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À La Une - Conflit

Baisse significative de la violence en Syrie, mais pas d'aide humanitaire

L'OSDH indique ne pas avoir recensé de morts dans les combats ces 24 dernières heures malgré des violations limitées de la trêve dans les deux camps.

Des enfants syriens jouant à la balançoire, dans le quartier rebelle de Arbine, dans la Ghouta-Est de Damas, le 13 septembre 2016. Photo AFP / AMER ALMOHIBANY

La trêve, présentée comme la "dernière chance" pour sortir la Syrie du chaos, semblait tenir mardi mais l'absence d'aide humanitaire a suscité une vive déception dans les zones assiégées.

L'arrêt des combats est survenu le jour où le nombre de morts a dépassé les 300.000, dont près de 87.000 civils, dans la guerre déclenchée en mars 2011, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Lundi à 19H00 locales (16H00 GMT), une trêve est entrée en vigueur en vertu d'un accord annoncé par la Russie et les Etats-Unis, parrains respectifs du régime et de la rébellion.

L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie s'est félicité d'une "baisse significative de la violence".
"La situation s'est radicalement améliorée", a déclaré à Genève Staffan de Mistura devant des journalistes, mentionnant toutefois des violences isolées.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué ne pas avoir recensé de morts dans les combats ces 24 dernières heures malgré des violations limitées de la trêve dans les deux camps.

L'armée russe a affirmé pour sa part que les forces gouvernementales respectaient le cessez-le-feu mais a accusé les rebelles d'avoir tiré "à 23 reprises". La télévision officielle syrienne a elle fait état de violations mineures.
Le porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires Jens Laerke a affirmé qu'aucun convoi de l'Onu n'était entré en Syrie depuis le début du cessez-le-feu, alors que l'accord prévoit l'acheminement d'une aide humanitaire aux civils assiégés.
M. de Mistura a dit réclamer à ce sujet "des assurances que les conducteurs et les convois ne soient pas touchés".

 

(Lire aussi : L’accord Kerry-Lavrov soulève plus de questions que de réponses)

 

'Nous avons pu dormir'

Pour permettre l'acheminement de l'aide aux quartiers rebelles assiégés dans la ville divisée d'Alep, des militaires russes ont installé un point d'observation mobile sur la route du Castello, qui mène vers la frontière turque d'où doit provenir cette livraison, selon des agences russes.
L'accord américano-russe prévoit la "démilitarisation" de la route du Castello, où se trouvaient encore mardi après-midi des soldats syriens selon une source militaire syrienne.

Les autorités syriennes ont elles averti mardi qu'elles refuseraient l'entrée de toute aide de la Turquie pour les quartiers rebelles d'Alep "sans une coordination avec le gouvernement syrien et l'Onu".

Le secrétaire d'État américain John Kerry, qui a négocié l'accord avec son homologue russe Sergueï Lavrov, a estimé que la trêve pourrait "être la dernière chance de sauver" la Syrie.

Dans de nombreuses villes et localités, notamment celles tenues par les rebelles et qui étaient la cible de bombardements incessants de l'aviation du régime, l'heure était au soulagement.
Les habitants ont veillé dans la rue jusqu'à lundi minuit, profitant du cessez-le-feu pour célébrer la fête musulmane de l'Adha. Et les enfants ont pris d'assaut mardi balançoires et manèges sans craindre que leurs jeux se terminent dans le sang.

Mais ce Aïd n'était pas synonyme, comme avant la guerre, de festin car les étals étaient en grande partie vides, faute de l'acheminement de l'aide humanitaire.
Dans l'ouest d'Alep, une zone contrôlée par le régime souvent visée par les roquettes des rebelles, Habib Badr se réjouit du calme. "Ma maison se trouve près de l'hôpital Ramzi et j'ai l'habitude d'entendre la sirène des ambulances toutes les deux ou trois heures. Mais aujourd'hui rien", dit-il.
Le régime a annoncé le gel de ses opérations militaires "sur le territoire jusqu'au 18 septembre à 21H00 GMT".

 

(Lire aussi : Ahrar al-Cham dit « non » d’emblée à l’accord de cessez-le-feu)

 

Combats régime-jihadistes
Cela n'empêche que le scepticisme prévaut quant au succès de ce nouveau cessez-le-feu, après l'échec de plusieurs tentatives.

Comme lors de la précédente trêve fin février qui avait duré quelques semaines, les groupes jihadistes État islamique (EI) et Front Fateh el-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda), qui contrôlent de vastes régions du pays, sont exclus du nouveau cessez-le-feu.

Des combats ont d'ailleurs opposé dans la province de Hama (centre) les forces du régime au groupe jihadiste Jund al-Aqsa, classé "terroriste" par plusieurs pays, selon l'OSDH.
Si cette cessation des hostilités tient pendant une semaine, elle devrait déboucher sur une collaboration inédite entre Moscou et Washington contre les deux groupes jihadistes.
Mais un responsable du Pentagone a souligné que cela n'impliquerait pas automatiquement le début de la coopération. "Les délais sont courts et la méfiance est grande".
Moscou et Washington cherchent à travers la trêve à favoriser une reprise des négociations entre régime et rebelles pour mettre un terme au conflit.

 

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