Le ministère du Tourisme lance aujourd'hui, en collaboration avec la Middle East Airlines (MEA), des agences de voyages et des hôtels libanais, une campagne publicitaire proposant des séjours au Liban à des prix réduits aux touristes arabes et arméniens. « Nous lançons aujourd'hui une campagne télévisée ciblant les touristes du Golfe. Ensuite, aux alentours du 10 mars, elle sera suivie par une campagne sur les réseaux sociaux qui visera l'Égypte, la Jordanie, l'Irak et l'Arménie », a indiqué à L'Orient-Le Jour le ministre du Tourisme, Avédis Guidanian.
L'offre propose aux voyageurs de passer 3 nuits et 4 jours au Liban dans un hôtel 4 étoiles, transfert de l'aéroport inclus, pour un prix oscillant en fonction des pays entre 333 dollars – pour les touristes égyptiens et koweïtiens – et 529 dollars – pour les Qataris. Ces prix, inférieurs de 40 % aux prix du marché d'après le ministre, existent déjà depuis le 6 janvier et prendront fin le 31 mai.
« Une cinquantaine d'hôtels libanais sont inclus dans ces offres, en plus du syndicat des agences de voyages et d'une quinzaine d'agences qui travaillent avec la MEA », a précisé une autre source ministérielle. Le ministre avait déjà évoqué fin janvier dernier la préparation de plusieurs offres de séjour destinées aux touristes arabes afin de les encourager à visiter le Liban.
« Aucun budget spécifique n'a été alloué du côté du ministère. C'est une offre spéciale préparée par la MEA, les hôtels et les agences de voyages, et qui n'a pas besoin de soutien financier », a affirmé M. Guidanian, qui n'a pas souhaité expliciter le financement de la campagne de communication. Sollicitée, la MEA n'a pas répondu à temps aux questions de L'Orient-Le Jour. « Le prix du billet d'avion représente la moitié du prix de l'offre, ce qui explique sa variation en fonction des pays », a indiqué Marwan Malaeeb, directeur au sein de l'agence de voyages Tania Travel. Selon lui, il semble donc « logique » que ce soit la MEA qui subventionne en majorité cette offre.
(Lire aussi : Le secteur privé rassuré par la détente entre le Liban et le Golfe)
Marché concurrentiel
Le ministère du Tourisme n'a pas annoncé d'objectif concernant le nombre de touristes qu'il souhaite attirer via cette offre, ni si elle sera reconduite. « Je veux d'abord voir si elle les encourage à venir au Liban », a souligné Avédis Guidanian.
Le premier objectif de cette offre est donc d'attirer les touristes au Liban pendant la basse saison dans un marché très concurrentiel. « Nous sommes obligés de faire quelque chose pour intéresser plus de clients parce qu'il n'y a pas de vacances importantes d'ici au début de l'été », explique Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers du Liban, qui précise que quelques stations de ski participent également à cette offre. À titre de comparaison, les prix affichés sur les sites d'agences de voyages libanaises oscillent entre 450 et 520 dollars pour 4 jours à Dubaï, entre 444 et 500 dollars pour 5 jours en Égypte et atteignent 415 dollars pour 4 jours en Jordanie.
En 2016, le secteur hôtelier à Beyrouth a souffert d'un taux d'occupation particulièrement bas par rapport au reste de la région, à 59 % contre une moyenne de 60,9 %, ce qui plaçait la capitale libanaise en treizième position sur les 14 villes arabes étudiées. En outre, le tarif moyen d'une chambre d'hôtel a chuté de 15 % en 2016 par rapport à l'année précédente. À 138 dollars, il était l'un des moins chers de la zone Mena, selon le cabinet Ernst & Young.
(Pour mémoire : Le retour d’un président sera-t-il suivi par celui des touristes du Golfe ?)
Le deuxième objectif de l'offre est d'attirer les touristes de la région, dans un contexte de réchauffement des relations diplomatiques entre le Liban et le Golfe suite à la visite du président de la République, Michel Aoun, à Riyad puis à Doha à la mi-janvier. Selon les chiffres du ministère, la part des touristes arabes était de 31 % du total en 2016, contre 41 % en 2010. L'année dernière, ces touristes venaient en majorité d'Irak (45 %), de Jordanie (16 %) et d'Égypte (15 %). La part de ceux en provenance du Golfe était minime: les Saoudiens représentaient 7 % du total des touristes, en chute de 78 % par rapport à 2010 ; les Koweïtiens 5 %,(-73 % par rapport à 2010) et les Émiratis 0,4 % (- 95 %).
Ce sont pourtant les visiteurs en provenance des Émirats ou d'Arabie saoudite qui sont les plus dépensiers, avec respectivement 14 et 13 % du total des dépenses détaxées enregistrées en 2016, selon Global Blue, la société en charge de la restitution de la TVA sur leurs achats.
Mais pour Marwan Malaeeb, « les touristes jordaniens et égyptiens sont ceux qui s'intéresseront le plus aux nouvelles offres touristiques, car ce sont eux qui viennent le plus au Liban actuellement. Quant aux touristes du Golfe, je ne pense pas que l'offre aura un impact important. L'argent n'est pas le problème pour eux. Ils sont plutôt soucieux des conditions sécuritaires et politiques ».
Lire aussi
Retour prochain de l’ambassadeur et des touristes saoudiens au Liban
commentaires (7)
Et nous qui venons de loin, du Canada, il n'y a rien de ce gâteau tentant, nos voyages nous coûtent bien plus chers que ceux des touristes voisins et nous restons plus longtemps aussi ! Où faut-il s'adresser pour trouver cette aubaine ?
MIRAPRA
02 h 50, le 02 mars 2017