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Campus - Métier

Marionnettiste, de l’artisan à l’artiste aux multiples talents

Artiste de théâtre, le marionnettiste jongle avec plus d'une discipline, technique et artistique, afin de fabriquer les marionnettes, mais aussi concevoir et monter un spectacle. Aujourd'hui, ce métier créatif est en pleine évolution dans le monde, mais aussi au Liban, bien que les débouchés soient restreints sur le plan local.

Une image tirée de la la pièce « La Maison de ma grand-mère ». Pour créer un effet de perspective, le marionnettiste peut utiliser des marionnettes de tailles différentes.

Le théâtre de marionnettes, un domaine artistique riche, surprend de par la diversité de ses formes, techniques et scénographies. Revisité, cet art traditionnel présente un vaste potentiel créatif, en phase avec les nouvelles technologies, le multimédia et le numérique. C'est dans ce contexte que le marionnettiste évolue, réfléchit le choix du texte, du type des marionnettes, du langage du spectacle et de sa scénographie. Créer un spectacle de marionnettes est ainsi « un long processus qui commence par l'idée que l'artiste souhaite exprimer et faire parvenir au public. Celui-ci doit déterminer aussi à quel public il s'adressera : adulte, enfant ou tout public », explique Karim Dakroub, président et l'un des fondateurs de l'Association coopérative libanaise pour les arts et l'éducation, Khayal, dont fait partie le Théâtre libanais de la marionnette.
Par ailleurs, le marionnettiste travaille la dramaturgie, avant de passer à la conception de la scénographie puis la confection des marionnettes. En parallèle, « il effectue des essais de manipulation, chaque marionnette possédant ses propres lois », ajoute ce metteur en scène de théâtre de marionnettes. Quant au travail sur l'éclairage et le son, il accompagne les répétitions. Enfin, le marionnettiste doit penser au marketing et au management culturel.
Au niveau des types de marionnettes, cet artiste doit choisir ce qui convient le mieux à son message, telles les marionnettes à gaine, à tige, à ficelles ou encore le théâtre d'ombre. « Il y a aussi le théâtre synthétique qui mélange ces différents types de marionnettes et qui peut intégrer aussi des acteurs et des danseurs, selon la conception du spectacle. En fait, chaque type de marionnettes a une symbolique différente de l'autre », souligne Dakroub.
À l'instar des dessins animés, sur le plan du langage, les marionnettes ne sont pas soumises aux notions du temps et de l'espace. Ce professionnel donne l'exemple d'une marionnette qui peut, en tombant, s'immobiliser dans l'air quelques secondes. « Le marionnettiste peut ainsi dilater ou raccourcir le temps et l'espace. C'est l'essence du langage. »

Le marionnettiste, ce comédien qui s'incline devant sa marionnette
Derrière cette liberté dans le langage réside, cependant, « une difficulté centrale dans ce genre artistique, celle de suggérer au public que la marionnette est un humain », affirme Karim Dakroub. Le spectateur doit y croire, être en connivence avec le marionnettiste et prendre plaisir à entrer dans le jeu. « C'est un jeu d'imagination commun entre le marionnettiste et le public. Si le marionnettiste ne réussit pas suffisamment à suggérer, le spectateur ne rentre pas dans le jeu. D'où l'importance de convaincre le public », ajoute-t-il. Cela s'effectue à travers la dramaturgie, la technique et la manipulation des marionnettes.
En découle la seconde difficulté, celle qui concerne « l'ego de l'artiste » qui doit savoir s'éclipser. « Le marionnettiste doit sacrifier sa présence personnelle sur scène. » Ainsi, contrairement à l'acteur, il doit déployer des efforts pour être invisible, même en étant présent, afin de mettre au premier plan la marionnette. Il réussit à le faire grâce à une technique corporelle, mais aussi à travers « son regard qui dirige celui du public vers la marionnette », explique cet artiste qui a près de 24 ans d'expérience dans ce domaine.
En effet, le regard est une notion importante dans cet art. Et ce que cet enseignant apprend, avant tout, à ses étudiants de l'Université libanaise, c'est le théâtre d'objets. « N'importe quel objet peut être manipulé de manière à suggérer au public que c'est une marionnette. Le secret de ce genre de marionnette, c'est les yeux dont le marionnettiste va imaginer l'emplacement, et le regard dont il doit penser la direction. C'est à partir de ces éléments qu'il commence à construire le caractère de la marionnette », confie M. Dakroub.
Le marionnettiste doit enfin pouvoir se constituer une identité unique. Passion, esprit créatif et sens de l'initiative sont des talents essentiels dont il doit jouir, en plus de ses qualités de conteur et de son habileté gestuelle, afin de se renouveler mais aussi promouvoir son métier. Grand lecteur, il élargit sa perception, afin de concevoir des projets qui auront une « portée dans le temps », comme le note Karim Dakroub, et qui cibleront un public international. « Quand on ne pense qu'au public libanais, on se pose des limites. Notre but, à nous, les artistes, c'est de mener le public là où nous-mêmes nous le voulons, pour que notre travail soit durable et pour qu'il progresse. »

Le théâtre de marionnettes, un domaine artistique riche, surprend de par la diversité de ses formes, techniques et scénographies. Revisité, cet art traditionnel présente un vaste potentiel créatif, en phase avec les nouvelles technologies, le multimédia et le numérique. C'est dans ce contexte que le marionnettiste évolue, réfléchit le choix du texte, du type des marionnettes, du...

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