Des rebelles ouvrent le feu à Dabiq dans le nord d’Alep. Photo prise le 16 octobre 2016. Khalil Ashawi/Reuters
Moscou a cessé hier les raids aériens sur Alep, en geste « de bonne volonté » et pour permettre l'ouverture d'un corridor humanitaire. Mais selon des sources diplomatiques russes, l'arrêt des bombardements viserait principalement à négocier le départ de la ville des forces jihadistes de Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda). Ces mêmes sources confirment les pressions du leadership russe sur les militaires pour trouver une solution à Alep avant la fin du mois d'octobre.
Ce serait donc dans ce contexte qu'interviendrait la proposition faite par les Russes, par l'intermédiaire des Turcs, au groupe Fateh al-Cham, d'évacuer 4 000 civils et un millier de combattants. Le groupe aurait jusqu'à demain jeudi pour étudier l'offre de sortie d'Alep qui lui permettrait de rejoindre son fief à Idleb en conservant armes légères et munitions. L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait lui-même appelé de ses vœux le 6 octobre à Genève la sortie des « 900 combattants » du Front Fateh al-Cham d'Alep-Est, se disant prêt à les « accompagner physiquement ». Si le départ des combattants de Fateh al-Cham faciliterait un arrangement avec les groupes rebelles les plus pragmatiques pour un règlement rapide des hostilités, son échec comporte le risque d'une escalade militaire dans un contexte où les avancées des forces régulières syriennes ont radicalement changé la donne.
(Lire aussi : Les crimes de guerre en Syrie, hors de portée de toute justice internationale)
Affaiblissement des capacités offensives
Selon des sources militaires syriennes, les dernières offensives se seraient déroulées avec succès. Elles font état de la prise de trois collines stratégiques dans le quartier de Cheikh Saïd, au sud d'Alep, où se concentre aujourd'hui l'essentiel des efforts. Par ailleurs, deux bataillons de l'armée syrienne, l'un en provenance de l'est (Dawar Sakhour) et l'autre du nord-ouest (Sleiman al-Halabi) d'Alep seraient pour la première fois depuis le début du conflit stationnés à un kilomètre de la ligne de démarcation entre le nord-est et le sud-est d'Alep en attendant l'issue de la médiation qui aurait un impact décisif sur la reprise des combats.
À Alep-Est, l'armée syrienne a également entamé les opérations militaires dans les quartiers de Cheikh Khodor, al-Haïdariyé, Dawar Sakhour et Hanano, un quartier stratégique pour dégager la route de l'aéroport international d'Alep et sécuriser les lignes d'approvisionnement. Selon ces mêmes sources militaires, la capacité d'action des groupes rebelles serait au plus bas depuis 2012. En lançant des assauts sur plusieurs points de la ligne de démarcation, les forces de l'armée syrienne ont appliqué la stratégie du grignotage à l'intérieur et autour d'Alep. Le percement de la ligne de défense au niveau de Mokhayam Handarat (plateau rocheux qui surplombait Alep-Est) aurait permis à l'armée syrienne de pousser son avantage. L'affaiblissement des capacités offensives des groupes rebelles se serait en outre confirmé avec la perte de leurs principaux points d'appui dans les quartiers de Bani Zeid et Boustane al-Bacha (nord) ainsi qu'à Cheikh Saïd (sud). Dans ce quartier, la férocité des combats opposant Fateh al-Cham à Noureddine al-Zanki pour le contrôle des centres de stockage et des dépôts de munitions les auraient davantage fragilisés.
(Lire aussi : Moscou suspend les raids aériens à Alep en signe de « bonne volonté », Washington sceptique)
Effet boule de neige
En définitive, les revers militaires de ces dernières semaines ne seraient pas uniquement dus à l'affaiblissement des ressources militaires des groupes rebelles et au verrouillage des voies d'accès et de sortie, mais également à la rupture de la chaîne de commandement et de coordination entre les groupes. Les décisions prises par l'état-major de l'Armée de la Conquête, qui supervisait l'ensemble des opérations, interviendraient désormais à un échelon inférieur : les caïds de quartiers qui ne coordonnent plus leurs actions avec d'autres groupes. Cette configuration faciliterait la voie de négociations séparées avec chaque faction.
Si l'armée syrienne parvient à s'emparer des quartiers de Boustane al-Qasr, al-Qalassi et Cheikh Saïd dans le sud, centre de gravité de la bataille d'Alep, elle serait assurée d'une victoire totale. Reconquérir la deuxième ville du pays permettrait de dégager deux des trois divisions (chaque division serait équivalente à 10 000 hommes) de l'armée syrienne mobilisées à Alep pour les redéployer sur d'autres fronts. La reprise d'Alep éliminerait inévitablement un risque de partition de la Syrie.
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commentaires (4)
De très bonnes nouvelles tout ça . très décévant pour les hurluberlus qui claironnaient il y a 5 ans et demi la défaite du héros Bashar toutes les 2 semaines , et encore récemment avec une soit disant rupture de l'encerclement par les bactéries baptisées et re re re baptisées pour les maintenir dans l'enfumage totale des politiques complotistes et honteusement mensongères des occidentaux à la dérive .
FRIK-A-FRAK
13 h 41, le 19 octobre 2016