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Lifestyle - This is America

L’art moderne à pétrir et à déguster

Ou comment décrocher de célèbres toiles contemporaines de leurs cimaises pour les placer dans des assiettes de délices sucrés...

Les « cakes » du peintre américain Wayne Thiebaud, source de l’inspiration de Caitlin Freeman.

Pour rester dans la note des fêtes, et pour d'autres grandes occasions, pourquoi pas, au lieu d'un mont-blanc ou d'un gâteau aux marrons, offrir une tranche de Mondrian, un parfait Matisse ou une gelée Warhol ?

C'est ce que propose un livre de recettes culinaires, vraiment pas comme les autres, intitulé Modern Art desserts, qui décroche les célèbres toiles contemporaines de leurs cimaises pour les placer dans des assiettes de délices sucrés. Une belle invite à se flatter le palais avec les créations de grands artistes ainsi reproduites en douceurs. Cette métamorphose est due à une chef pâtissière nommée Caitlin Freeman. Ce n'est pas une madeleine de Proust qui avait déclenché chez elle le déclic, mais un des célèbres tableaux du peintre américain Wayne Thiebaud, né en 1920, baptisé Cakes, donnant à voir une série de gâteaux aussi vrais que nature. Elle avait découvert cette œuvre au musée d'art moderne de San Francisco où, étudiante, elle expérimentait sa caméra et arrondissait ses fins de mois, d'abord comme vendeuse dans une pâtisserie, puis en apprentie pâtissière. Plus tard, s'étant mariée, elle a l'idée d'enrichir la chaîne de cafés que possède son époux avec ses pâtisseries. Et lorsque le musée d'art moderne de San Francisco demande au couple d'installer son enseigne chez lui, cette fameuse toile de Thiebaud ressurgit de la mémoire de Caitlin, à la manière de la madeleine de Proust.

 

Lignes géométriques
En accord avec les curateurs des différentes expositions qui se déroulent au musée, l'auteur a donné à déguster au café sa version pâtissière d'œuvres d'art « gourmandes ». Elle a ainsi réuni une sélection de 27 de ses confections dont elle révèle la recette dans son ouvrage Modern Art Dessert. Toute une esthétique culturelle, affichant avec sophistication la matérialisation comestible de certains chefs-d'œuvre de grands noms de l'art contemporain, avec un choix qui va du gâteau Roy Lichtenstein au petits-fours du mariage de Frida Kahlo et Diego Rivera, en passant par les parfaits de Richard Avedon et de Matisse, le chocolat chaud blanc de Jeff Koons, les gâteaux de Piet Mondrian et de Robert Ryman et la gelée d'Andy Warhol.
Chaque recette est accompagnée de sa photo et celle de l'œuvre originale ainsi interprétée et quelques informations. L'auteur cherche à estomper la frontière entre l'aliment et l'art, pour une parfaite fusion de la saveur et de l'esthétique. Outre l'habituelle liste des ingrédients, une bonne place est réservée aux instruments utilisés et surtout à l'assemblage et au choix du plat où est servi le dessert pictural, pour en être la continuation. Arrêt sur la confection d'une composition du peintre néerlandais, Piet Modrian, (1872-1944), l'un des pionniers de l'abstraction qui s'est passionné pour l'équilibre harmonieux et épuré entre les couleurs primaires et les lignes géométriques : pour le pétrir, il faut commencer par une simple pâte, à base d'œufs, de farine, de lait, de sucre, de beurre, de baking powder et de colorants alimentaires rouge, jaune et bleu. Puis y ajouter une ganache de chocolat.

 

Taylor en gelée par Warhol
Mais après les premiers gestes relativement faciles, il faut de la patience et du doigté pour d'abord découper ce qui, après cuisson, devient un gâteau ordinaire, et ensuite l'assembler en œuvre d'art.
L'auteur précise qu'il est normal qu'un premier Mondrian du genre ne soit pas parfait. Elle conseille de rester calme, tout en travaillant rapidement, de congeler les pièces découpées avant de les assembler et, in fine, jeter un regard éloigné sur la couverture en chocolat pour une meilleure perspective. Pour elle, ce concept de Modrian apparaît « comme une belle perle scintillante à l'intérieur d'une vieille coquille d'huître ». Quant à la gelée Andy Warhol, elle est inspirée, de par ses couleurs, du célèbre portrait qu'il avait fait en 1963 d'Elizabeth Taylor, intitulé Red Liz. Temps requis au total pour jouer le grand maître du pop art à la cuisine, en quatre couches de gelée : 5 heures. Pour se faire la main à pétrir et déguster la créativité de peintres de grand renom, il est conseillé de débuter par un parfait Matisse ou par les petits-fours du mariage de Frida Kahlo qui tiennent plus de la pâtisserie conventionnelle. Puis on passera par exemple au gâteau Liechtenstein et à la réplique en cône de glace, des cônes du sculpteur britannique Tony Cragg (année 60) faits de béton, de pierre et de métal. Sous la dent, ces recettes de la pâtissière Caitlin Freeman, assez unique en son genre, restent dans la note des délices du palais et du grand art contemporain.

 

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