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À La Une - conflit

L'offensive turque s'enlise dans le bastion jihadiste d'al-Bab

Erdogan assure qu'il ne serait pas nécessaire de s'enfoncer davantage en Syrie.

Un combattant rebelle à al-Bab, en Syrie, le 26 janvier 2017. REUTERS/Khalil Ashawi

La Turquie affronte le plus gros défi de son intervention en Syrie en tentant de reprendre la ville d'al-Bab au groupe État islamique (EI), au prix de lourdes pertes dans des combats éprouvant une armée affaiblie par les purges consécutives au putsch manqué de juillet.

L'ambitieuse opération "Bouclier de l'Euphrate", visant à soutenir les rebelles syriens, a démarré en trombe fin août en chassant l'EI de différentes localités du nord de la Syrie, dont Jarablous. Au moins 48 soldats turcs ont perdu la vie dans cette opération, la plupart dans la bataille engagée le 10 décembre pour prendre à l'EI la ville d'al-Bab, selon un décompte de l'AFP.

Le président Recep Tayyip Erdogan a assuré vendredi que la Turquie "finirait son travail" à al-Bab mais a assuré qu'il ne serait ensuite pas nécessaire de s'enfoncer davantage en Syrie.
Ankara s'est régulièrement plaint du manque de soutien fourni par ses alliés de l'Otan, mais a en revanche bénéficié récemment du soutien de son nouvel allié russe. Mais la deuxième plus grande armée de l'Otan doit affronter cette opération en Syrie avec des effectifs réduits par les purges menées depuis le coup d'État manqué du 15 juillet: 6.000 soldats ont été arrêtés et 168 généraux, soit près de la moitié du contingent pré-coup.

Signe que les secousses du 15 juillet n'ont pas fini d'ébranler l'armée, plusieurs militaires qui devaient comparaître devant la justice la semaine dernière n'ont pas pu se rendre au tribunal d'Istanbul parce qu'ils étaient sur le front à al-Bab.
"Les rebelles avec lesquels se bat la Turquie sont peu entraînés et se sont montrés, pendant des années, incapables de prendre ou de tenir le moindre territoire", affirme Aaron Stein, du Centre Rafic Hariri pour le Moyen-Orient, déplorant le "manque de ressources" de l'opération menée par Ankara.

 

(Lire aussi : En Syrie, une trêve aux accents de guerre intestine rebelle)

 

"Bourbier syrien"
Tandis que Jarablous est de l'autre côté de la frontière turque, al-Bab se situe à 25 kilomètres de la Turquie et est logistiquement plus compliquée à prendre.

Faruk Logoglu, ancien ambassadeur turc aux États-Unis, affirme que le problème de la campagne turque tient au "manque d'objectifs finaux et de stratégie de repli". "L'objectif annoncé va bien au-delà de ce qui est réalisable", explique-t-il à l'AFP. "La Turquie risque d'être entraînée plus loin dans le bourbier syrien."

En décembre, l'EI a affirmé avoir brûlé vivants deux soldats turcs, ce qui n'a jamais été confirmé par Ankara. En revanche, les corps de deux soldats turcs enlevés par les jihadistes ont été rapatriés en Turquie en janvier.
"Parce qu'Ankara a lancé son opération de reprise d'al-Bab sans s'assurer d'une coopération concrète avec les États-Unis, cette fois-ci la Turquie a dû avancer seule", explique à l'AFP Soner Cagaptay, analyste au Washington Institute. "Cela a naturellement ralenti l'opération. C'est pourquoi Ankara s'est assuré d'un soutien aérien russe."

En novembre, le Pentagone avait affirmé que la coalition internationale menée par les États-Unis ne soutenait pas l'opération à al-Bab parce qu'elle avait été décidée "indépendamment" par la Turquie.
Cela a conduit Ankara à se tourner vers la Russie, bien que les deux puissances soutiennent les parties opposées dans le conflit syrien.

La Turquie et la Russie ont négocié un cessez-le-feu en Syrie, entré en vigueur le 30 décembre et ont intensifié leur coopération depuis, notamment à Astana. Ankara et Moscou ont par ailleurs conduit leurs premières frappes aériennes conjointes contre l'EI à al-Bab le 18 janvier, selon le ministère russe de la Défense.

En janvier, la coalition dirigée par Washington a également mené quatre frappes près d'al-Bab. La Turquie s'attend désormais à une coopération renforcée sous le mandat Trump.
En intervenant en Syrie, la Turquie veut empêcher l'établissement à sa frontière d'une région contrôlée par les milices kurdes soutenues par les États-Unis.

L'observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) affirme régulièrement que les frappes turques causent des pertes civiles, ce qu'Ankara dément, assurant que tout est fait pour l'éviter. Vendredi encore, l'OSDH a indiqué que 10 civils dont un enfant avaient été tués dans la région d'al-Bab par des frappes turques.

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La Turquie affronte le plus gros défi de son intervention en Syrie en tentant de reprendre la ville d'al-Bab au groupe État islamique (EI), au prix de lourdes pertes dans des combats éprouvant une armée affaiblie par les purges consécutives au putsch manqué de juillet.
L'ambitieuse opération "Bouclier de l'Euphrate", visant à soutenir les rebelles syriens, a démarré en trombe fin août...

commentaires (1)

L'information est traitée différemment quand il s'agit d'alliés de l'otan ou de résistants aux wahabites bensaouds.

FRIK-A-FRAK

15 h 34, le 27 janvier 2017

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Commentaires (1)

  • L'information est traitée différemment quand il s'agit d'alliés de l'otan ou de résistants aux wahabites bensaouds.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 34, le 27 janvier 2017

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