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Liban - Interview

Denis Coderre veut rétablir la liaison aérienne directe Beyrouth-Montréal

Rencontre avec le maire de Montréal, en visite au Liban dans le cadre du Congrès de l'Association internationale des maires francophones.

Le maire de Montréal, Denis Coderre. Photo A-M. H.

Son rêve est de « rétablir le vol direct Montréal-Beyrouth ». Il entend bien le réaliser. C'est d'ailleurs « une de ses priorités ». C'est l'annonce qu'a faite hier à L'Orient-Le Jour le maire de Montréal, Denis Coderre, lors d'une interview réalisée à l'hôtel Phoenicia. Et ce, en marge du Congrès de l'Association internationale des maires francophones (AIMF) auquel il participe en tant que président de l'Association mondiale des grandes métropoles (Métropolis) et membre du bureau de l'AIMF.

M. Coderre évoque l'enjeu économique de cette mesure, une fois appliquée. « Sur le plan économique, ce sera énorme », observe-t-il, promettant de le proposer au gouvernement canadien, mais aussi de mettre tout son poids dans ce sens. « Nous allons rétablir cette liaison. Nous devons la rétablir », insiste-t-il. Pour rappel, les vols directs entre Beyrouth et Montréal avaient été interrompus en juin 2003 par une décision politique. Des raisons de sécurité nationale avaient alors été invoquées par le gouvernement canadien.

Certaines parties « devaient répondre à certaines questions », explique à ce propos Denis Coderre. « Mais dès lors que des réponses ont été apportées à ces questions, je ne vois pas pourquoi cela ne se ferait pas », souligne-t-il, estimant que cette démarche est « naturelle ». Il semble aussi que le dossier de cette liaison directe « permette aujourd'hui de parvenir à des solutions concrètes ». L'homme politique n'hésite pas, de plus, à évoquer une « relation privilégiée avec la communauté libanaise de Montréal qui contribue à l'épanouissement de la métropole et dont l'apport économique est d'importance ». À tel point que la communauté fait désormais l'objet d'une plaisanterie affectueuse : « Ne dit-on pas pour blaguer que la moitié de la population libanaise possède la nationalité canadienne ? » demande le maire.

 

(Lire aussi : Michaëlle Jean à « L'OLJ » : Le Liban est déjà dans ma vie)

 

Denis Coderre n'en est pas à sa première visite libanaise. Il a connu Beyrouth durant la guerre. Il découvre à présent une capitale libanaise confrontée à des défis d'un tout autre ordre, la crise des déchets. Une crise qui sera au menu de ses rencontres, aujourd'hui, avec le mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, et le président du conseil municipal de la capitale, Jamal Itani. « Nous allons travailler ensemble sur le dossier, affirme-t-il. Je vais proposer l'envoi d'équipes techniques. » Sans oublier que « la relation de confiance est déjà établie » entre les deux villes, vu « la force vibrante » que constitue la communauté libanaise de Montréal. « Nous sommes capables de parler, de nous comprendre », souligne-t-il.

Il faut dire que le président de Métropolis connaît bien les défis rencontrés par les villes de plus d'un million d'habitants, parmi lesquelles Beyrouth. « Le phénomène de métropolisation, voire de densification, nous amène à réfléchir sur la planification urbaine et sur la gestion des ressources, l'eau, les déchets, les ressources humaines... », dit-il, évoquant les enjeux sociaux des problèmes environnementaux.

Bureau de l'intégration
Président d'une commission du vivre-ensemble (équilibre entre l'ouverture et la vigilance), il est aussi familier des défis liés à la formation, à la prévention, à l'intervention, à la vigilance, à la sécurité. « Tous nos collègues ont à vivre cette situation liée à la nouvelle diplomatie urbaine, à ce gouvernement de proximité qui prend de plus en plus d'ampleur, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Europe ou en Amérique. »

Des défis parmi tant d'autres, liés notamment à la jeunesse, à l'éducation, aux populations vieillissantes, au climat, à l'écologie, au développement durable, à la cohésion sociale... « En 2050, 70 % de la population mondiale vivra dans les villes », observe Denis Coderre. Face à cette réalité, « la solidarité, l'entraide et le partage des pratiques » permettront assurément de relever les défis, d'autant que « nul n'est à l'abri des attentats ». « Les maires francophones sont déjà capables d'être un contrepoids aux gouvernements nationaux et d'apporter des solutions aux réalités ponctuelles », assure-t-il.

 

(Lire aussi : Les femmes francophones à l'assaut de l'entrepreneuriat)

 

Le maire de Montréal, qui a occupé en 2002-2003 la fonction de ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, se penche enfin sur la crise des réfugiés. Et rappelle que le gouvernement canadien a déjà accueilli 31 000 réfugiés syriens du Liban, répartis dans les trois grandes villes du pays, Toronto, Montréal et Calgary. Un chiffre qui pourrait augmenter prochainement, comme l'a promis le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

« Nous prenons nos responsabilités et jouons notre rôle sur la scène internationale d'aider ceux qui souffrent et vivent des moments difficiles, rappelle M. Coderre. Nous faisons toutefois la différence entre les immigrants et les réfugiés. » Recevant une centaine de nouveaux arrivants chaque jour, la ville de Montréal a mis sur pied « un bureau de l'intégration » à leur intention. « Nous essayons de joindre le social, l'économique et le culturel et de travailler avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR), la Croix-Rouge et l'ensemble des acteurs de la société civile, pour accompagner la personne arrivante dans son cheminement, plus particulièrement les réfugiés syriens », poursuit-il. Par accompagnement, le maire signifie la réception et l'accueil des arrivants, dans un premier temps, mais aussi les mesures d'urgence, pour les réfugiés. « C'est là où commence le cycle de l'intégration », explique-t-il, ajoutant que dès lors que la nourriture, les habits et les soins de santé sont assurés aux réfugiés, il faut leur fournir le logement, avant de scolariser les enfants. Les parents peuvent alors commencer leur quête d'un emploi. Quelques « success stories » se racontent déjà. Quant aux Libanais de Montréal, « bien intégrés », ils continuent de faire parler d'eux et de « leur histoire d'amour » avec leur ville d'adoption.

 

 

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