Rechercher
Rechercher

À La Une - Irak

L'heure de "rentrer à la maison" a sonné pour des déplacés de Mossoul

Selon l'Onu, au moins 22.000 des 180.000 personnes ayant été déplacées sont rentrées chez elles.

 

Le ministère irakien de la Migration et du déplacement a affrété une cinquantaine de cars pour ramener les civils à Mossoul. REUTERS/Ahmed Jadallah

A l'arrière de la camionnette blanche, les matelas sont attachés au-dessus de sacs de vêtements et de cartons de provisions pleins à craquer: Salha Ahmed s'apprête à retourner chez elle à Mossoul, dans un des quartiers repris par les forces irakiennes aux jihadistes.

"Je suis tellement contente de rentrer chez moi, auprès des miens", confie cette veuve et mère de sept enfants. Salha Ahmed replie soigneusement le tapis qui recouvrait le sol rocailleux de la tente N. 81, plantée au milieu de centaines d'autres dans le camp d'al-Khazir sous le ciel gris de l'hiver.

Comme elle, des milliers de civils ont quitté mercredi les camps de déplacés où ils avaient trouvé refuge après avoir fui Mossoul lors de l'offensive lancée mi-octobre par les forces irakiennes pour reprendre au groupe État islamique (EI) son fief en Irak.

"Nous organisons le transfert de 500 familles, soit à peu près 2.700 personnes, vers leurs maisons libérées", explique Mustafa Hamid Sarhan, un responsable du camp d'al-Khazir, situé à une trentaine de kilomètres au sud-est de la deuxième ville d'Irak.

 

(Lire aussi : « Nous avons enterré mon père, ma mère et mon frère sous les orangers »)

 

"Plus grande vague de retours"
Selon l'Onu, au moins 22.000 des 180.000 personnes ayant été déplacées sont déjà rentrées chez elles. Mais jamais autant de civils n'avaient quitté le camp d'al-Khazir en même temps, selon M. Sarhan. "C'est la plus grande vague" de retour, affirme-t-il, en précisant que des départs groupés sont organisés deux fois par semaine.

Pour les ramener à Mossoul, le ministère irakien de la Migration et du déplacement a affrété une cinquantaine de cars. Ces retours sont rendus possibles par la reprise totale de la partie orientale de Mossoul après trois mois d'intenses combats contre les jihadistes qui avaient conquis la ville en 2014. Ils en contrôlent toujours la partie ouest où vivent quelque 750.000 personnes selon l'Onu.

Une fois sa tente vidée, Salha Ahmed la quitte sans un regard en arrière. Son abri de fortune de 15m2 ne lui manquera pas, mais retourner chez elle la rend nerveuse. Car sa maison a été endommagée dans les combats, et plusieurs de ses enfants et petits-enfants se trouvent toujours dans un autre camp, à une soixantaine de kilomètres au sud de Mossoul.

Pire encore, l'un de ses fils a été assassiné par les jihadistes, sans qu'elle sache pourquoi. Après un tel drame, la vie à Mossoul ne sera plus jamais la même: "Nous avons beaucoup subi, nous avons été détruits", murmure-t-elle les yeux humides.

 

(Lire aussi : L’université de Mossoul : reprise, mais dévastée)

 

"Rester ou partir"
Elle s'interrompt, essuie une larme et ajoute: "Nous sommes fatigués, nous ne savons pas quoi faire. Devons nous rester ou partir?".

Il est à présent temps de dire au revoir à ceux avec lesquels ils ont vécu une partie de l'hiver. "Nous avons hâte de rentrer nous aussi à la maison", affirme Salima Khdeir, venue faire ses adieux à Mme Ahmed.

Cette mère de quatre enfants a eu moins de chance que sa voisine: elle a également fait une demande pour pouvoir quitter al-Khazir mais n'a pas encore reçu de permission des autorités du camp.
"C'est bien de les voir partir, ça signifie que nous aurons aussi cette chance. Mais, en même temps, je suis triste de devoir rester ici alors qu'eux peuvent retourner chez eux", avoue Salima Khdeir.

Avant de monter dans la camionnette garée dans la boue, Salha Ahmed salue ses voisins une dernière fois d'un geste de la main. Prochain arrêt: un champ de bataille, mais surtout une maison. "Malgré les circonstances, Mossoul reste un paradis", veut-elle encore croire.

 

Lire aussi

Craintes pour les civils à Mossoul avant un nouvel assaut antijihadistes

Entre traumatisme et ruines, la vie reprend dans les écoles de Mossoul

Le quotidien reprend ses droits dans l’est de Mossoul

« La sécurité est revenue, les boutiques (...) ont rouvert et les clients sont là »

A Mossoul, le refuge est parfois au bout de la rue

Les forces irakiennes confrontées aux kamikazes et aux drones de l'EI

Les enfants "ont vu des choses que personne, peu importe son âge, ne devrait voir"

A l'arrière de la camionnette blanche, les matelas sont attachés au-dessus de sacs de vêtements et de cartons de provisions pleins à craquer: Salha Ahmed s'apprête à retourner chez elle à Mossoul, dans un des quartiers repris par les forces irakiennes aux jihadistes.
"Je suis tellement contente de rentrer chez moi, auprès des miens", confie cette veuve et mère de sept...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut