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Liban - La vie, mode d’emploi

54 - Le salut par la religion exotique

Toute religion a partie liée avec l'exotisme, l'extérieur, l'étranger. Nous en convenons et avec nous l'étymologie (contestée, il est vrai, mais nous ne sommes pas encore entrés dans le vif du sujet pour nous permettre arguties et sexe des anges), sinon en quoi serait-elle religion, religare, reliant le lointain au proche, l'ici-bas à l'au-delà, le ciel à la terre, la nuit des temps au jour d'aujourd'hui, l'immémorial à l'idée fixe, les énergies de l'univers à votre tasse de tisane ? Toute religion parle une langue étrangère. Nous en convenons aussi sans avoir besoin pour cela de déranger de nouveau l'étymologie, cette très vieille dame, qui peut rester à somnoler tranquillement dans sa page de dictionnaire cinq étoiles.
Alors qu'il faille étudier, des années durant, le sanscrit auprès d'un maître dans un ashram d'Extrême-Orient, s'exercer, dans son jardin à la pelouse impeccablement rasée et sous les yeux de son chien quelque peu interloqué, aux borborygmes chamaniques ou aux jappements martiaux avec tenue vestimentaire assortie ou au langage des oiseaux en lisant la poésie parfumée de Attar, il n'y a là que chose des plus naturelles et des plus simples, comme le cours des rivières qui rejoignent la mer, leur mère ou la théorie darwinienne qu'on renverse tel un sablier. En tout cas, il n'y a pas de quoi faire de l'esprit, ni bon ni mauvais ! Il faut simplement s'incliner avec humilité et dévotion devant la grande sagesse du cosmos aux cinq sourires et aux mille bras secourables, du langage avec ses règles bénies quoique souvent impraticables, des ancêtres qui ne vous oublient pas jusque dans votre sommeil et, enfin et surtout, de tout esprit humain qui porte en lui sa lumière. Le bon sens, « cette chose du monde la mieux partagée », n'a-t-il pas, en effet, manifesté son extra-lucidité lorsque, faisant table rase des contes de nourrice et des arguments contournés de l'école, il a déclaré, d'abord, avec Descartes, « Cogito ergo sum », puis, par la bouche d'un guru inspiré : « Si la montagne ne vient pas à moi, je vais vers la montagne » ? Même un enfant de trois ans peut comprendre cette dernière vérité-sentence en échappant à la vigilance de sa bonne pour aller à la montagne qui ne vient pas dans son bac à sable. Bien sûr, il peut rencontrer en chemin un loup, friand de petits chaperons rouges ; néanmoins, armé de son cogito et de son bon sens, il n'a rien à craindre de ce conte de nourrice. Il peut même, s'il est pressé, chausser les bottes de sept lieues que le chat, plein de ressources, du marquis de Carabas sera heureux de lui prêter.
Mais déjà j'entends le « Halte là ! » interrompant net la marche du petit garçon résolu et courageux que j'ai envoyé à la rencontre de la montagne rétive à ses appels. Déjà j'entends l'objection d'un lecteur soucieux de logique et de syntaxe : Qu'est-ce donc que votre charabia mêlant torchons et serviettes, le cogito orgueilleux de l'Occident avec la disparition simultanée du sujet et de l'objet de la bienséance orientale, le chat et le loup, comme un plagiat d'Isaïe? Revenez à votre phrase de départ, à sa tournure, « Nous en convenons » qui suppose un « mais » comme le plus médiocre avocat ne l'ignore pas. Nous attendons donc le « mais » qui n'a que trop joué son modeste ou fait son malin. Ayez le courage de vos opinions, grands dieux, ou redonnez-nous votre plume que nous la piquions dans la parure du sorcier !
Nous convenons donc de l'exotisme inhérent à toutes les religions, mais pourquoi cette prédilection pour celles du bout du monde : ne suffit-il pas qu'elles puissent mettre en rapport avec l'outre-monde et même l'arrière-monde et le hors monde et le hors imagination et le hors normes ? On finirait par croire que l'exotisme est lui-même la religion et que tout le monde n'est en quête désespérée que du signal rouge « exit » – comme dans une salle obscure qui projette un mauvais film et où l'on a été entraîné par je ne sais quelle publicité mensongère ou par un faux ami ou par un ennui de fin d'après-midi. Il se pourrait, toutefois, que la réponse soit moins métaphysique et cinématographique que réaliste et utilitariste. Elle exigerait alors de revenir au bon sens populaire et non plus philosophico-cartésien, et à son principe général affirmant que « rien ne vaut qui ne coûte » et à sa traduction en matière de religion qui, elle, n'a rien d'exotique puisqu'elle est bien de chez nous et selon laquelle une église proche ne guérit pas.
Il faut donc grimper jusqu'aux sommets himalayens, s'enfoncer dans la brousse africaine, se faire totémiser en Amazonie pour espérer trouver un remède à ce mal du pays natal qu'on appelle la nostalgie du paradis.

