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Nos Lecteurs ont la Parole - Nicole V. HAMOUCHE

Tous mes vœux, par écrit

Les cartes de vœux sont mortes. Les vœux sont morts. Il est rare que l'on vous veuille quelque chose. « Ti voglio bene » en italien veut dire je t'aime, «je te veux du bien», traduction littérale. De bons vœux, quand on aime.
Écrire les cartes de vœux forçait à penser à ceux que l'on aime, à ceux à qui on avait envie de dire qu'on les aime, à ceux qui nous ont apporté quelque chose dans l'année qui s'est écoulée. Un petit soleil, une petite inspiration, une grande inspiration, une présence. À ceux qui ont fait bouger quelque chose en nous. Et comme pour certains, on ne dit jamais mieux les choses que par écrit, les cartes sont aussi une façon d'exprimer ce que l'on n'exprime pas aisément de coutume. Même les cartes de vœux professionnelles, on les personnalisait, avec une phrase ou deux, de mon époque parisienne. Et on en recevait beaucoup. La plupart d'entre nous achetions les cartes Unicef ; on les trouvait partout, dans le métro, dans les galeries, dans les marchés, etc ; on avait alors aussi le sentiment de participer, quelque part, de loin, au mieux-être d'un enfant défavorisé. Paris, c'est la tradition des lettres, le savoir-vivre ; cela me manque, c'est certain. C'était il y a plus de dix ans. Je ne sais pas si la tradition des cartes de vœux non numériques est toujours vivante là-bas une décennie plus tard. Je sais que Unicef vend maintenant en ligne ses cartes, toujours imprimées, sur papier certifié pour une gestion durable des forêts. Les messages automatiques, électroniques, massifs m'indisposent. C'est comme s'ils n'étaient pas.
Pose-toi, prends le temps de sentir et d'écrire une phrase, une fois l'an, ce n'est pas beaucoup. La loi du moindre effort, de l'instantanéité. Le temps, « il n'y pas le temps », phrase fétiche, prétexte fétiche. On court après quoi ? On va tous crever un jour, plus ou moins méchamment, selon son karma, sa chance. Et l'on sait bien qu'au seuil du grand départ, ce dont on se souvient, ce n'est pas d'une réunion de travail ou d'un grand contrat remporté mais d'une réunion amicale, chaleureuse ; d'un moment d'amour fou ou tendre, d'un visage, d'un sourire, d'un bon mot. On n'emporte avec soi que ces souvenirs de connexion et de tendresse. Tout le reste est bon pour la galerie, pas pour soi. Pas pour le ciel, pas pour la terre.
Formatés ; messages formatés, êtres formatés, « dés-être » formaté. Cartes de vœux, nécessaire temps de pause ; ne serait ce que pour écrire les adresses postales des uns et des autres, de glisser les cartes dans les enveloppes, de se déplacer à la poste. C'est un geste d'amour, une carte. La choisir, réfléchir, l'écrire, la cacheter, la poster. Une série de gestes d'amour. L'amour, c'est de l'attention.
Poser sur un papier, c'est autrement posé que dans un email ou dans un sms. Tous mes vœux, sur papier.

Nicole V. HAMOUCHE

Les cartes de vœux sont mortes. Les vœux sont morts. Il est rare que l'on vous veuille quelque chose. « Ti voglio bene » en italien veut dire je t'aime, «je te veux du bien», traduction littérale. De bons vœux, quand on aime.Écrire les cartes de vœux forçait à penser à ceux que l'on aime, à ceux à qui on avait envie de dire qu'on les aime, à ceux qui nous ont apporté...

commentaires (1)

J'ai envoyé les miennes avant hier! J'y crois toujours, moi. Une fois l'an, ne serait-ce que pour garder la chaleur des vœux sur du papier...Ensuite attendre la réponse par la poste! Merci pour ce billet, Nicole!

JABAK Ghada

08 h 26, le 04 janvier 2017

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Commentaires (1)

  • J'ai envoyé les miennes avant hier! J'y crois toujours, moi. Une fois l'an, ne serait-ce que pour garder la chaleur des vœux sur du papier...Ensuite attendre la réponse par la poste! Merci pour ce billet, Nicole!

    JABAK Ghada

    08 h 26, le 04 janvier 2017

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