Samy Gemayel appelle à financer la grille des salaires par la lutte contre la dilapidation

Le leader des Kataëb, Samy Gemayel, a réaffirmé hier que la grille des salaires devrait être financée par l'arrêt de la dilapidation des fonds publics et la réduction des dépenses plutôt que par les taxes et les impôts. Il a appelé dans ce cadre la classe politique à saisir cette occasion pour « prendre une décision historique en initiant de véritables réformes ». Il a d'autre part rejeté les accusations selon lesquelles il aurait, avec son parti, torpillé la séance plénière de jeudi, rejetant à ce sujet la responsabilité sur le pouvoir. Il faisait ainsi allusion aux accusations lancées par le vice-président de la Chambre, Farid Makari, après la levée de la séance de jeudi soir.
« Ce qui s'est passé prouve qu'il y a toujours une opinion publique au Liban et que le peuple n'abandonnera pas », a déclaré Samy Gemayel, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Saïfi, en référence aux protestations populaires organisées jeudi, parallèlement à la séance législative. « La force que nous avons puisée des gens nous a permis, lors de la séance d'hier (jeudi) et avec seulement quatre députés, d'accomplir une réalisation importante qui est d'empêcher l'imposition de taxes de manière aléatoire au moment où la corruption et la dilapidation des fonds publics se répandent au pouvoir », a-t-il dit.
« Je suis surpris de voir que le pouvoir politique critique le fait que nous donnions notre avis, a-t-il poursuivi. L'opposition a le devoir de s'exprimer et de débattre. »
Le chef des Kataëb a indiqué que « le montant des pertes résultant de la corruption au niveau des douanes s'élève à 700 millions de dollars par an ». « Rien qu'en arrêtant la corruption aux douanes, nous pourrons financer la grille des salaires, a-t-il assuré. Mais il semble que la corruption et la dilapidation des fonds publics au Liban sont des lignes rouges et que la solution est d'imposer des taxes. »
« Une occasion historique s'offre à toutes les forces politiques, au peuple libanais et au Liban », a estimé M. Gemayel, avant d'ajouter : « Nous devons profiter de cette crise pour décider de construire le pays. C'est une occasion historique pour construire le Liban sur de bonnes bases. Nous devons prendre une décision historique en initiant de véritables réformes. »
« Nous sommes une opposition responsable, si quelque chose de positif est proposé, nous le soutiendrons. Augmenter les taxes avec rien en retour, cela nous ne l'accepterons jamais. Quand ils verront que vous êtes sérieux, tous les Libanais accepteront de payer des taxes, a-t-il encore lancé à l'adresse des dirigeants. Mais continuer à faire supporter la corruption aux Libanais, nous ne l'accepterons pas ! »

« La mise en scène »
À plusieurs reprises, Samy Gemayel a démenti les accusations selon lesquelles les députés de son parti sont responsables de l'échec de la séance de jeudi après-midi. « Nous n'avons pas boycotté la séance », a-t-il souligné. Interrogé par ailleurs sur la question de savoir qui était responsable du torpillage de la séance parlementaire, M. Gemayel a répondu : « WhatsApp, Twitter, Facebook. Nous sommes quatre députés (Kataëb). Avions-nous la possibilité de torpiller la séance ? C'est le pouvoir qui l'a fait ! » Selon M. Gemayel, le communiqué lu par M. Makari, annonçant la levée de la séance, a été préparé avant la reprise de cette dernière. « Vous avez préparé le communiqué pendant la pause du déjeuner », a-t-il accusé, avant de poursuivre, à l'adresse du pouvoir politique : « Vous avez préparé une mise en scène, vous vous êtes mis d'accord pour faire échouer la séance, et vous en avez imputé la responsabilité aux Kataëb parce que vous avez peur des gens et parce que vous ne pouvez pas vous défendre, dans la mesure où vous n'êtes pas convaincus de ce que vous faites. »

Le crédit de 456 millions de dollars
Le député du Metn a par ailleurs indiqué que le Parlement a voté, lors de la séance de jeudi matin, un crédit d'une valeur de 456 millions de dollars (alors que l'échelle des salaires coûte 800 millions de dollars), soulignant qu'un État en déficit « qui n'arrive pas à payer les salaires de ses fonctionnaires devrait ajourner ses projets (en l'occurrence le barrage de Bisri et l'autoroute arabe) et donner la priorité à l'accomplissement de ses devoirs envers les citoyens ».
Évoquant les allusions, rapportées par les médias sociaux, sur une éventuelle levée de son immunité parlementaire en raison de l'attitude adoptée jeudi par les députés Kataëb, M. Gemayel a souligné qu'il prenait les devants et qu'il levait lui-même sa propre immunité. « Qu'ils aient recours à la justice ! » a-t-il lancé, affirmant qu'il ne répondra qu'aux accusations fondées sur des preuves palpables.