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Tollé dans le monde judiciaire après des critiques de Hollande

"On hésite sur le choix du mot. Est-ce de l'inconscience ? Du cynisme ? Ou du masochisme? (...) Cet exercice dans lequel se complaît l'occupant de l'Elysée trahit une forme de narcissisme", a commenté Le Figaro.

La publication d'un livre de confidences faites par le président français François Hollande (photo) à des journalistes, chronique brute de la présidence depuis 2012, suscite une cascade de réactions incrédules ou consternées. REUTERS/Philippe Wojazer

Le monde judiciaire en France est monté au créneau jeudi après des critiques contre leur institution du président François Hollande dans un livre de confidences à des journalistes, qui suscitent une cascade de réactions incrédules ou consternées.

Les propos de François Hollande, qui a accusé la justice d'être "une institution de lâcheté", sont à la fois "dangereux et injustes", a déclaré jeudi dans un communiqué le conseil supérieur de la magistrature (CSM), chargé d'assister le président "dans sa fonction constitutionnelle de garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire". Avant le CSM, les deux plus hauts magistrats de France avaient été reçus à leur demande à l'Elysée mercredi soir. Ils ont dénoncé publiquement jeudi "une humiliation" et "un problème institutionnel".

Le favori à la primaire de la droite Alain Juppé a estimé de son côté qu'avec de tels propos, François Hollande "a manqué gravement aux devoirs de sa fonction et démontré une nouvelle fois qu'il n'est pas à la hauteur de sa charge".

Plus largement, les libres propos et les confidences contenus dans le livre, fruit d'une soixantaine de rencontres avec deux journalistes du Monde, ont soulevé une vague de réactions consternées, jusque dans le camp du président socialiste. A six mois de l'élection présidentielle, la séquence fragilise l'hypothèse de sa candidature pour un deuxième mandat, ont souligné plusieurs médias.
"On hésite sur le choix du mot. Est-ce de l'inconscience ? Du cynisme ? Ou du masochisme? (...) Cet exercice dans lequel se complaît l'occupant de l'Elysée trahit une forme de narcissisme", a commenté jeudi le quotidien conservateur Le Figaro. "Consternant", "horrible", pitoyable", ont confié des élus socialistes à des journaux sous le couvert de l'anonymat.

 

(Pour mémoire : L'horizon de plus en plus sombre pour François Hollande)

 

"Exercice de transparence"
"Un président ne devrait pas dire ça..." : rarement un titre de livre n'aura autant collé au sentiment déclenché par sa lecture. Des piques contre son prédécesseur Nicolas Sarkozy ("De Gaulle le petit") à l'évocation de son ancienne compagne Valérie Trierweiler ("une femme malheureuse"), en passant par des critiques contre les joueurs de foot, les confidences égrenées au fil des pages sont autant de bombes à fragmentation.

Le syndicat des footballeurs professionnels qualifie de "propos populistes" les commentaires sur les joueurs de l'équipe de France, "passés de gosses mal élevés à vedettes richissimes sans préparation", en manque de "musculation du cerveau".

Les proches du président socialiste se sont efforcés de déminer le terrain, défendant un "exercice de transparence".  "Lorsque les livres sortent, ça peut être quelquefois hors contexte, ça peut effectivement susciter des débats, irriter, mais ça permet dans une démocratie à chacun de pouvoir avoir la lecture des événements qui se déroulent, des sujets qui peuvent être à un moment ou à un autre posés", a plaidé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
D'Ottawa où il se trouve en déplacement, le Premier ministre français a souligné que "l'indépendance de la justice a été la marque de l'action" du président. "Rien n'a été fait contre la justice" sous son quinquennat, a insisté Manuel Valls. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a redit jeudi "son absolue confiance en l'institution judiciaire" et annoncé qu'il recevrait vendredi les hauts magistrats.

La tempête éclate au moment précis où Hollande, très impopulaire, posait des jalons pour une éventuelle candidature à un second mandat. Dans un entretien à l'hebdomadaire L'Obs paru également jeudi, il s'est livré à un bilan de son action sous forme de plaidoyer pro domo. Il assure avoir "mené une politique de gauche", dit comprendre "l'intransigeance" de ses électeurs déçus mais "n'admet pas les procès en trahison".  Il demande à être jugé non pas sur ce qu'il avait "promis", même s'il est "prêt à l'inventaire" de ses engagements de 2012, mais sur son action dans le contexte de crise économique "que chacun connaît".
Mais un intime du président s'alarme : "Si François Hollande est candidat à la primaire, quelle campagne peut-il faire ? Elle serait complètement parasitée".

Les sept candidats à la primaire de droite, parmi lesquels Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, favori des sondages, s'affrontent
jeudi soir au cours d'un premier débat télévisé.

 

 

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