Sauf développement dramatique qui viendrait au dernier quart d'heure bouleverser la nouvelle donne apparue ces derniers jours sur la scène locale, le pays pourrait le 31 octobre tourner la page de la vacance présidentielle, fruit d'une grave lacune dans la Constitution qui ne prévoit aucune parade en cas de torpillage systématique du scrutin. D'entrée de jeu, des interrogations lourdes de conséquences et des incertitudes de taille se profilent déjà à l'horizon. Mais d'emblée, une observation fondamentale surgit du marasme actuel : les divers développements de ces derniers mois et la quasi-paralysie des institutions constitutionnelles, depuis la fin du mandat de Michel Sleiman, ont illustré l'importance du président de la République et de son rôle prépondérant au niveau de l'équilibre du système politique en vigueur. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, soulignait il y a quelques mois à cet égard que la crise profonde dans laquelle se débattait le pays montrait à quel point l'absence de président avait déstabilisé le pouvoir central et déréglé les rapports entre les différents centres de décision institutionnels. Cette constatation a été également faite par une pléthore de responsables locaux et de diplomates étrangers qui ne manquaient aucune occasion de souligner que la présence d'un chef de l'État est un passage obligé pour l'amorce d'un redressement à l'échelle nationale. De quoi apporter un démenti cinglant à tous ceux qui continuent d'affirmer que l'accord de Taëf a totalement marginalisé la présidence de la République et, par ricochet, le rôle des chrétiens dans l'exercice du pouvoir.
Il reste que dans le cas présent la prudence demeure de mise... La première incertitude qui ne saurait être occultée réside dans le comportement possible du Hezbollah au cours de la prochaine étape. Le parti chiite jouera-t-il le jeu en facilitant la formation d'un gouvernement crédible et équilibré ou, au contraire, s'emploiera-t-il à semer de multiples embûches, à poser des conditions rédhibitoires, apportant ainsi la preuve de sa volonté de miner le système politique de l'intérieur afin de le maintenir dans un état de lente et longue agonie ? Certes, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé dimanche soir qu'il consentait à un « sacrifice » en acceptant la désignation de Saad Hariri à la tête du gouvernement ! Il ne pouvait quand même pas entraver la tâche de son allié avant qu'il ne soit élu... Mais c'est lors des concertations du futur Premier ministre désigné qu'apparaîtront au grand jour les véritables desseins du directoire de la formation pro-iranienne.
Le réel défi se situera cependant ailleurs : au palais de Baabda... Tout au long des dernières années, le général Michel Aoun a axé ses prises de position sur la nécessité impérieuse d'élire un président maronite « fort » qui puisse pleinement assurer la participation active des chrétiens à l'exercice du pouvoir, « conformément à l'esprit du pacte national ». Aujourd'hui, l'heure de vérité a sonné. La première interrogation qui se pose est de savoir si le fondateur du Courant patriotique libre aura suffisamment de latitude pour se comporter, en sa qualité de président de la République, non plus en allié fidèle du Hezbollah, mais en chef d'État, dans toute l'acception du terme, avec tout ce que cette haute fonction implique comme obligations et devoirs constitutionnels au niveau de la primauté absolue de l'État et de ses institutions civiles, militaires et sécuritaires. L'autre question, corollaire de la première, porte sur la capacité du général Aoun à tenir le Liban à l'écart de la politique des axes régionaux et à apporter ainsi, dans les faits, un démenti clair à ceux qui affirment que son élection risque de placer le pays sous tutelle iranienne.
Au plan strictement local, deux grandes incertitudes planent désormais, répercutées dans plus d'une chancellerie : le général Aoun parviendra-t-il à trouver – et maintenir – un savant équilibre entre le projet guerrier, d'obédience iranienne, du Hezbollah et les options souverainistes et foncièrement étatiques du 14 Mars dans son ensemble; et parallèlement, aura-t-il la ferme volonté de ne pas se laisser entraîner par les démons de la dérive autocratique dans ses rapports avec les factions politiques, d'une part, et les forces vives du pays, d'autre part ?
Le succès du régime qui se profile à l'horizon dépendra dans une large mesure des réponses apportées à ces interrogations. Et bien au-delà de telles considérations, l'enjeu est aujourd'hui plus que jamais la stature et le rôle du président de la République dans le système politique issu de Taëf.
En fait Me Touma , vous nous demandez d'avoir une république normale quoi ? Hummmm moi le normal là me fait peur depuis qu'une hollandouille l'a utilisé . Ne reste plus qu'à nous expliquer ce qu'est cette république normale, dans ce monde aussi fou quoi !
13 h 47, le 25 octobre 2016