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À La Une - conflit

La Syrie replonge dans la guerre, la diplomatie impuissante

"Le cessez-le-feu n'est pas mort", a assuré John Kerry.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, son homologue américain John Kerry et l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Staffan de Mistura lors d'une réunion du groupe international de soutien à la Syrie (GISS), le 20 septembre 2016. AFP / POOL / Kevin Hagen

La Syrie replongeait mardi dans la guerre sous le regard impuissant de la communauté internationale réunie à l'Onu à New York, incapable de mettre fin au conflit qui ravage le pays depuis cinq ans et demi.

Une énième trêve péniblement imposée le 9 septembre par les Etats-Unis et la Russie a fait long feu sur le terrain, même si les dirigeants mondiaux tentaient de se convaincre qu'elle n'était "pas morte", comme l'a affirmé le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a solennellement appelé à "la fin des combats", en ouvrant mardi la grand messe annuelle de l'Assemblée générale. Pour son ultime discours à la tribune des Nations unies, le président américain Barack Obama s'est borné à promettre de "poursuivre le difficile travail de la diplomatie" sur la Syrie. Il quittera le 20 janvier la Maison Blanche en ayant refusé pendant quatre ans toute intervention militaire d'envergure au Moyen-Orient.

Son homologue français François Hollande, qui comptait à l'été 2013 sur des frappes américano-françaises contre le régime du président syrien Bachar el-Assad, avant que M. Obama se ravise, s'est exclamé devant l'Onu "ça suffit!".

 

(Lire aussi : Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul)

 

'Faiblesse totale'
Au même moment, un dirigeant de l'opposition politique syrienne, Riad Hijab, dénonçait à New York "la faiblesse totale" de la communauté internationale face à une guerre qui s'est internationalisée et complexifiée depuis mars 2011. Avec plus de 300.000 morts, des millions de réfugiés, une crise humanitaire au Moyen-Orient et en Europe et une Syrie en partie détruite.

"Le cessez-le-feu n'est pas mort", a pourtant assuré John Kerry à l'issue d'une réunion dans un palace new-yorkais du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant depuis un an 23 pays et organisations internationales impliqués dans le conflit. Mais le GISS n'a fait aucune annonce après une heure de discussions "dans une ambiance dramatique et lourde", selon le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.

M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov devraient toutefois se revoir dans la semaine et une nouvelle réunion du GISS aura lieu probablement vendredi, ont indiqué des diplomates. Malgré la situation dramatique sur le théâtre de guerre, la diplomatie américaine refuse de jeter l'éponge, voulant à tout prix maintenir le dialogue avec Moscou pour trouver une porte de sortie diplomatique.

 

(Lire aussi : Dans Alep-Est assiégé, la dangereuse quête de carburants alternatifs)

 

Raids et barils explosifs
Mais la réunion du GISS a coïncidé avec une reprise des combats, au lendemain de l'annonce par l'armée du régime de Damas que le cessez-le-feu avait pris "fin".

Lundi soir, un raid meurtrier a frappé un convoi d'aide humanitaire près de la ville martyre d'Alep (nord), faisant une vingtaine de morts, selon la Croix Rouge. Cette attaque, la plus meurtrière en Syrie contre un convoi humanitaire depuis 2011, a "scandalisé" les Occidentaux et entraîné la suspension de l'acheminement par camions de l'aide de l'Onu qui avait à peine démarré. Il s'agit "d'un jour très, très sombre pour les humanitaires en Syrie et dans le monde", a tonné à Genève le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu (Ocha), Jens Laerke, en réclamant une "enquête". L'Onu n'a pas dit d'où venaient les avions bombardiers, mais l'opposition syrienne a accusé la Syrie et son allié russe. Damas et Moscou ont nié avec la plus grande force.

Par ailleurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, au moins 27 barils explosifs, l'arme de prédilection du régime de Damas, ont été largués sur Alep mardi matin. Dans la ville et dans la province, au moins 39 civils ont été tués depuis l'annonce de la "fin" du cessez-le-feu, selon l'ONG syrienne.

L'accord américano-russe de Genève signé par MM. Kerry et Lavrov prévoyait une cessation des hostilités pendant sept jours à compter du 12 septembre, de l'aide humanitaire pour le nord de la Syrie et une collaboration militaire entre Washington et Moscou contre les jihadistes via un centre d'échange d'informations et de coordination. Le texte stipulait aussi que l'aviation syrienne serait clouée au sol pour ne plus aller bombarder l'opposition modérée et les populations civiles.

Mais cette fragile entente Washington-Moscou avait été sérieusement mise à mal samedi par une terrible bavure de la coalition militaire internationale conduite par les Etats-Unis: des frappes contre l'armée syrienne avaient tué 90 personnes dans la région de Deir Ez-Zor (est). Une erreur, s'était défendu Washington, qui croyait viser des jihadistes du groupe Etat islamique. Un acte "délibéré", avait répliqué Damas.

 

 

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commentaires (3)

Drame Au delà gesticulations La fin?...Quand il n'y aura ni Syrie, ni Syriens...

Chammas frederico

22 h 42, le 20 septembre 2016

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Commentaires (3)

  • Drame Au delà gesticulations La fin?...Quand il n'y aura ni Syrie, ni Syriens...

    Chammas frederico

    22 h 42, le 20 septembre 2016

  • QUELLE TREVE... DES MENSONGES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 28, le 20 septembre 2016

  • La trêve a-t-elle vraiment jamais commencé, hormis dans l' esprit de ceux qui l' ont imaginé , dans les salons feutrés de leurs chancelleries?

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 47, le 20 septembre 2016

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