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Culture - Visite guidée

Patrimoine et actualité s’enlacent dans le musée de la BD

Dans une scénographie sobre, claire et très minimaliste, le temple de la bande dessinée à Angoulême se déploie sur 1 300m2 et déroule, devant les yeux des bédéphiles, tous les joyaux du 9e art.

Par une passerelle donnant sur la Charente, on accède à ces anciens chais dominés par la ville historique avec vue sur une vaste esplanade. Accueillant depuis 2009 une collection unique de planches originales, dessins et objets dérivés, le musée de la bande dessinée à Angoulême se déploie sur 1 300m2 et abrite également témoignages et vidéos de créateurs américains et européens.
Selon Jean-François Bodin, architecte du musée, « il ne s'agissait pas d'illustrer la bande dessinée dans un mimétisme qui n'en aurait fait qu'un parc d'attraction appauvrissant. Il fallait au contraire l'exposer comme un des langages majeurs de l'art, de la culture et de la vie contemporaine, l'un des plus nobles parce que l'un des plus démocratiques: un art populaire au sens le plus profond du terme. Il fallait un lieu qui nous fasse pénétrer dans un langage. C'est pourquoi les deux espaces d'exposition relient en permanence patrimoine et actualité. » Le visiteur peut déambuler à travers de sinueuses aires de présentation en forme de courbes qui enlacent le mot et l'image, et pénètrent dans un monde parallèle. Tout le monde peut y accéder, grands et petits, professionnels et profanes. Il s'agit de déplier et replier les pages de ce grand livre qui s'ouvre devant nous.
La disposition en arabesques du musée propose donc trois grands espaces. Le salon où est exposée une sélection de planches originales parmi les plus remarquables des collections du musée, invitant à une approche esthétique de la bande dessinée, afin d'apprécier la diversité de ses styles. L'atelier où est présenté le processus de création en bande dessinée: techniques, outils étapes. Et, enfin, l'exposition permanente.

Un Salon convivial...
Longtemps, la BD a été une forme d'expression bâtarde, intermédiaire entre le dessin et la littérature. Ce qu'on a appelé le 9e art possède une esthétique dont la principale originalité est d'associer texte et images. Le Salon entend mettre l'accent sur cette esthétique et les courants qui la composent, et rendre ainsi hommage aux grands maîtres de cet art, à travers une sélection de planches originales choisies parmi les plus remarquables de la collection.

Participer à l'atelier
Plus loin se trouve l'atelier, et comme son nom l'indique, c'est un espace d'expérimentation. Comment crée-t-on une bande dessinée ? Par quelles étapes passe-t-on ? Quels sont les outils utilisés ? C'est ce dont témoigne une série de documents sur des œuvres originales, complétée par des séquences audiovisuelles, montrant les artistes à l'œuvre. Du scénario jusqu'aux pages finales imprimées, en passant par le découpage, les esquisses, le crayonnage, l'encrage et la mise en couleur, c'est tout le processus créatif qui est révélé. On observe également les différences entre les pays ; alors que les auteurs européens travaillent seuls, les Japonais, eux, exercent souvent leur art au sein de studios.

L'exposition permanente
Dans cette aire, on retrouve le parcours historique qui retrace les grandes étapes de l'évolution de la bande dessinée franco-belge et américaine depuis plus de 150 ans. Ces chefs-d'œuvre sont présentés suivant les différents styles qui ont marqué et marquent encore l'histoire de la bande dessinée. « On y retrouve ainsi le style académique, issu de grands maîtres américains des années 20 et 30, la ligne claire illustrée par Saint-Ogan et Hergé, le style gros nez qui déforme les personnages en grossissant exagérément leurs extrémités pour un effet comique, le style clair-obscur qui joue sur les contrastes d'ombre et de lumière, le style croquis et enfin la couleur directe qui est avant tout une technique de création mais qui a renouvelé profondément l'esthétique de la bande dessinée depuis une quarantaine d'années », lit-on sur les légendes explicatives.

Neuf musées en un
Une sélection de planches originales témoigne ainsi de la diversité des styles graphiques qui font la richesse de la bande dessinée. On y distingue les grandes tendances qui permettent de discerner des influences. Le parcours est jalonné d'espaces de lecture prêts à accueillir tous les lecteurs curieux, désireux de découvrir et redécouvrir tous les auteurs du 9e art. « L'essentiel des collections est en papier, matériau très fragile et particulièrement sensible à la lumière. Par souci de conservation, l'éclairage et la température ambiante des salles d'exposition restent faibles et les œuvres présentées en vitrine sont changées trois fois par an. Ainsi, le musée est obligé de ne pas présenter ses planches originales plus de trois mois d'affilée, temps d'exposition après lequel elles doivent regagner les réserves pour y rester trois années dans le noir. Aussi, à raison de trois » rotations « annuelles, ce sont neuf musées totalement différents que le visiteur régulier et curieux pourra découvrir en trois ans. « Une incitation à revenir découvrir un nouveau musée tous les quatre mois «, souligne le conservateur du musée, Ambroise Lassalle, dans le dossier de presse.

Aperçu historique
Construit peu d'années après la naissance de la « littérature en estampes » imaginée en 1835 par Rodolphe Töpffer, le remarquable bâtiment industriel qui abrite le musée de la bande dessinée à Angoulême a été admirablement restauré et réhabilité par Magelis (syndicat mixte du pôle image), avec le soutien de l'Union européenne. C'est d'abord le musée des beaux-arts d'Angoulême qui fournit le musée actuel en planches et dessins originaux (600 au total). Le succès grandissant de la bande dessinée et sa reconnaissance progressive incitent les pouvoirs publics à créer un centre culturel consacré exclusivement à la bande dessinée: le Centre national de la bande dessinée et de l'image ouvre ses portes en 1989. Après vingt années d'existence, alors que le centre est devenu cité internationale de la bande dessinée et de l'image, établissement public de coopération culturelle, le musée de la bande dessinée emménage en juin 2009 dans les chais Magelis, abritant de nouveaux espaces plus grands et plus adaptés aux expositions temporaires, ateliers de médiation, conférences et autres événements.

En chiffres
1 330 m2 de surface d'exposition permanente.
390 m2 de surface d'exposition temporaire.
266 m2 de librairie.
132 m2 de réserve d'arts graphiques où sont conservés planches et dessins originaux
230 m2 pour la réserve périodiques où journaux et revues sont conservés dans des armoires roulantes.
Et 188 m2 équipés également d'armoires roulantes pour la réserve des albums.

 

 

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