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Liban - Loi électorale

Incertitude et flou après la convocation de Machnouk

Le ministre de l'Intérieur a signé samedi le décret de convocation des collèges électoraux dans le respect des délais, mais rien ne présage pour autant une élaboration rapide d'une loi électorale nouvelle qui serait de nature à satisfaire toutes les parties en présence. La signature de ce décret ne signifie pas non plus que les élections auront lieu une nouvelle fois sous l'égide de la loi de 1960.

Le patriarche maronite, hier, à Bkerké.

Voilà, c'est fait. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a donc signé hier le décret de convocation des collèges électoraux en vue des législatives prévues en mai prochain. Cette mesure peut étonner, à l'heure où le doute plane plus que jamais sur la nature de la loi électorale et plus largement sur le fait de savoir si les politiques vont réussir à tomber d'accord suffisamment à temps pour ne pas avoir à organiser, une nouvelle fois encore, des législatives régies par la loi de 1960.

Le décret, stipulant que les collèges électoraux seront convoqués le 21 mai, n'a cependant pas encore été transmis au secrétariat général du Conseil des ministres, selon une source du Grand Sérail citée par la chaîne locale LBCI, contrairement à des informations ayant circulé dans la journée. « Il a encore jusqu'au 21 février pour le faire », précise cette source. Le ministre de la Santé Ghassan Hasbani a toutefois expliqué que le fait pour Nouhad Machnouk d'avoir signé ce décret ne signifie en aucun cas que les législatives seront forcément régies par la loi de 1960. Pour le député Nidal Tohmé, le tout est de mettre la pression nécessaire pour aboutir à la naissance d'une loi électorale nouvelle « qui nous éviterait le vide », même si les partisans du camp loyaliste continuent d'exclure cette possibilité, à l'instar du député Ibrahim Kanaan, qui a déclaré hier que les élections n'auront lieu qu'à l'aune d'une « nouvelle loi ». Quant à Farid Élias el-Khazen, il affirme qu'il existe actuellement « une tentative de trouver une formule électorale qui ne stigmatise personne ».

(Lire aussi : Les trois priorités du Hezbollah : sécurité, loi électorale et déplacés syriens)

 

C'est là que les choses semblent pour le moins compliquées, puisque l'harmonie n'est pas franchement le maître-mot pour ce qui est du choix du mode de scrutin. D'ailleurs, les propos de l'ancien ministre Ghazi Aridi (PSP) confirment l'atmosphère en demi-teinte : « Il est difficile mais pas impossible de trouver un compromis sur la loi électorale », a-t-il ainsi affirmé depuis Zghorta, où il s'est entretenu hier avec Fayçal Karamé. Ce dernier a dit comprendre les appréhensions du PSP, avant d'ajouter que les citoyens ont pour la plupart perdu leur confiance dans le système démocratique et dans l'opération électorale. Ce à quoi le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a indirectement répondu hier soir lors d'un meeting partisan du CPL organisé à Batroun : « Nous ne permettrons à aucun citoyen de sentir que sa voix n'a pas de valeur. »

Autre déclaration en demi-teinte, celle du député Ibrahim Kanaan, qui a affirmé ne pas être « convaincu » que les différentes parties en présence « ne sont pas capables » d'élaborer un nouveau code électoral. Et d'expliquer que les craintes de certaines factions politiques ne devraient pas provenir « de cette volonté de corriger la représentation chrétienne », mais bien « de cet état de fait confessionnel » qui règne dans le pays depuis la signature de l'accord de Taëf. Pour lui, « la proportionnelle ne devrait effrayer personne ». Un avis d'ailleurs partagé par Fayçal Karamé, qui a affirmé – à l'issue de son entretien avec Ghazi Aridi – qu'il était pour la proportionnelle et la grande circonscription.

