel Fattaf al-Sissi, avec lequel il débattra de certaines questions qui seront soulevées au prochain sommet arabe qui se tient à Amman (29 mars). Il aura également des entretiens avec l'imam d'al-Azhar, Ahmad el-Tayyeb, et le pape des coptes-orthodoxes, Tawadros II.

 

(Lire aussi : Ce pays qu'on assassine, le billet de Médéa Azouri)

 

« En Conseil des ministres, nous avons passé en revue le climat qui a prévalu au cours des deux derniers jours, et en particulier l'effet sur la population d'une fausse liste de taxes qui a circulé », a ajouté M. Hariri, qui a assuré que toutes les taxes votées au cours de la séance parlementaire de mercredi et jeudi ont été approuvées dès 2014. « Il n'y aura de nouvelle taxe ni sur le pain ni sur l'essence, la liste qui a circulé est tout ce qu'il y a de plus mensonger », a-t-il assuré, déplorant « la panique » que ces informations ont créée.
Abordant le volet de la corruption qui gangrène l'administration et la vie politique, M. Hariri a affirmé que, « comme tout le monde », il est déterminé à la combattre. Le projet de budget, a-t-il souligné, aidera à combattre le gaspillage, tout comme les nominations aux organismes de contrôle. Il s'est prononcé en outre en faveur de l'approbation de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public, précisant qu'il faut assurer des rentrées correspondant à son coût (1 200 milliards de livres). « Ne nous leurrons pas, a-t-il ajouté, notre situation financière n'est pas bonne. Nous avons des problèmes financiers et sociaux et une énorme dette. La grille de salaires ne saurait passer sans que des rentrées correspondantes soient assurées. »

 

(Lire aussi : Serrez le vice ! L'édito de Issa GORAIEB)

 

L'entente qui règne au sommet de l'État dérange ceux dont elle lèse les intérêts, a affirmé par ailleurs M. Hariri, au sujet de la fronde sociale qui secoue le pays depuis deux jours, et qui doit aller crescendo (voir par ailleurs). Répondant aux exigences de ceux qui souhaitent que les ressources de la grille des salaires soient trouvées auprès des grosses entreprises et des banques, M. Hariri a affirmé que le taux de croissance actuel de 1 % ne plaide pas en faveur de fortes taxes, et que les petites et moyennes entreprises pourraient fléchir au cas où l'impôt sur le revenu des entreprises, qui est de 15 % aujourd'hui, serait relevé à 20 %.

Sur les raisons qui ont provoqué le défaut de quorum et la levée de la séance parlementaire de jeudi, M. Hariri n'a pas voulu s'étendre, affirmant avoir vu « clairement qu'on cherchait à torpiller la grille des salaires ». Toutefois, il a affirmé qu'il revient au président de la Chambre, Nabih Berry, de fixer la nouvelle date de convocation de la Chambre. Ainsi, ni la date de la prochaine réunion du gouvernement, ni celle d'une nouvelle séance parlementaire n'ont été fixées hier.

Ce que M. Hariri ne voit pas, toutefois, c'est que (presque) personne n'a d'objections à voir adoptée la nouvelle grille des salaires, à condition que les fonds qui serviront à la financer ne proviennent pas de taxes indirectes susceptibles d'en annuler en partie les effets. Or c'est exactement ce qui a commencé à se produire. Le ministre de l'Économie a mis en garde hier les commerçants contre une hausse des prix injustifiée, qui anticiperait la hausse d'un point du pourcentage de la TVA. Mais tout le monde sait les moyens dérisoires dont dispose le service de protection du consommateur, pour juguler des augmentations anarchiques.

 

(Lire aussi : Charité bien ordonnée... Le billet d'Anne-Marie el-Hage)

 

En revanche, ceux qui, comme Samy Gemayel, réclament que ce financement soit assuré par la lutte contre la corruption et la dilapidation des fonds publics, et qui évaluent (à juste titre) à plusieurs milliards de LL le montant accumulé des évasions fiscales et du manque à gagner du Trésor dû à la corruption, évoquent un combat à long terme dont les résultats sont nécessairement aléatoires et imprévisibles, alors que le financement de la grille des salaires a besoin d'argent frais immédiatement disponible.
On apprenait hier que le CPL se réunira ce matin en séance extraordinaire pour mettre les points sur les « i », parler des impôts et de la loi électorale, et rendre à Samy Gemayel la monnaie de sa pièce.
Tout cela ne peut faire oublier, cependant, que nous sommes à deux jours du 20 mars, date butoir à laquelle, selon la Constitution, le collège électoral doit être convoqué, en vue des élections de juin. Le ministre de l'Intérieur, dont la discrétion sur le dossier de Ramlet el-Baïda (voir page 4) est troublante, voire équivoque, a l'intention de faire son devoir constitutionnel dans les prochains jours, apprend-on.

Pour les observateurs, il est désormais clair que l'on se dirige désormais vers une prorogation dite « technique » du mandat de la Chambre, un mal nécessaire si l'on veut continuer à chercher la pierre philosophale de la parfaite loi électorale, sans revenir à la loi de 1960 en vigueur, et sans tomber dans le vide. Même le chef de l'État en convient désormais, puisqu'il a affirmé au micro de Radio Vatican que « nous ne pouvons risquer d'avoir un vide », alors qu'il n'avait pas hésité à en agiter le spectre il y a quelques semaines.

 

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Pour la première fois depuis douze ans, le Liban aura en 2017 un budget. Le Premier ministre Saad Hariri a annoncé en effet, hier soir, au terme d'une ultime réunion du Conseil des ministres consacrée à la question, que l'examen du projet « s'est conclu positivement ». « Une dernière copie sera distribuée aux ministres, nous la reverrons tous ensemble et l'approuverons le plus tôt...

commentaires (3)

TOUT NAGE DANS LA CORRUPTION PARTANT L,INCERTITUDE DANS CE PAUVRE PAYS DEVENU LA GROTTE DES SIMSOMIOTES PAR EXCELLENCE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 33, le 18 mars 2017

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Commentaires (3)

  • TOUT NAGE DANS LA CORRUPTION PARTANT L,INCERTITUDE DANS CE PAUVRE PAYS DEVENU LA GROTTE DES SIMSOMIOTES PAR EXCELLENCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 33, le 18 mars 2017

  • dixit Lea Salame......"C'est une plaisanterie?!?!?!"

    Mounir Doumani

    09 h 13, le 18 mars 2017

  • PARTOUT DES IRRESPONSABLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 16, le 18 mars 2017

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