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À La Une - Reportage

Un mois après le démantèlement de la "Jungle", les migrants discrets à Calais

"Tout le monde se terre à l'abri des forces de l'ordre. Il y a toujours dans Calais des endroits où quelques migrants se cachent bien".

Une photo datant du 26 octobre 2016 montrant des réfugiés observant le démantèlement du camp à Calais. PHILIPPE HUGUEN/AFP

Il y a un mois, les derniers migrants de la "Jungle" de Calais quittaient cette ville du nord de la France vers les centres d'accueil du gouvernement. Depuis, les quelques réfugiés présents dans la région se font discrets, forte présence policière et météo obligent.

Chaque jour, un ou deux migrants se présentent aux dortoirs du Centre d'accueil provisoire, relate son directeur Stéphane Duval, resté en capitaine, seul dans le navire. Si les conteneurs blanchâtres subsistent à côté de l'ancien bidonville surnommé la "Jungle", ils sont bel et bien fermés. "Calais est bien cadenassé", souligne M. Duval afin d'expliquer la "désertion" des migrants, familiers de la région pendant de nombreuses années.

Le très médiatisé mur végétal qui doit protéger la rocade portuaire, encore très fréquentée par cette population en octobre, est en passe d'être terminé, achevant de faire de Calais une forteresse barbelée.
Six unités de forces mobiles, soit 400 personnes, auxquelles s'ajoutent les effectifs traditionnels et la Police aux frontières (PAF), ont pour mission d'"éviter toute ré-installation de squats" dans les environs, indiquent les services de l'État dans le département.
Dans le centre de Calais, des patrouilles policières font régulièrement le tour des maisons et bâtiments abandonnés, jardins et autres sites identifiés comme propices à l'installation de migrants.

Un petit campement à Steenvoorde (Nord) a été demantélé il y a quelques jours, confie une source policière. "Tout le monde se terre à l'abri des forces de l'ordre. Il y a toujours dans Calais des endroits où quelques migrants se cachent bien", estime Christian Salomé, président de l'association humanitaire l'Auberge des migrants.

Les mineurs de retour ?

Cette situation se traduit dans les chiffres: "Avant le démantèlement, nous découvrions 2.000 personnes par semaine cachées dans des poids lourds au terminal du port ou d'Eurotunnel. Aujourd'hui ce chiffre est de 200", relevait récemment une source proche du dossier auprès de l'AFP. "C'était le but du démantèlement: qu'il n'y ait pas de camp à Calais où les migrants puissent se fixer", rappelle la source policière.
En conséquence, "il y a une tolérance zéro", explique Gilles Debove, délégué d'un syndicat policier: "Par le passé, il y avait tellement de migrants dans le secteur que la PAF ne pouvait traiter toutes les interpellations. Aujourd'hui, on lui impose de toutes les traiter".

Les rares migrants qui arrivent à la gare quotidiennement, notamment en provenance de Paris, sont systématiquement interpellés. "Il y a des escortes policières quasi quotidiennes vers des centres de rétention administrative", témoigne Fabrice Ledoux, également délégué d'un syndicat de police.

"L'essentiel des migrants à Calais sont ceux qui font la navette depuis Grande-Synthe", un camp près de Dunkerque (à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Calais), composé essentiellement de kurdes irakiens payant des passeurs, selon la source policière. Le 22 novembre, 13 migrants découverts par la police dans un camion frigorifique lors de contrôles au port de Calais étaient majoritairement irakiens.
Mais cette accalmie à Calais ne pourrait être que passagère, avant une météo plus clémente permettant une recrudescence des traversées de la Méditerranée.

"On se prépare dès à présent aux retours", annonce Christian Salomé, montrant les piles de vêtements et les tentes entreposées dans le hangar de l'Auberge des migrants, où 50 bénévoles s'activent encore chaque jour pour le camp de Grande-Synthe. "Ce sont d'abord les mineurs isolés partis en centres d'accueil qui vont revenir, peut-être même avant Noël. La rumeur va circuler: +Les Anglais ne nous prennent pas+. Et alors, ces ados qui savent prendre la route ne s'en priveront pas", prévoit l'associatif.

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait implicitement admis l'idée d'un retour de migrants lorsqu'il a promis, début novembre, d'annoncer très vite des structures de premier accueil dans la région.


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