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Liban - Sécurité

Crainte d’affrontements de plus grande ampleur à Aïn el-Héloué

Six personnes ont perdu la vie dans le camp palestinien en moins de 10 jours, dont trois ciblées par des attentats.

Les rues de Aïn el-Héloué se sont rapidement vidées après l’attentat. Photo Ani

La tension est à nouveau montée hier dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, à la lisière de Saïda, après l'assassinat d'un jeune Palestinien présumé membre du Fateh.

Ibrahim Mansour a été attaqué dans l'après-midi par des hommes armés non identifiés à l'intérieur du camp. Grièvement touché, il devait succomber plus tard à ses blessures. L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) l'avait initialement présenté comme un garde du corps du général Sobhi Abou Arab, le responsable de la Sécurité nationale palestinienne au Liban au sein du Fateh, avant d'indiquer plus tard qu'il était chauffeur de taxi.
Interrogé par l'agence al-Markaziya, Abou Arab a réfuté l'appartenance du jeune homme au Fateh et a estimé que cet incident « vise à alimenter les tensions sécuritaires dans le camp ». « Il y a des bandes de mercenaires qui veulent enflammer la situation mais nous sommes aux aguets », a-t-il dit.

« De plus en plus d'attentats ont lieu à Aïn el-Héloué dans le but de créer des tensions et de répandre l'idée que les forces palestiniennes à l'intérieur du camp n'arrivent pas à maintenir la stabilité, indique à Saïda une source bien informée à L'Orient-Le Jour. Ce qui fait peur, c'est que le camp est devenu une scène propice aux attentats. Quiconque peut être tué et l'on ne sait pas qui sera la prochaine victime. Sans oublier les dégâts matériels infligés aux maisons et aux voitures dans le camp et le fait que les habitants doivent à chaque fois fuir les affrontements dans le froid. »

 

(Lire aussi : Le calme n’a toujours pas été rétabli à Aïn el-Héloué)

 

« Il y a une partie qui essaie de tirer profit des conflits entre les factions palestiniennes à Aïn el-Héloué et l'armée libanaise. Cette partie veut faire croire que le mur de sécurité autour du camp est nécessaire. Même à l'intérieur du camp, les habitants commencent à répéter cela. Ils vont peut-être finir par demander que le mur soit bâti », souligne la même source. « À vrai dire, les forces palestiniennes ne contrôlent vraiment rien, renchérit-elle. Après l'arrestation (en septembre) par l'armée de Imad Yassine, « émir de l'EI dans le camp de Aïn el-Héloué » et l'assassinat de deux membres du groupe islamiste Isbat al-Ansar ces derniers jours, la confiance entre ce groupuscule et l'État libanais a été ébranlée. La situation du camp est tributaire des développements à venir. »

Samedi, un garde du corps du général Abou Arab, Nidal Abou Tarbouche, avait été tué sous les balles d'un franc-tireur, malgré la conclusion vendredi dernier d'un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin aux combats qui avaient opposé le Fateh aux groupuscules islamistes.

Ces combats avaient éclaté après l'assassinat, en début de semaine dernière, de Samer Hmayed, un homme proche aussi bien du Fateh que de Isbat al-Ansar, et de l'un de ses compagnons, Abdel Karim Saleh. L'assassinat de Hmayed avait été suivi d'un autre à la fin de la semaine dernière, visant un élément du Fateh, Sleiman Abou Nemr. Un propriétaire d'un magasin de tissus a également été tué et plusieurs personnes ont été blessées lors d'échanges de tirs entre le Fateh et les factions islamistes du camp qui ont suivi l'assassinat de Hmayed.
Mercredi soir, les forces palestiniennes communes chargées de la sécurité du camp ont arrêté deux jeunes encagoulés dans le quartier dit de Minchié.

 

(Pour mémoire : Les travaux du mur de Aïn el-Héloué ont été gelés, annonce Mokbel)

 

« Quelqu'un veut la poursuite des tensions »
« Sobhi Abou Arab voulait remettre hier à l'armée libanaise deux membres du Fateh qui avaient alimenté les tensions ces derniers jours. L'attentat d'aujourd'hui a eu lieu quelques heures avant leur remise. Cela montre qu'il y a quelqu'un qui veut la poursuite des tensions, estime la source. Il y a une tentative de braquer les projecteurs sur les régions sunnites où il y a des armes, or il n'y en a que dans les camps palestiniens... Je ne serais pas surpris si des affrontements de plus grande ampleur ont lieu prochainement à Aïn el-Héloué, notamment avec l'armée. Tout est possible. »

La source rappelle par ailleurs que l'assassinat d'Ibrahim Mansour intervient quelques jours avant la commémoration de la création du Fateh, le 1er janvier. « Le camp de Aïn el-Héloué est le fief du Fateh et, normalement, deux festivals sont organisés chaque année au 1er janvier, celui de l'Organisation de libération de la Palestine et celui d'el-Nino (ancien officier du Fateh devenu actuellement l'homme de main de Mohammad Dahlan, dissident de l'OLP). Ces attentats pourraient servir à creuser l'écart au sein du Fateh et annuler les festivals », ajoute la source.

« Malgré tout, il y a un point positif dans toute cette affaire, puisque cette fois-ci, les notables de Saïda ne comptent pas rester les bras croisés. Ils ont déjà lancé un avertissement aux Palestiniens en leur disant que la ville n'est pas en mesure de supporter leurs guerres intestines. Je ne pense pas que quelqu'un pourrait essayer d'alimenter les dissensions entre les habitants de Saïda et les Palestiniens, puisque ces derniers sont déjà assez enlisés dans leurs propres conflits. Les notables de Saïda ont par ailleurs entamé des contacts avec le Hamas et le Fateh pour éviter toute répercussion négative sur la ville », conclut la source.
Il convient de noter que le mufti de Saïda, le cheikh Salim Soussan, s'est réuni hier avec la députée Bahia Hariri, pour évoquer la situation dans le camp palestinien.

 

 

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