« Aucun article n'oblige le chef de l'État... »

Toutefois, le député FL Antoine Zahra a clairement indiqué que son parti était pour « une nouvelle loi, des législatives dans les délais et une juste représentation fondée sur une formule mixte ». Seul le député Nabil Nicolas s'est laissé aller à un optimisme prudent : « Les Libanais sont capables de créer des formules électorales uniques qui n'existent dans aucun autre pays au monde. Mais les parties concernées doivent se garder de camper sur leurs positions, car si elles continuent dans ce sens, en tentant de tailler une loi à leur mesure, elles n'arriveront à rien. »

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Même son de cloche du côté du député Fadi Hobeiche, qui a estimé que celui qui tente de fabriquer une loi électorale à sa mesure va immanquablement le regretter par la suite. Il a enchaîné en affirmant que « le ministre de l'Intérieur est obligé légalement et constitutionnellement de signer le décret de convocation des collèges électoraux, tout comme le sont également le Premier ministre et le président de la République ». Une opinion juridique qui n'est pas partagée par Ibrahim Kanaan, qui a précisé hier dans une déclaration qu'« aucun article n'oblige le président de la République à signer » ce décret, et que d'ailleurs celui-ci ne peut être exécutoire en l'absence du contreseing du président de la République, a-t-il précisé, avant de noter que les délais peuvent être modifiés jusqu'au 18 juin prochain.

Pratiquement aujourd'hui, trois tendances se dégagent. Une première serait davantage pour la proportionnelle, une autre pencherait pour la formule dite mixte, qui emprunte des éléments du scrutin majoritaire et du scrutin à la proportionnelle. Une troisième, enfin, se refuserait à tout changement dans le système électoral. C'est le cas du PSP, qui est actuellement en train d'examiner une formule composite qui prendrait en considération la spécificité de Aley et du Chouf et qui les regrouperait dans une seule et unique circonscription, de manière à réduire les appréhensions clairement affichées par Walid Joumblatt quant à une possible mise à l'écart de la communauté druze.

Dans ce contexte, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a voulu remettre les pendules à l'heure en appelant hier, lors de son homélie dominicale à Bkerké, à « élaborer un texte capable de garantir une juste représentation » de tous et qui serait de nature à donner tout son poids « à la voix du citoyen ».

 

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Voilà, c'est fait. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a donc signé hier le décret de convocation des collèges électoraux en vue des législatives prévues en mai prochain. Cette mesure peut étonner, à l'heure où le doute plane plus que jamais sur la nature de la loi électorale et plus largement sur le fait de savoir si les politiques vont réussir à tomber d'accord suffisamment...

commentaires (5)

Comment dévorer le gâteau par un ou deux chefs de tribus tel est le grand défi dans un pays qui ne connaitra jamais ni la démocratie ni la bonne représentation et tant pis pour ce peuple toujours soumis .

Antoine Sabbagha

12 h 21, le 20 février 2017

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Comment dévorer le gâteau par un ou deux chefs de tribus tel est le grand défi dans un pays qui ne connaitra jamais ni la démocratie ni la bonne représentation et tant pis pour ce peuple toujours soumis .

    Antoine Sabbagha

    12 h 21, le 20 février 2017

  • C'est un débat entre des vautours sur la part de chacun de la charogne.

    Un Libanais

    10 h 52, le 20 février 2017

  • Bonjour.... Assez regrettable que L Avenir de TOUT un Peuple , d un Pays et ses lois électorales Fassent l objet de Negotiations de Marchands de Tapis Dans les coulisses à huis clos , telles les transactions d affaires Commerciales A l International ou plutôt La Préparation De Plats Cuisines Et cela hélas sans nous demander le reste , ni surtout à quelle sauce nous serons dévorés ... A Mon Avis faudrait pouvoir s activer et se dépêcher .... Le Plat Qui mijote depuis belle lurette commence à s échauffer et à sentir le roussi .....

    Menassa Antoine

    10 h 14, le 20 février 2017

  • L,ANARCHIE REGNE A TOUTES LES ECHELLES DANS LE PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 53, le 20 février 2017

  • Chez nous, on laisse volontairement règner l'incertitude et le flou... ainsi on peut tranquillement continuer la certitude de la corruption, de l'inaction...pour garder les avantages personnels de chacun de nos magnifiques IRRESPONSABLES-INCAPABLES ! Et que vive le Liban "démocratique" ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 57, le 20 février 2017

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