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Moyen Orient et Monde - Territoires palestiniens

Yahya Sinouar, le nouvel homme fort du Hamas à Gaza

Le successeur d'Ismaïl Haniyeh, élu le 13 février, a fait hier sa première apparition publique.

Yahya Sinwar, le nouveau chef du Hamas dans la bande de Gaza, a assisté à l’ouverture d’une nouvelle mosquée dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, hier. Said Khatib/AFP

Yahya Sinouar, qui a fait hier sa première apparition publique depuis son élection à la tête du Hamas à Gaza, incarne l'aile dure du mouvement islamiste palestinien dont il a forgé les secteurs-clés du renseignement et des activités militaires. Les commandants des Brigades Ezzedine al-Qassam, bras armé du Hamas, le présentent comme leur « ministre de la Défense », un homme entouré d'un épais voile de mystère qui a participé activement à la lutte contre Israël et imposé son autorité parmi les prisonniers, avant de se mêler aux « politiques » du Hamas.
Né dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et âgé de 55 ans, ce Palestinien ascétique à la chevelure blanche et à la barbe poivre et sel taillées de près connaît bien Israël. Il a passé 23 années derrière les barreaux israéliens, sous le coup de quatre peines de prison à perpétuité pour « activités terroristes ».
Commandant d'élite au sein des Brigades al-Qassam, recherché par Israël et placé sur la liste américaine des « terroristes internationaux », Yahya Sinouar reste très discret et entoure ses déplacements du plus grand secret. « On ne peut jamais faire confiance à l'ennemi », dit-il quand il consent à lâcher quelques mots aux journalistes. Mais hier, à l'occasion de l'inauguration d'une mosquée à Rafah dans la bande de Gaza, M. Sinouar était présent. Mais il a gardé le silence. Avec son habillement simple, Yahya Sinouar avait replongé dans la clandestinité après avoir fait quelques apparitions publiques à sa libération en 2011.
Au bureau politique du Hamas depuis 2012, celui que beaucoup au sein du mouvement surnomment « l'homme fort » a été élu le 13 février chef à Gaza, succédant à Ismaïl Haniyeh.

Traque aux « collaborateurs »
Khaled Mechaal, en exil, reste pour l'instant aux commandes du mouvement. L'élection de Yahya Sinouar a été interprétée comme une militarisation de la hiérarchie du Hamas. Les commentateurs israéliens se sont demandé si le compte à rebours était lancé avant une quatrième guerre en dix ans depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en 2007.
Le nouveau chef du Hamas à Gaza a commencé sa formation très jeune au sein du Rassemblement islamique, lié aux Frères musulmans égyptiens et fondé par le cheikh Ahmad Yassine. Il a suivi le cheikh Yassine en participant à la création du Hamas en 1987.
En 1985, il fonde l'Organisation du jihad et de la prédication. Cette unité de renseignement du Hamas débusque et punit les « collaborateurs », ces Palestiniens impitoyablement châtiés pour intelligence avec l'ennemi israélien. Il établit en outre des relations avec les pays soutenant la « résistance » face à Israël, dont l'Iran. Yahya Sinouar a pris personnellement part aux éliminations des collaborateurs, disent les médias israéliens. En 2016, il était directement impliqué dans l'énigmatique exécution d'un commandant palestinien en vue, trop critique du camp Sinouar, affirme un article publié par un organe du ministère israélien de la Défense.
Pour les commentateurs israéliens, il est un idéologue refusant le compromis avec Israël.

L'exact opposé de Haniyeh
Incarcéré par Israël à la fin des années 1980, Yahya Sinouar était en charge en prison du renseignement et de la sécurité parmi les détenus du Hamas. « C'est l'homme de la sécurité par excellence », dit Abou Abdallah, un cadre du Hamas qui a passé des années en prison avec lui. Comme d'autres Palestiniens, il y a appris l'hébreu.
Yahya Sinouar a été libéré aux termes d'un échange en 2011 entre un millier de prisonniers palestiniens et le soldat franco-israélien Gilad Shalit. Il s'est marié à sa sortie de prison. Au fil des ans, il a vu Israël éliminer ses mentors: cheikh Yassine puis son successeur Abdelaziz el-Rantissi, mais aussi Salah Chehadé, fondateur de la branche armée du Hamas, dont Yahya Sinouar passait pour le bras droit. Abou Abdallah lui prête un « charisme de leader ». « Il prend des décisions dans le plus grand calme, mais est intraitable dès lors qu'il s'agit de défendre les intérêts du Hamas. »
Yahya Sinouar est l'exact opposé d'Ismaïl Haniyeh. Celui-ci, comme Khaled Mechaal, incarne les efforts pour faire du Hamas, déclaré « terroriste » par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, un interlocuteur acceptable de la communauté internationale.

Adel ZAANOUN/AFP

Yahya Sinouar, qui a fait hier sa première apparition publique depuis son élection à la tête du Hamas à Gaza, incarne l'aile dure du mouvement islamiste palestinien dont il a forgé les secteurs-clés du renseignement et des activités militaires. Les commandants des Brigades Ezzedine al-Qassam, bras armé du Hamas, le présentent comme leur « ministre de la Défense », un homme entouré...

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