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Économie - Liban - Loisirs

Soirées du Nouvel An : un verre à moitié plein pour les professionnels

Cette année, les Libanais ont été plus nombreux qu'en 2016 à sortir pour fêter le Nouvel An, en faisant toutefois davantage attention à leur porte-monnaie.

Ragheb Alamé au Biel le 31 décembre. Photo D.R.

Même si certains préfèrent passer la soirée du réveillon en famille autour d'un bon dîner, les Libanais sont également nombreux à s'aventurer hors de chez eux pour accueillir la nouvelle année. « Des boîtes de nuit branchées aux restaurants traditionnels, toutes les soirées de réveillon étaient pleines cette année ! », s'enthousiasme Yves Khoury, directeur général des pubs Kissproof, Vyvyans et Happy Prince.

La stabilité politique apportée par l'élection, le 31 octobre, d'un nouveau président de la République, a signalé le retour d'un nombre important de Libanais de la diaspora pour les fêtes. Selon Ricky Hmouda, propriétaire de Chez Rikky'z, restaurant et boîte de nuit près de la célèbre station de ski de Faraya Mzaar, qui attire de nombreux réveillonneurs, la majorité de sa clientèle était composée « de Libanais vivant en Arabie saoudite, à Dubaï, ou en Australie ».

Élection qui a également marqué le retour des touristes du Golfe, d'après le directeur général de l'hôtel Four Seasons, Rami Sayess, qui a observé une hausse de 30 % de la fréquentation. Ces touristes fortunés, particulièrement courtisés par l'hôtellerie et la restauration libanaises, avaient déserté le pays du Cèdre depuis début 2016 suite aux tensions diplomatiques avec l'Arabie saoudite nées de la position en retrait du Liban après les attaques contre les représentations du royaume wahhabite en Iran. Le retour de certains d'entre eux pour le Nouvel An a donc anticipé la normalisation des relations entre les deux pays qui s'est concrétisée avec la visite de Michel Aoun en Arabie saoudite la semaine dernière.

(Pour mémoire : Tourisme hivernal : Une saison 2016 trop courte pour maintenir le secteur en piste)

Baisse moyenne des prix de 30 %

Selon certains restaurateurs et propriétaires de boîtes de nuit, le Nouvel An représente l'opportunité pour leurs clients de dépenser sans compter. « Les mêmes clients qui, ces derniers temps, faisaient attention à leurs frais et achetaient des bouteilles de vin à 100 000 livres au lieu de 400 000 livres, oublient ces précautions le soir du Nouvel An. C'est l'occasion de frimer », observe Yves Khoury.

Mais plusieurs autres gérants de restaurants ou de bars ont bien remarqué une baisse des dépenses des Libanais, au vu de la conjoncture économique difficile qui sévit depuis 2012. Chez Rikky's, les clients se sont rués cette année sur les billets les moins chers. « C'est clair que nos clients font attention à leurs dépenses. En début de mois, nous sommes pleins, et en fin de mois nous sommes vides », explique son propriétaire. Pour s'adapter, il a proposé une nouvelle formule à 150 dollars la soirée du réveillon, qui inclut alcool à volonté et amuse-bouches, en parallèle à l'offre traditionnelle à 250 dollars, qui comprend en plus le dîner. Une formule qui a fait fureur auprès des jeunes, d'après Ricky Hmouda. Des jeunes qui sont également de plus en plus nombreux à entièrement éviter la sortie au restaurant en louant un chalet à plusieurs, ajoute le restaurateur.

Ce dernier n'est pas le seul à avoir baissé ses prix. Selon Tony Ramy, président du syndicat des propriétaires de restaurants, de boîtes de nuit et de cafés, les baisses ont avoisiné les 30 % pour les soirées de réveillon cette année par rapport à 2015. « Pour encourager la clientèle, plus de la moitié des restaurants ont évité les formules chères et proposé des menus à la carte, plus abordables. »

Pas de changement des prix dans le haut de gamme

Du côté des soirées les plus onéreuses, les prix se sont cependant maintenus, et ont même parfois augmenté par rapport à 2012, année que les restaurateurs marquent comme ayant été la dernière année faste avant l'arrivée de la crise économique. À 470 dollars, le Nouvel An à l'hôtel Four Seasons n'était que de 20 dollars moins cher qu'en 2015, d'après son directeur général. Un prix même plus élevé qu'en 2012, lorsque le ticket d'entrée coûtait 425 dollars. Même son de cloche chez les organisateurs de la soirée de réveillon au BIEL. Khodr Alamé, qui n'y avait pas organisé un concert de son frère Ragheb Alamé pour le Nouvel An depuis 2012, n'a pas remarqué de changement de prix cette année. Le ticket d'entrée, incluant le dîner, se négociait entre 350 et 800 dollars. « Les Libanais veulent toujours autant sortir. Je n'ai pas ressenti de différence dans leur situation économique. » Preuve que le Nouvel An rime toujours avec faste pour les classes sociales les plus aisées. « Il est vrai que les plus riches ont toujours les moyens de se payer ce type de soirées, alors que les classes moyennes cherchent des prix inférieurs », concède Tony Ramy.

Malgré son caractère unique, la soirée du Nouvel An ne rime pas forcément avec des marges plus intéressantes. Selon Tony Ramy, seules les boîtes de nuit engrangent un profit significativement plus élevé que d'habitude. Du côté des restaurants, les bénéfices sont équivalents à d'autres soirées et avoisinent les 20 %. « Le Nouvel An garantit beaucoup de publicité, mais les dépenses sont plus importantes, tant en nourriture qu'en divertissement et en accessoires », observe l'un des propriétaires du restaurant L'Appartement, à Sioufi, Karim Keyrouz. À 120 dollars, les festivités incluaient un dîner, de l'alcool à volonté, ainsi qu'un musicien et un magicien. Selon Khodr Alamé, le son et la lumière de la scène du BIEL ont coûté à eux seuls 180 000 dollars. Plus de 40 personnes ont été embauchées pour le dîner-concert dans la salle de bal qui a accueilli 850 personnes.


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