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Liban - interview express

Farès Souhaid : Entre Baabda et le Hezbollah, un mimétisme complet

« Aoun menace-t-il Israël par le biais des armes du parti chiite ? » s'interroge le coordinateur des forces du 14 Mars, l'un des pôles de l'opposition au pouvoir actuel.

Comment analysez-vous la dernière réaction du chef de l'État au sujet d'Israël ?
Jamais il n'y a eu adhésion totale entre la position de l'État libanais et celle d'une milice, en l'occurrence le Hezbollah. Même durant la guerre de juillet 2006, il y avait une différence entre la position officielle du gouvernement libanais, qui était tenu responsable de la protection du Liban à travers ses relations diplomatiques, et celle du Hezbollah, qui était en guerre contre Israël. Pour la première fois depuis 1948, un président de la République emboîte le pas au Hezbollah et menace l'État d'Israël d'une réplique militaire, alors que ce même président disait de son armée, quelques jours auparavant, qu'elle était « faible ». Le chef de l'État menace-t-il donc par le biais du Hezbollah, de son arsenal et de ses missiles ? Cette position met en danger le Liban puisqu'elle élimine toute différence entre l'État et le Hezbollah. Le mimétisme est complet. En cas d'agression du Hezbollah contre Israël, l'ensemble de l'État pourrait ne pas être épargné. Elle met également en danger le Liban par rapport à la communauté internationale et à l'ONU, puisqu'elle sous-entend que la résolution 1701 ne peut assurer la protection du Liban, et que cette protection n'est réellement assurée que par l'équilibre de force qui existe des deux côtés de la frontière, c'est-à-dire entre l'armée israélienne et le Hezbollah. Sur cette base, la communauté internationale pourrait réclamer l'abolition de la 1701, laissant au Liban le soin d'assurer sa propre protection par le truchement du Hezbollah et des pasdarans... Pourquoi est-ce le président lui-même qui prend ce genre de position, alors que nous disposons d'une représentation à l'ONU en la personne de notre ambassadeur, Nawaf Salam ? Comment, par ailleurs, le palais Bustros décide-t-il de baisser son niveau de représentation diplomatique auprès du coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Sigrid Kaag, au lendemain de son tweet sur la 1701 en réponse au président ? Enfin, les propos du président Aoun transforment de nouveau le Liban en boîte postale au moment où le ton monte entre l'administration US et l'Iran dans la région.

Le problème est-il strictement confiné à la position du président Aoun ?
Pour être honnête, la position de Michel Aoun n'a pas changé. Michel Aoun d'avant le compromis avec le Hezbollah sur la présidentielle est toujours le même depuis son élection, à la seule différence qu'il occupe aujourd'hui des fonctions officielles. Ce qui a changé, c'est la position du camp souverainiste, qui est devenu timide désormais, au point de s'effacer, dans sa critique des positions du Hezbollah. D'ailleurs, prétendre que la position du Hezbollah fragilise précisément le mandat Aoun est incorrect, car c'est là un détail, un épiphénomène. La position du Hezbollah, adoptée par Baabda, fragilise l'ensemble du Liban et le dépouille de sa légitimité internationale.

Qu'en est-il de la position du chef de l'État hostile à la signature du décret de convocation du collège électoral ?
Cette position avait été considérée comme un des leviers de pression pour solliciter les forces politiques à assurer l'adoption d'une nouvelle loi électorale. Le problème, dans le cadre de cette polémique, c'est que le ministre de l'Intérieur se présente désormais comme le garde des Sceaux, tandis que le président de la République se présente comme celui qui enfreint la loi et la Constitution. Sans nouvelle loi électorale, nous risquons ainsi de nous retrouver dans une situation de vide ou de chaos constitutionnel qui peut, in fine, mener à une nouvelle Constituante, c'est-à-dire à ce que voulait initialement le Hezbollah. Il faut à tout prix s'entendre sur une nouvelle loi électorale, quitte à ce qu'il y ait un report technique du scrutin de quelques mois, pour empêcher le pays de basculer dans le chaos. Il reste que le problème global est le suivant : le président de la République risque de terminer son mandat avant même de l'entamer, s'il se contente d'assurer les intérêts du Hezbollah, ne prend pas en considération la conjoncture régionale et internationale et ne respecte pas les résolutions 1701 et 1559 de l'ONU.

 

 

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commentaires (9)

Ou quand le frere devient ton ennemi, et que l'etranger devient ton ami. Tout le monde condamne quiconque ose élever la voix contre "israel" a croire que cette derniere n'est plus notre ennemie? Par contre attention le hezbollah c'est les nazis quiconque ose pactiser avec eux est taxé de collabo. C'est d'une absurdité... a se demander qui sont les extremistes, tant de haine contre des gens qui ne vous veulent absolument rien

Chady

23 h 10, le 20 février 2017

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Commentaires (9)

  • Ou quand le frere devient ton ennemi, et que l'etranger devient ton ami. Tout le monde condamne quiconque ose élever la voix contre "israel" a croire que cette derniere n'est plus notre ennemie? Par contre attention le hezbollah c'est les nazis quiconque ose pactiser avec eux est taxé de collabo. C'est d'une absurdité... a se demander qui sont les extremistes, tant de haine contre des gens qui ne vous veulent absolument rien

    Chady

    23 h 10, le 20 février 2017

  • "Farès Souhaid : Entre Baabda et le Hezbollah, un mimétisme complet." ! "Mimétisme", ou plutôt.... Collaborationnisme !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 34, le 20 février 2017

  • "Prétendre que la position du héZébbb fragilise le (mandat?) de Äâoûn est incorrect, car ce n'est là qu'une broutille.... La position du héZébbb adoptée donc par Äâoûn, fragilise en fait l'ensemble du Liban et le dépouille de sa légitimité internationale." ! Tout est dit. Mercier Chevalier !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 33, le 20 février 2017

  • FS, peut-etre un des tres rares, avec tous ceux qui ont ete deja liquides et qui n'aient pas vendu leur ame au diable.

    Remy Martin

    16 h 17, le 20 février 2017

  • Farès Souhaid unique politicien qui ne veut jamais se réconcilier ni avec le pouvoir ni avec le président de la république. Et après ?

    Antoine Sabbagha

    12 h 27, le 20 février 2017

  • CE QUI ARRIVE EST DEPLORABLE... LE LIBAN SE DEFAIT DE SES COUVERTURES INTERNATIONALES... POUR SATISFAIRE QUI ? ET SOUS QUELLES PRESSIONS D,INTERETS PERSONNELS BIEN SUR ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 19, le 20 février 2017

  • faudra couler une dalle de beton sur le Liban et recommencer

    George Khoury

    10 h 04, le 20 février 2017

  • Quel ressources ?!?!

    Bery tus

    09 h 56, le 20 février 2017

  • Le président aoun dit et fait ce qu'il pense, qu'on apprecie ou pas, et on ne peut pas en dire autant de tout le monde, cet homme a une fierté et compte sur ses propres ressources plutot que sur une quelconque protection americano-arabe qui de toute façon ne peut avoir lieu que s'il y a des intérêts en jeu ou alors qu'est-ce que les usa en auraient a faire du petit Liban?

    Chady

    09 h 23, le 20 février 2017

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