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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Ma boutique dans le quartier d’al-Kallassé est très endommagée, elle est complètement vide »

Les habitants d'Alep de retour, impatients de retrouver leur maison... Mais les affrontements ont détruit des nombreux bâtiments et rendu certains quartiers méconnaissables.

Des Syriens montrant leur joie de retrouver leur quartier, hier. George Ourfalian/AFP

« Voilà ma maison ! » : dans les quartiers, les habitants ayant fui les combats reviennent après quatre années d'absence, découvrant un paysage de dévastation. « C'est cet immeuble rouge », indique du doigt Mohammad Sayyad, revoyant pour la première fois son domicile dans le quartier de Zabdiyé, l'une des toutes dernières zones rebelles conquises par l'armée qui a repris jeudi le contrôle total d'Alep.

Quelques heures après l'évacuation jeudi soir des derniers convois d'insurgés et civils des quartiers rebelles de la deuxième ville de Syrie, les habitants qui avaient abandonné leurs maisons et leurs boutiques il y a quatre ans reviennent pour la première fois pour découvrir un paysage de désolation. « Les tireurs embusqués nous prenaient pour cible. Maintenant je me sens en sécurité et, grâce à Dieu, la vie est revenue à la normale », confie satisfait M. Sayyad, alors que depuis 2012, la ville était divisée entre un secteur tenu par le gouvernement et un autre contrôlé par la rébellion.

Dans un quartier totalement ravagé près de la vieille ville, Boustane al-Qasr, des bulldozers jaunes retiraient les barricades qui empêchaient le passage du secteur gouvernemental aux quartiers rebelles.

 

(Lire aussi : La reprise d'Alep, un camouflet pour l'Arabie saoudite et le Qatar)

 

Quartiers défigurés
Des centaines de civils, emmitouflés dans des manteaux pour se protéger du froid glacial, poussant parfois des brouettes où se trouvent leurs maigres biens, avancent sur des routes boueuses, peinant parfois à retrouver leur domicile, à reconnaître leur quartier défiguré par la guerre, alors que des enfants en pyjamas ou en survêtements colorés jouent dans les rues jonchées de décombres.

« Je ne retrouve plus ma boutique », confie Abou Abdou, perdu au milieu du quartier de Zabdiyé. « Les rues sont méconnaissables à cause des destructions. » Sur certaines façades, les fenêtres sont éventrées. Sur d'autres, elles sont murées par des blocs de ciment ou des sacs de sable. Une famille escalade un monticule de terre, érigé à l'entrée d'un immeuble pour à l'époque le protéger. Au dernier étage, du linge sèche sur un balcon, abandonné par les occupants qui ont probablement été évacués. Non loin de là, un soldat grimpe sur un poteau électrique pour y accrocher le drapeau du régime. Aux barrages militaires, l'atmosphère est détendue.
Avant de laisser passer les civils, l'armée ratisse et démine dans les derniers quartiers repris à la rébellion.

 

(Lire aussi : Assad, victorieux à Alep-Est par procuration)

 

« Tout peut être reconstruit »
« Je suis venu pour retrouver ma maison (...) j'ai été forcé de déménager en raison de l'intensité des combats vers le quartier de Salaheddine », confie Khaled al-Masri. « J'espère que mon appartement n'a pas été trop endommagé », ajoute-t-il. « Cela fait trois jours que je dis à ma femme et à ma fille qu'on va revenir, je n'arrive pas à croire que ce moment est arrivé », s'exclame-t-il.

Tous n'ont cependant pas la chance de retrouver leurs biens intacts. « Ma boutique dans le quartier d'al-Kallassé est très endommagée, elle est complètement vide », déplore un habitant qui s'exprime sous anonymat. « Je voulais retourner à ma maison mais je ne peux pas y aller à cause des barrages de l'armée. »

Même amertume chez Oum Abdou, déprimée après avoir découvert sa maison détruite dans le quartier d'al-Mayssar. « Il ne reste plus rien », déplore cette mère de famille de 42 ans, qui essaye de faire contre mauvaise fortune bon cœur. « Tout peut être reconstruit », lâche-t-elle avec un brin d'espoir.

Hamid, 66 ans et aveugle, tient par la main son petit-fils de 10 ans, qui l'accompagne pour l'aider à retrouver sa maison. Mais le garçon semble perdu, malgré les assurances de son grand-père qui dit connaître parfaitement le chemin. À chaque fois qu'ils empruntent un nouveau passage, la route est bloquée par des barricades. « Dieu merci je suis aveugle et je ne peux pas voir toutes les destructions », lance Hamid.

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