Le ministre libanais de la Santé, Waël Bou Faour, a évoqué samedi les bienfaits thérapeutiques du cannabis, plus particulièrement l'huile du cannabis, affirmant que plusieurs pays ont légalisé le recours à cette plante pour des besoins de santé. Selon lui, le Liban "est en train de rater une opportunité" en raison de sa politique qui criminalise l'usage du cannabis, soulignant la nécessité d'adopter une approche scientifique et économique pour "encadrer et légaliser" la consommation de cette plante.
Le chef du Parti progressiste socialiste (PSP), Walid Joumblatt a déjà appelé à plusieurs reprises les autorités libanaises à la légalisation de la culture du haschich, affirmant que cela représente "une formule de relève économique pour la Békaa, pour Baalbeck et pour le Hermel".
Selon le chef de la brigade des stupéfiants au sein des Forces de sécurité intérieure, le général Ghassan Chamseddine, environ 35 000 dounoums de haschich (3 500 hectares) sont plantés chaque année dans la Békaa centre et nord, dans les cazas de Baalbeck et Hermel, et dans une partie des cazas de Bécharré et Denniyé. "La production annuelle moyenne est d'une centaine de tonnes et le marché annuel de 60 millions de dollars environ", avait-il estimé en 2015.
Selon des cultivateurs de cannabis au Liban, le conflit en Syrie voisine a détourné l'attention de l’État et dopé le trafic avec une frontière devenue beaucoup moins contrôlée. L'armée détruisait auparavant chaque année quelques milliers d'hectares de cannabis dans la Békaa.
L’État avait mené des campagnes d'éradication, promettant des cultures alternatives. Mais depuis l'échec d'un programme de l'Onu il y a quinze ans, un bras de fer l'oppose aux cultivateurs qui réclament la légalisation de cette culture ancestrale.
Selon les agriculteurs, la demande a augmenté de plus de 50% depuis 2012, et la majorité du haschich est écoulée vers la Syrie.
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commentaires (3)
Il ne manquait plus que cela, dans notre beau pays, où l'Etat est absent, où l'on ne connait plus la discipline, où la corruption est omniprésente et où chacun fait ce qu'il veut, où il veut, quand il veut. On sait trop bien que toutes les réglementations sont immédiatement et continuellement contournées par une grande partie des Libanais, dont c'est le sport national ! Il n'y a vraiment que le cannabis pouvant être cultivé dans la Békaa, le Hermel etc. ? Ou est-ce la bonne odeur des dollars et profits faciles qui séduit ? Irène Saïd
Irene Said
16 h 41, le 20 novembre 2016