Nicole HATEM

Toute religion a partie liée avec l'exotisme, l'extérieur, l'étranger. Nous en convenons et avec nous l'étymologie (contestée, il est vrai, mais nous ne sommes pas encore entrés dans le vif du sujet pour nous permettre arguties et sexe des anges), sinon en quoi serait-elle religion, religare, reliant le lointain au proche, l'ici-bas à l'au-delà, le ciel à la terre, la nuit des temps au...
commentaires (5)

Si les dévots avaient une once d’entendement, ils se diraient sûrement : "Ô le dieu, nous nous sommes trompés. Notre malheur est trop, trop profond etc. !". Nous ne sommes pas dévots, mais soyez certains que nous n’aimons pas assister, really, à la colère impitoyable de ce dieu à l’encontre de ses dévots. Cela donne un frisson de crainte dans le corps et dans l’âme ; la chair de poule, quoi ! ; car nous nous demandons à quoi ressemblera donc le courroux "éternel?!" de ce dieu en "enfer!?" contre ces mêmes dévots ! Bref, nous le disons, ne vous engagez pas trop dans des discussions avec ces dévots. Ceux-ci ont, depuis leur enfance, été nourris de tant de rancœur contre les Non-croyants qu’il n’y a Rien à espérer tant qu’ils n’auront pas atteint le point où leur misère les fera finalement plier et les forcera à reconnaître que l’Athéisme est déjà f l o r i s s a n t ; et que c’est…. Notre véritable dieu. D’ici là, si, il est bien trop tard, oui, et inutile de discuter avec eux pour savoir comment ce dieu, là, pouvait-il really exister. Aucune raison humaine "Normale", ni cœur humain évidemment banal ne pourra jamais admettre ces choses, encore moins le cœur Niais de ces mêmes dévots. Et comme nous l’affirmons, donc, ce que ce dieu n’a point pu corriger chez eux avec autant de coups, nous ne pourrons pas le changer ; Nous ; avec des mots.... censés. Tant pis pour eux ! Yâ hassértéééh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 26, le 08 février 2017

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Commentaires (5)

  • Si les dévots avaient une once d’entendement, ils se diraient sûrement : "Ô le dieu, nous nous sommes trompés. Notre malheur est trop, trop profond etc. !". Nous ne sommes pas dévots, mais soyez certains que nous n’aimons pas assister, really, à la colère impitoyable de ce dieu à l’encontre de ses dévots. Cela donne un frisson de crainte dans le corps et dans l’âme ; la chair de poule, quoi ! ; car nous nous demandons à quoi ressemblera donc le courroux "éternel?!" de ce dieu en "enfer!?" contre ces mêmes dévots ! Bref, nous le disons, ne vous engagez pas trop dans des discussions avec ces dévots. Ceux-ci ont, depuis leur enfance, été nourris de tant de rancœur contre les Non-croyants qu’il n’y a Rien à espérer tant qu’ils n’auront pas atteint le point où leur misère les fera finalement plier et les forcera à reconnaître que l’Athéisme est déjà f l o r i s s a n t ; et que c’est…. Notre véritable dieu. D’ici là, si, il est bien trop tard, oui, et inutile de discuter avec eux pour savoir comment ce dieu, là, pouvait-il really exister. Aucune raison humaine "Normale", ni cœur humain évidemment banal ne pourra jamais admettre ces choses, encore moins le cœur Niais de ces mêmes dévots. Et comme nous l’affirmons, donc, ce que ce dieu n’a point pu corriger chez eux avec autant de coups, nous ne pourrons pas le changer ; Nous ; avec des mots.... censés. Tant pis pour eux ! Yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 26, le 08 février 2017

  • Mais on en a déjà une, chez NOUS ici, "d'exotîîîque" : Le Wâlïyoûlfakkihîsme, yîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 14, le 08 février 2017

  • LE MOT EXOTIQUE FAUSSEMENT EMPLOYE DANS CE CONTEXTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 07, le 08 février 2017

  • EH BIEN NON... C,EST AVEC LE MYSTICISME OU LA SPIRITUALITE QUE LES RELIGIONS S,ATTACHENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 08 février 2017

  • Excellent! Je me permettrai cependant d'ajouter un élément qui explique cet engouement pour l'exotisme. Il nous faut revenir à l'étymologie: la religion "relie" l'homme à un principe transcendant, mais aussi "relie" les hommes entre eux (c'est le sens de l'expression "entrer en religion", où le mot est équivalent celui de communauté). Or toute communauté suppose des règles. Or,l'homme moderne, au prix d'un contresens sur le mot "liberté", veut s’affranchir des règles. Mais, le besoin de spiritualité demeure. Il va donc vouloir se fabriquer une "religion" à la carte, ne retenant de ce mot que le premier des deux sens cités plus haut.On veut bien rechercher "la vérité", mais là où c'est le plus confortable. Au fond, n'est-ce pas la même attitude que celle du héros de l'anecdote suivante: La nuit, au pied d'un réverbère, un homme est penché en train de chercher quelque chose. Un passant s'enquiert obligeamment:  - Je peux vous aider? Vous avez perdu quelque chose?  - Oui, je vous remercie, je viens de perdre ma montre. Au bout de cinq minutes de recherches infructueuses, le passant demande:  - Vous êtes sûr que c'est ici que vous l'avez perdue?  - Non, c'est là-bas, mais ici c'est plus facile:il y a de la lumière!

    Yves Prevost

    09 h 06, le 08 février 2017

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