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À La Une - Irak

A Mossoul, les talkies-walkies de l'EI trahissent les jihadistes

"Parfois, ils révèlent dans quels quartiers ils se trouvent et à quel type d'attaques ils auront recours (...), roquettes, tireurs isolés ou voitures piégées".

Un officier irakien dans la région d'Ali Rash, proche de Mossoul, le 6 novembre 2016. AFP/Odd ANDERSEN

Le talkie-walkie collé à l'oreille, Ahmed arrive à percevoir la voix d'un jihadiste de Mossoul malgré le grésillement de l'appareil, et avertit ses camarades: "Les gars! Ils viennent d'envoyer deux kamikazes!"

Le petit talkie-walkie que le service d'élite du contre-terrorisme irakien (CTS) a récupéré sur un membre présumé du groupe Etat islamique (EI) à Mossoul la semaine dernière s'est révélé inestimable dans leur lutte pour reprendre aux jihadistes la deuxième ville d'Irak.

Toute la journée, les membres des CTS et le régiment de Najaf (du nom d'une ville du centre du pays) régiments se relayent, oreille collée contre l'appareil, pour surveiller les communications entre les jihadistes à Mossoul, le dernier bastion de l'organisation extrémiste sunnite en Irak. Ils tentent de déchiffrer les codes de l'EI et de repérer les positions des jihadistes dans les quartiers voisins.

"La semaine dernière, nous avons vu un homme transporter des marchandises sur sa moto dans ce quartier. Nous l'avons soupçonné d'être un membre de l'EI", raconte le lieutenant-colonel Muntadhar Salem, chef du régiment des CTS à Mossoul. Il élève la voix pour se faire entendre au milieu des tirs de mortier qui résonnent dans le quartier Al-Samah, dans l'est de la ville.
"J'ai vu le talkie-walkie accroché à sa chemise, alors nous l'avons pris", poursuit Salem, refusant de préciser ce qui est arrivé à l'homme, présenté comme un certain Abou Youssef. "Quelqu'un à l'autre bout de la ligne appelait: +Abou Youssef, Abou Youssef+, et Abou Youssef ne répondait pas", dit-il en ricanant.

Quatre semaines après le lancement de l'offensive pour reprendre Mossoul, les CTS sont parvenus à progresser dans la ville. Mais les forces irakiennes n'ont jusqu'à présent pénétré que dans la partie est de la cité, et il faudra encore des semaines, voire des mois de combats, pour reprendre la totalité de la ville.

 

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Accents étrangers
Jusqu'à présent, cinq talkies-walkies de l'EI ont été saisis à Mossoul et répartis entre plusieurs régiments des CTS, afin de surveiller en permanence les mouvements des jihadistes. Le régiment de Najaf a permis de repérer l'arrivée des deux kamikazes.

"Ils croient qu'ils vont aller au paradis et épouser de nombreuses femmes", raille le lieutenant-colonel Ali Fadhel, commandant du régiment de Najaf, qui surveille le talkie-walkie d'Abou Youssef. "Ils n'ont pas changé de canal, ce qui signifie qu'ils ne savent pas qu'on les écoute", dit-il.

Deux de ses hommes, Ahmed et Mohammed, sont chargés de prendre le relais. Les sourcils froncés, l'appareil entre eux, ils s'accroupissent devant une maison dont les CTS ont fait leur base dans le quartier d'Al-Samah. "C'était un accent de Mossoul, mais parfois on entend des accents algériens ou marocains", relève Mohammed.

Une voix bourdonne dans le talkie-walkie: "Houssam, Houssam?". Une grande partie du temps d'écoute est consacré à attendre des informations précieuses ou essayer de s'assurer qu'il ne perd pas le signal, explique-t-il. "Mais parfois, ils révèlent dans quels quartiers ils se trouvent et à quel type d'attaques ils auront recours (...), roquettes, tireurs isolés ou voitures piégées", énumère-t-il.

Ahmed, qui a d'abord averti de l'arrivée des kamikazes, appelle ses camarades à une centaine de mètres, donnant la position de combattants de l'EI. "Al-Qahira! Ils sont entre Al-Qahira et Tahrir!", lance-t-il. Les membres des CTS commencent alors à tirer au mortier vers le quartier de Tahrir (nord-est), tandis qu'Ahmed recolle son oreille sur le précieux appareil.

 

 

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